LA GRIPPE AVIAIRE PERTURBE L’APPROVISIONNEMENT DES OEUFS EN RAYONS

L’épidémie de grippe aviaire qui frappe les élevages a fortement réduit la production d’oeufs ces derniers mois.

Après la moutarde et l’huile, les œufs pourraient à leur tour devenir une denrée rare dans les rayons des supermarchés. En raison du retour de la grippe aviaire qui fait des ravages dans les élevages, le syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf (SNIPO) a alerté fin octobre sur « la situation critique » du marché de l’œuf, « avec un manque global de disponibilités ».

« La filière continue de traverser une crise d’influenza aviaire d’une intensité jamais atteinte. Après une accalmie cet été, la situation se dégrade de nouveau depuis la rentrée, avec de nombreux foyers confirmés en élevages (…) », a témoigné la filière, ajoutant que « les cas s’accélèrent ces derniers jours et laissent craindre une nouvelle flambée dès les prochaines semaines et une aggravation de la baisse de production nationale et européenne. En conséquence: l’offre est largement insuffisante, sans solution pour satisfaire la demande ».

Ces difficultés s’observent déjà dans les rayons œufs des supermarchés, de plus en plus clairsemés. « Il y a déjà eu quelques cas de grippe aviaire dans l’ouest de la France qui représente 60% de la production d’œufs nationale, donc on a perdu de la production. Et puis de nombreux pays en Europe ont aussi été touchés, ce qui fait qu’il n’y a plus d’œufs disponibles sur le marché », s’inquiète Yves-Marie Beaudet, éleveur en Bretagne et président du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO).

La semaine dernière, le niveau de risque de grippe aviaire a été porté par les autorités de « modéré » à « élevé » sur l’ensemble du territoire métropolitain. Ce qui contraint les éleveurs à confiner leurs volailles. « Nous avons mis nos animaux à l’abri pour les protéger, donc on essaye de limiter au maximum l’arrivée de cette maladie », confirme Yves-Marie Beaudet. Depuis le 1er août, plus de 770.000 volailles ont été abattues en France pour endiguer l’épidémie.

Des prix qui flambent
A l’angoisse de voir leur élevage touché par la grippe aviaire s’ajoute pour les producteurs la crainte de ne plus pouvoir faire face à la flambée des coûts. « La guerre en Ukraine et l’inflation généralisée entraînent une explosion de l’ensemble des coûts de production (matière premières, emballages, énergie, transport…) qui atteignent des niveaux records », souligne le SNIPO.

« En 2022, j’ai payé 35.000 euros d’électricité, en 2023 je vais payer 100.000 euros », témoigne également Yves-Marie Beaudet. Ces tensions sur les coûts incitent certains éleveurs à réduire leur production, ce qui « provoquent une forte déstabilisation des chaînes d’approvisionnement » et entraîne « d’importantes ruptures », selon le SNIPO qui n’attend pas de retour à la normale avant mi-2023.

La flambée des coûts se répercute mécaniquement en rayons. Selon l’Insee, le prix des œufs a bondi de 14,8% entre octobre 2021 et octobre 2022. Et « alors que la hausse sidérale des coûts de l’énergie n’a pas encore été répercutée vers l’aval, les prix des œufs sont et resteront à des niveaux très élevés », prévient le SNIPO.

Le syndicat précise malgré tout que « l’œuf reste la protéine animale la moins chère du marché » alors que « deux tiers des Français considèrent les œufs comme un produit anti-crise ». « Dans ce contexte, les ventes d’œufs en magasins sont très dynamiques, progressant de 4,5% en volume sur les trois derniers mois (juillet-août-septembre) par rapport à la même période en 2021 », conclut le SNIPO.

bmftv

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