Avec le changement climatique, la faim en Afrique va augmenter, prévient l’ONU

En Egypte, des milliers de délégués discutent climat à la COP27. Si rien n’est fait « en urgence », pour le Soudan voisin, comme de nombreux autres pays en voie de développement, inondations, sécheresses et catastrophes naturelles entraîneront « une hausse » de la faim, prévient un responsable onusien.

Pour Zitouni Ould-Dada, directeur adjoint de la division climat et environnement de l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la COP27, la « COP africaine » comme le clament ses organisateurs, doit être l’occasion de revoir le sujet de la sécurité alimentaire du continent.

« Ce n’est pas normal que l’Afrique fasse venir 40% de son blé de Russie et d’Ukraine alors qu’elle est elle-même riche en ressources », dit-il à l’AFP en marge de la COP27 à Charm el-Cheikh. « Il faut une volonté politique pour combattre au niveau mondial la pauvreté et la faim ».

– « Urgence » –

Car, prévient-il, « si des mesures draconiennes ne sont pas prises en urgence, la faim va connaître une hausse parce que le changement climatique ressenti partout est plus pressant encore dans les régions les plus menacées comme le Soudan », affirme le responsable.

Le Soudan, où règne une chaleur étouffante pendant la majeure partie de l’année et où des pluies diluviennes ont de nouveau fait près de 150 morts cet été, est le cinquième pays le plus menacé du monde par le changement climatique, selon le Global Adaptation Index de l’Université américaine Notre Dame.

Et le pays détient un triste record: la guerre civile qui a fait depuis 2003 300.000 morts et plus de deux millions de déplacés au Darfour, dans l’Ouest frontalier du Tchad, a été décrétée par les observateurs le « premier » conflit mondial lié au changement climatique.

Depuis, les conflits tribaux pour le bétail ou l’accès à l’eau et aux pâturages continuent de faire chaque année des centaines de morts: plus de 800 depuis janvier, selon l’ONU, et plus de 260.000 déplacés.

Aujourd’hui, dans le pays déjà étranglé par l’inflation et l’interruption de l’aide internationale après un putsch il y a un an, 15 des 45 millions d’habitants souffrent de la faim, soit 50% de plus qu’en 2021, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Et dans le pays où agriculture et élevage représentent 43% des emplois et 30% du PIB, comme dans beaucoup d’autres pays en développement, les infrastructures sont déliquescentes ou inexistantes et les conflits légions, « les ressources humaines sont énormes mais il faut toujours ramener des capacités de l’extérieur », poursuit M. Ould-Dada.

– « Grande muraille verte » –

Ces capacités, au Soudan, ce sont généralement des fonds. Selon la FAO, par exemple, sur 2.300 familles interrogées récemment dans dix Etats du Soudan, « 84% ont dit avoir besoin d’aide sous trois à six mois: pour 64%, il fallait de l’argent et pour 60%, des semis ».

Souvent, les agriculteurs, pris à la gorge par les dettes, finissent par jeter l’éponge, accélérant de fait la désertification de ce grand pays d’Afrique de l’Est.

Ce phénomène a particulièrement touché ces dernières années l’une des plus précieuses ressources du Soudan: la gomme arabique, la résine d’acacia qui a longtemps été la seule production soudanaise à échapper aux strictes sanctions américaines car elle est une composante essentielle… du Coca-Cola!

Aujourd’hui, elle rapporte si peu que de nombreux agriculteurs préfèrent couper leurs arbres et les vendre pour en faire du charbon.

Récemment, la FAO a signé un accord à 10 millions de dollars avec l’Autorité soudanaise des forêts pour aider les agriculteurs à conserver un revenu.

Mais aussi pour consolider la « Grande muraille verte », le méga-projet censé couvrir d’arbres la bande africaine du Sahel à la Corne de l’Afrique pour tenter de contenir le désert qui ne cesse de gagner du terrain.

AFP

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