L’exercice militaire qui répond au doux nom de « Bouclier du désert ou Desert Shield 2022 » devant réunir mardi prochain des éléments des armées russe et algérienne à quelques kilomètres de la frontière du Maroc (région de Colomb Béchar) semble, à moins qu’il ne dérive vers une « Tempête du désert ou Desert Storm » à priori anodin de par l’esprit qu’il véhicule. Mais cet évènement illustre surtout un degré de coopération militaire entre Alger et Moscou jamais atteint auparavant.
Depuis la première visite de Vladimir Poutine à Alger en 2006, le budget de défense algérien a quasiment triplé et 80 % des équipements militaires importés depuis 2017 viennent de Russie. Dans ce contexte, la rivalité du Maroc, pro-européen et proche des Etats-Unis, et de l’Algérie, alliée historique de la Russie, n’a de cesse de s’accentuer sans qu’il y ait une visibilité où elle peut mener Alger et Rabat.
En effet, cet exercice conjoint russo-algérien d’une douzaine de jours dits de “lutte contre le terrorisme“ devrait mettre en pratique les tactiques antiterroristes des deux armées dans des environnements désertiques et arides. C’est la première fois, que l’Algérie accueille un tel exercice sur “son territoire “. Celui-ci se déroulera sur la base de Hammaguir, dont les accords d’Evian entre la France et l’Algérie avaient prolongé l’existence de cinq ans après l’indépendance afin que l’armée française puisse continuer d’y tester fusées et missiles.
Mais d’un autre côté, ce n’est pas la première fois que le régime sénile des capos d’Alger accueille des “soldats “ russes sur son territoire, puisque d’officieux mercenaires de la “société privée “ Wagner, y sont déjà à l’œuvre, avec pignon sur rue (fechouka). Le groupe est en outre, financé par l’Algérie. Il serait payé, rien que pour s’occuper du Mali à environ 9,15 millions d’euros par mois et le désert algérien lui est tout voué pour mener la guerre qu’il mènerait contre plusieurs groupes islamistes armés qui sévissent dans les vastes régions du Sahel.
Au Maroc, où se sont déroulées les grandioses manœuvres militaires d’Africa Lion l’été dernier, l’heure est à la vigilance, même si le Royaume a obtenu l’assurance de la porte-parole des Affaires étrangères russes, Maria Zakharova, qui soulignait que ces manœuvres conjointes russo-algériennes « ne visaient aucun pays tiers ». Des pays tiers, ils sont peut-être au moins trois dans les environs, mais le plus proche est le Maroc dont les frontières avec l’Algérie ne sont qu’à une cinquantaine de kilomètres.
Ce degré inédit de coopération militaire terrestre entre Alger et Moscou ne date pas de cet évènement. En effet, loin de cette région infestée de djihadistes, dans des milliers de kilomètres de sables et de rocailles incandescentes du Sahara et de la savane aride du Sahel, une année auparavant, en octobre 2021, des manœuvres militaires conjointes dans les froides montagnes du Caucase ont eu lieu. Pour une première fois, appuyés de blindés, de drones et de chasseurs bombardiers, près d’une centaine d’hommes de l’Armée nationale populaire algérienne (ANP) et autant de fusiliers des forces russes se sont entraînés sous le même thème, ensemble, en Ossétie du Nord, forteresse du Kremlin dans le Caucase du Nord.
Ce premier exercice terrestre depuis la guerre d’indépendance algérienne, visait à préparer à combattre de concert des groupes terroristes, comme ceux qui gangrènent le Mali et autres pays sahéliens, voisins de l’Algérie. Bizarrement, il n’est pas question du plus important, celui des camps des séquestrés de Tindouf, le polisario en l’occurrence, qui sévit à l’intérieur même du territoire algérien et qui fournit en armes et en hommes pratiquement tous les groupes terroristes de la région du Sahel.
Du politique algérien, il n’est rien à attendre. Tout est entre les mains de l’ANP. En effet, le président algérien par défaut, tout juste arrivé et au nom imprononçable ne parvient pas à tenir l’establishment militaire à distance de la même manière que son prédécesseur l’avait fait durant son règne. Depuis que “feu “ le général Ahmad Gaïd Salah a violé la constitution algérienne et transféré les services de renseignement aux forces armées, le sénile d’Alger n’a jamais eu les moyens de faire pression sur les chefs militaires. Bien au contraire, il est devenu le pantin des généraux en couches d’Alger.
En Algérie, l’armée serait toujours la première et principale puissance, devant l’homme politique. L’indépendance de l’Algérie donne toujours des revenus et légitimités aux forces armées et ce n’est pas demain la veille que cela devrait cesser au détriment de l’Algérie et de son peuple. Le pouvoir exercé par le commandement militaire algérien est l’un des plus grands obstacles auxquels l’Algérie est confrontée pour passer à un modèle démocratique et sortir du tourbillon des crises sociales économiques.
Les gouvernements militaires ont mis en place un système de financement parallèle dans les zones frontalières où la présidence sénile a peu de pouvoir, afin de profiter de la contrebande et de la petite délinquance qui mine de rien rapporte gros. Dans cette perspective que fuit la société algérienne, il n’est nulle autre alternative que la soumission.
hespress