Comment les communautés mondiales s’adaptent-elles aux sécheresses, inondations, incendies provoqués par le changement climatique ? Et sur quels financements ? Les chercheurs peinent aujourd’hui à quantifier ces actions d’adaptation ainsi que leur efficacité. Des méthodes commencent à émerger.
C’est la logique qui prévaut depuis la signature de la Convention internationale pour la lutte contre le changement climatique (UNFCCC) à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 : le monde doit d’abord réduire ses gaz à effet de serre qui sont la cause de la hausse des températures avant de traiter les effets qui découlent de la perturbation du climat. Ce bel ordonnancement est aujourd’hui obsolète. Le changement climatique est là. L’été 2022 et son cortège de catastrophes, des vagues de chaleur en Europe aux inondations au Pakistan en passant par les méga-incendies d’Amérique du Nord ont achevé de bousculer la logique.
Il est toujours aussi urgent de sortir de l’utilisation des énergies fossiles mais l’adaptation ne peut plus être considérée comme l’étape suivante. A la COP27, les derniers doutes se sont envolés : les financements permettant aux secteurs économiques et agricoles d’affronter les changements et à la protection des biens et personnes doivent être au moins équivalents à ceux consacrés aux énergies renouvelables.
Depuis 2014, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) publie tous les ans son « adaptation gap report » qui mesure (comme pour les émissions de gaz à effet de serre depuis 2009) le fossé entre ce qui est fait et ce qu’il faudrait faire. Sa dernière édition publiée le 3 novembre 2022 intitulée « Trop peu, trop lentement » résume bien la situation actuelle. L’humanité court après les catastrophes au lieu de les prévenir. « Le problème, c’est que nous manquons de méthode pour savoir où agir et comment, déplore Antoine Gillod, directeur de l’observatoire Climate Chance qui mesure l’action climatique des collectivités locales.
Pour les gaz à effet de serre, nous avons une mesure universelle qui est la molécule de CO2. L’adaptation, c’est une multitude d’actions locales très diverses qui vont de la construction de digues ou d’amélioration de l’habitat aux conversions dans l’agriculture. » Deux exemples. En France, suite à la tempête Xynthia de 2010 qui a affecté les départements de la Vendée et de la Charente-Maritime, l’Etat français a racheté 1176 habitations trop exposées et donc détruites pour 330 millions d’euros. Pour le seul département de la Charente-Maritime, le rehaussement des digues a coûté 350 millions d’euros. Mais c’est de l’adaptation aussi quand les planteurs de café rwandais constatent les effets du changement climatique sur leurs récoltes et étudient les alternatives à cette culture.
Un accès au financement trop difficile pour une multitude de petits projets pourtant pertinents
Le thermomètre du PNUE vaut donc ce qu’il vaut.
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