Les autorités guatémaltèques ont entrepris de renforcer la protection du « pinabete », un sapin indigène menacé d’extinction et interdit de vente à l’international, mais mis en danger par son utilisation comme « arbre de Noël » par les Guatémaltèques.
Des abattages sauvages alimentent cependant le marché intérieur à l’occasion des fêtes de fin d’année: des trafiquants n’hésitent pas à se rendre dans les forêts d’altitude où pousse le sapin pour ensuite revendre de jeunes arbres ou des branches sur les marchés et dans la rue.
« La tradition, c’est d’avoir un pinabete à la maison » pour Noël, explique à l’AFP Elmer Alvarez, directeur régional de l’Institut national des forêts (INAB).
Mais « lorsque des gens coupent illégalement des branches, des graines en tombent et cela aggrave encore le risque d’extinction » de l’espèce, présente également dans certaines régions du Mexique, du Honduras et du Salvador, relève-t-il.
Un policier participe à une campagne de protection du « pinabete » à la ferme Helvetia à Tecpan, au GuatemalaLes autorités guatémaltèques ont commencé à s’inquiéter dès 1979 des menaces pesant sur l’abies guatemalensis, un arbre de forêt humide d’altitude (2.000 à 4.000 mètres) pouvant atteindre une hauteur de 35 à 40 mètres, voire 50 mètres.
Actuellement, les forêts d’origine de ce sapin couvrent moins de 27.500 hectares au Guatemala, contre plus d’un million d’hectares au milieu du XXe siècle.
Pour tenter de diminuer la pression sur les arbres sauvages, en favorisant la vente légale et réglementée, des autorisations de plantations privées ont été délivrées.
Ainsi, chaque arbre de la ferme Helvetia, qui se consacre à cette culture à Tecpan – à 90 km à l’ouest de la capitale – doit porter, pour être vendu, une étiquette officielle fournie par l’INAB, garantissant son origine légale.
– Un parfum qui fait son malheur –
Connu aussi localement sous les vocables mayas Quiché et Mam comme « Tzin’chaj » ou « Pachac », l’arbre dégage un parfum agréable. Une qualité qui fait son succès au sein des foyers guatémaltèques à Noël, mais aussi son malheur. Comme le marché est illégal dans sa quasi-totalité, aucune statistique ne permet de mesurer exactement l’ampleur du massacre.
Sapins à la ferme Helvetia, à Tecpan, au Guatemala
Pour les revendeurs, il s’agit d’un trafic très lucratif: les branches se vendent entre 20 et 55 dollars, et les prix peuvent même atteindre les 200 dollars, dans un pays où 60% des 17 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté et où le salaire mensuel minimum est d’environ 400 dollars.
Bien sûr, des alternatives artificielles, moins chères, existent bien, mais beaucoup de Guatémaltèques préfèrent toujours l’arbre naturel.
« A la maison, nous avons toujours eu un pinabete en raison de son parfum, c’est le symbole de Noël (…) Nous ne sommes pas passés à un moderne, en plastique, qui est cher, lui aussi », explique à l’AFP Jaime Reyna, un habitant de la capitale.
Décoration de Noël sur un sapin à la ferme Helvetia, à Tecpan, au Guatemala
En prévision des fêtes de Noël, les autorités guatémaltèques ont déjà mis en place des contrôles routiers pour lutter contre le trafic. Camions, voitures et autocars sont fouillés pour débusquer les arbres en contrebande, explique Erick Alvarado, un technicien du Conseil national des zones protégées (Conap).
Les trafiquants encourent des peines de trois à huit ans de prison, outre de lourdes amendes, avertit Gymi Marroquin, un policier des services de protection de la nature (Diprona).
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