C’est Al Gore lui-même, ancien vice-président des États-Unis et fervent militant de la cause climatique, qui a présenté lors de la COP27 « Climate Trace », un nouvel outil destiné à traquer les sites les plus émetteurs de CO2.
Climate Trace, c’est avant tout un outil numérique recensant plus de 72 000 sites à travers le monde et évaluant leurs émissions de gaz à effet de serre grâce à des données satellitaires qui sont analysées par des procédés d’intelligence artificielle. Si cet outil a été à l’origine financé par un don de Google, il est géré par un ensemble international de laboratoires publics, d’entreprises et d’ONG. Climate Trace se base ainsi sur des observations réelles, et non pas sur des chiffres fournis par les différentes industries. L’objectif est ainsi d’avoir un aperçu le plus clair possible des sites émettant le plus de gaz à effet de serre, en contournant le biais induit par le greenwashing et les fausses déclarations.
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, s’est d’ailleurs félicité de l’arrivée de ce nouvel outil, dont le site Internet a été lancé ce mercredi 9 novembre. Car dans un souci de transparence, les données recueillies par Climate Trace sont en effet accessibles au grand public, via une carte interactive mondiale. Les données seront mises à jour tous les mois dans un premier temps, puis toutes les semaines.
Via les données de 300 satellites appartenant à la Nasa, à l’ESA, mais aussi au programme chinois Gaofen, ce sont de nombreux secteurs qui sont ainsi surveillés de près : industrie minière, industrie lourde, production d’énergie, agriculture, transport, gestion des déchets… Aux données satellitaires s’ajoutent plus de 11 000 capteurs physiques à terre et en mer, et de multiples bases de données.
Et les mauvais élèves se sont très vite fait remarquer. Sans surprise, les 14 sites les plus polluants en matière d’émission de gaz à effet de serre sont tous liés à l’industrie de l’extraction de gaz ou de pétrole. En première position se trouve le bassin Permien des États-Unis, une vaste région située dans l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique. Ce bassin sédimentaire est depuis longtemps reconnu pour l’importance de ses gisements d’hydrocarbures et est actuellement exploité de manière intensive. En plus des sites américains, la Russie, l’Iran, la Chine, l’Irak, l’Algérie et l’Arabie saoudite sont également présents parmi ces 14 plus gros sites pollueurs. De manière plus générale, parmi les sites les plus pollueurs on trouve principalement des aciéries, des villes, des centrales électriques et des raffineries.
Dans sa présentation à la COP27, Al Gore souligne que ces données, qui incluent les émissions de méthane et celles produites par le torchage des puits de gaz, mettent dès à présent en évidence qu’en ce qui concerne les sites d’extraction d’énergies fossiles, les valeurs réelles sont trois fois plus élevées que les valeurs déclarées.
Antonio Guterres espère quant à lui que Climate Trace serve de « signal d’alarme pour les gouvernements et le secteur financier, en particulier ceux qui continuent à investir et à soutenir la pollution par les énergies fossiles ».
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