Récession : des « mois difficiles » à venir en Europe, prévient Bruxelles

Les pays de l’Union européenne subissent l’inflation et la hausse des prix de l’énergie en raison de la guerre en Ukraine.

« Nous avons des mois difficiles devant nous » : le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, n’a pas fait de mystère vendredi 11 novembre, lors d’une conférence de presse.

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L’Europe va entrer en récession en fin d’année et subir une inflation plus forte que prévu à cause de la flambée des prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine. Le commissaire européen prédit une contraction de l’activité sur le dernier trimestre de cette année et le premier de 2023, et donc une « récession » à la fois pour l’UE, la zone euro et « la plupart des Etats membres ».

En conséquence, la progression du PIB l’an prochain a été fortement revue à la baisse, à seulement 0,3% pour les pays partageant la monnaie unique, contre 1,4% attendu jusqu’ici, même si un retour de la croissance est attendu au printemps. L’Europe est particulièrement touchée par les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine.

Elle « fait partie des économies avancées les plus touchées, en raison de sa proximité géographique avec la zone de guerre et de sa forte dépendance aux importations de gaz en provenance de Russie », a souligné la Commission dans un communiqué.

La reprise enregistrée depuis l’an passé, après la récession historique de 2020, a résisté jusqu’à cet été même si elle s’est ralentie. La zone euro a encore enregistré 0,2% de croissance au troisième trimestre, surprenant les analystes. De quoi relever de 0,5 point la prévision pour 2022 à 3,2%.

Inflation plus forte que prévue

« Mais le choc de la guerre est en train de prendre le dessus, a constaté Paolo Gentiloni. L’inflation continue de dépasser nos prévisions, la forte érosion du pouvoir d’achat a fait chuter la confiance des consommateurs, comme celle des entreprises qui sont confrontées à des coûts de production élevés, des difficultés persistantes d’approvisionnement et un resserrement des conditions de financement ».

Bruxelles a revu en forte hausse sa prévision d’inflation dans la zone euro pour 2023, à 6,1%, contre seulement 4% anticipé jusqu’ici. Elle s’attend toutefois à ce que la hausse des prix commence à reculer après un point haut attendu fin 2022. Sur l’ensemble de l’année 2022, Bruxelles table désormais sur une inflation plus forte que prévu à 8,5%, contre 7,6% précédemment.

« L’incertitude reste exceptionnellement élevée » en raison de la guerre et pourrait conduire à des chiffres encore moins bons, a cependant mis en garde Paolo Gentiloni. Les stocks de gaz apparaissent suffisants pour l’instant, mais l’arrêt quasi total des livraisons russes et la difficulté à compenser ce manque par des importations d’autres pays rendra la reconstitution des stocks plus difficiles pour l’hiver 2023/2024, a-t-il estimé.

Si l’Europe échoue à se préparer correctement, les dégâts économiques pourraient être bien plus importants que prévu, a-t-il admis. Dans un scénario pessimiste, le PIB pourrait ainsi chuter de 0,9% en 2023 et l’inflation s’avérer bien plus persistante.

La France résiste

Les entreprises sont alarmées par les prix de l’énergie bien supérieurs en Europe à ce qu’ils sont aux Etats-Unis ou en Asie. Des usines et des projets d’investissements menacent de déserter l’UE, faisant craindre un décrochage économique. « Ce risque de désindustrialisation existe », a reconnu Paolo Gentiloni. « Mais il ne me conduit pas à des prédictions catastrophiques, car les choix d’implantations industrielles dépendent de nombreux facteurs, pas seulement des prix de l’énergie », a-t-il nuancé.

L’Allemagne, première économie européenne, devrait enregistrer l’an prochain la plus faible performance des pays de l’UE, avec un recul de 0,6% de son PIB, contre une croissance de 0,4% en France, de 1% en Espagne et de 0,3% en Italie. En 2023, l’inflation devrait être la plus faible au Danemark (3,7%). Elle serait en Allemagne nettement supérieure à la moyenne (7,5%) et près de deux fois plus élevée qu’en France (4,4%), selon les prévisions de Bruxelles.

actu.orange

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