Violences sexistes et sexuelles: des défilés dans toute la France samedi contre l' »impunité des agresseurs »

Elles veulent « crier leur colère » face aux dysfonctionnements de la justice et aux discours politiques qui « défendent les agresseurs »: des dizaines de milliers de manifestantes et manifestants sont attendues samedi 19 novembre dans toute la France pour réclamer une « loi cadre » contre les violences sexistes et sexuelles.

Dans les commissariats, les tribunaux ou au sein des partis politiques, « les derniers mois ont prouvé à quel point la parole des victimes de violences de genre était remise en cause », s’insurgent les organisatrices de la mobilisation.

« Ce qui nous met en colère, c’est l’impunité des agresseurs et le mauvais traitement réservé aux victimes » lorsqu’elles déposent plainte, explique à l’AFP Maëlle Noir, membre de #NousToutes qui coordonne l’organisation des défilés.

« On ne cesse de nous répéter que la justice doit faire son travail, mais quel travail? On ne peut pas reprocher à la victime de ne pas porter plainte si elle sait que ça ne mènera nulle part », s’insurge la militante.

Revoir le système judiciaire
Cinq ans après l’émergence du mouvement #MeToo, « les violences sexistes et sexuelles restent massives » et les politiques publiques « pas adaptées à l’enjeu », affirment les organisatrices dans leur appel à manifester, signé par près de 90 associations, syndicats ou partis de gauche.

Les associations féministes se désolent des « classements sans suite et peines dérisoires » décidées par la justice et fustigent les « procès-bâillon » intentés par « des hommes puissants, connus, accusés de viol », qui attaquent en diffamation leurs accusatrices pour les « réduire au silence ».

Pour lutter contre les violences, elles réclament un budget public de deux milliards d’euros par an, mais aussi une « loi-cadre » qui instaurerait notamment des « brigades et juridictions spécialisées », une aide financière pour la « mise en sûreté » des femmes victimes, 15.000 places d’hébergement supplémentaires dédiées, ou encore le renforcement de l’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école.

Responsables politiques accusés de violences mais défendus
À Paris, le cortège partira à 14h de la place de la République et rejoindra celle de la Nation. Des manifestations sont également prévues à Marseille, Nice, Toulouse, Lille, Strasbourg, Rennes, Nancy ou Dijon, notamment.

En 2021, la mobilisation – organisée en amont du 25 novembre, date de la journée mondiale de lutte contre les violences à l’égard des femmes -, avait rassemblé 50.000 personnes à Paris selon les organisateurs, et 18.000 selon la préfecture de police.

Un an après, l’exaspération des organisations féministes est toujours aussi vive, alimentée par le nombre élevé de féminicides – déjà 100 depuis le début de l’année d’après un collectif associatif, contre 122 l’an dernier selon les chiffres officiels -, et par la frilosité du monde politique à écarter certains responsables accusés de violences envers les femmes.

Comme le député LFI Adrien Quatennens, qui a avoué des violences conjugales mais a été défendu par Jean-Luc Mélenchon et dont le parti tente de planifier un retour à l’Assemblée nationale.

Défendre les responsables politiques mis en cause dans de tels cas envoie « un signal d’impunité à toute la société », déplorent les militantes dans leur appel.

« Cri d’indignation qui n’a pas été assez pris au sérieux »
Les faits dénoncés sont pourtant de plus en plus nombreux: entre 2017 et 2021, le nombre de viols ou tentatives de viols enregistrés par le ministère de l’Intérieur a doublé, passant de 16.900 à 34.300.

Les victimes ont davantage tendance à dénoncer des faits anciens, explique le ministère, qui y voit aussi le signe de la « libération de la parole ».

Une expression qui exaspère désormais les associations, car « les femmes ont toujours parlé, mais elles ne sont pas écoutées », pointe Maëlle Noir.

Pour Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, depuis « MeToo » les pouvoirs publics ont « surtout défendu la présomption d’innocence, plutôt que la lutte contre l’impunité, qui s’est empirée depuis cinq ans ».

« Quand on a des forces de l’ordre peu ou mal formées, surchargées, qui prennent les plaintes mais n’ont pas le temps d’enquêter, ça donne des classements sans suite à la pelle », analyse-t-elle. « #MeToo est un cri d’indignation qui n’a pas été assez pris au sérieux. Mais il ne va pas s’arrêter ».

varmatin

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