Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild a traversé l’Atlantique en 6 jours, 19 heures, 47 minutes et signé une course magnifique qu’il a menée de bout en bout malgré la pression exercée par ses adversaires directs François Gabart (SVR-Lazartigue) et Thomas Coville (Sodebo).
C’était sa première édition et il était le favori. Le navigateur Charles Caudrelier, 48 ans, a honoré les pronostics en remportant la 12e édition de la Route du Rhum. De nuit devant une côte guadeloupéenne scintillante, il a finalement bénéficié d’un souffle modeste qui lui a permis d’avancer tranquillement jusqu’à la ligne d’arrivée et de démontrer au monde entier qu’il est désormais possible de traverser l’Atlantique en 6 jours, 19 heures, 47 minutes et 25 secondes, un nouveau record.
Pour ce navigateur fougueux et performant, remporter la Route du Rhum a toujours été un rêve. Ce mercredi dans l’aube antillaise, il le réalise avec brio à bord d’un bateau qu’il restitue en parfait état. Jusqu’à la dernière minute, il a dû faire preuve de prudence car les eaux au large de la Guadeloupe sont piégées par des troncs flottants et des casiers de pêcheurs. Mais à 10h02, heure métropolitaine (5h02 en Guadeloupe) enfin, il a pu remercier son bateau, lever les bras et commencer à souffler.
Duel en Atlantique
Parti parmi la flotte de 138 solitaires mercredi 9 novembre à 14h15 de la pointe du Grouin au large de Cancale, il a aussitôt mené la course à bord de son Maxi Edmond de Rothschild, classe Ultime, un bateau abouti et éprouvé qu’il disait connaître par cœur. Derrière lui, à la barre de SVR-Lazartigue, son principal rival, François Gabart n’a cessé de le talonner faisant de cette traversée de l’Atlantique un duel affolant. La présence, jamais lointaine de Thomas Coville sur Sodebo n’a fait que renforcer la pression sur le leader.
Car durant la traversée ce n’est jamais plus de 30 miles (soit 50 kilomètres, une distance que ces bateaux franchissent en une heure) qui ont séparé les deux navigateurs en tête de course. Caudrelier a toutefois tenu la pression. Tout a été stratégique entre les deux hommes. Et plus la Guadeloupe approchait, plus Caudrelier redoutait l’instabilité des vents qui hantent l’île papillon. Cette nuit, heureusement pour lui, il est parvenu à marquer la distance avec son suiveur.
Manœuvres multiples
A 4h33 heure métropolitaine, il a franchi la Tête à l’Anglais, une petite île située au nord de Basse-Terre. S’en est suivie une succession de phases ventées et déventées qui ont la capacité de mettre les nerfs d’un marin à rude épreuve. Pas moins de trois heures dix lui ont été nécessaires pour aller chercher la bouée de Basse-Terre.
A bord d’un Ultime, les manœuvres sont longues et épuisantes. Un virement de bord sur un tel bateau dure au moins vingt minutes. Selon les estimations, le vainqueur aurait effectué 14 virements et 17 empannages. «Je suis tellement fatigué que je n’arrive pas à trouver le sommeil», confiait le skipper il y a quelques jours. Le soleil se lève sur la Guadeloupe, Charles Caudrelier pourra se reposer. Mais plus tard.
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