Chaque mois de novembre, en France depuis 2012, les hommes peuvent participer à un mouvement international lancé en 2003 par la Fondation Movember pour sensibiliser l’opinion publique aux maladies masculines telles que les cancers de la prostate et des testicules, mais aussi à la santé mentale et la prévention du suicide.
MOVEMBER ?
On connaissait la période « Octobre Rose », mois de prévention et de sensibilisation au cancer du sein. Movember est une démarche similaire, qui se déroule pendant tout le mois de novembre et qui est consacrée, à la sensibilisation du grand public à deux types de cancers qui touchent les hommes, le cancer de la prostate (25 % des cancers masculins en France) et des testicules (2 000 nouveaux cas chaque année). C’est aussi une sensibilisation à la santé mentale masculine et au risque de suicide.
Movember est la contraction de « Mo » qui veut dire moustache en Australie et « november », le mois de novembre en français.
Deux Australiens, Travis Garone et Luke Slattery, se lancent un défi en 2003 de trouver 30 hommes prêts à se laisser pousser la moustache à une période où pratiquement plus personne ne la porte. Ils constatent alors que le port de la moustache suscite de nombreuses réactions. Ils ont alors l’idée de créer un site internet en 2004, pour récolter des fonds au profit de la « Prostate Cancer Foundation of Australia ». C’est un succès : à l’époque, c’est le don le plus important que l’association ait jamais connu.
Au fil des ans, ce mouvement devient le symbole de la sensibilisation à la santé masculine en Australie et fini par devenir un phénomène mondial. Il apparait en France en 2012 et connaît depuis un succès toujours grandissant.
EN QUOI CELA CONSISTE-T-IL ?
Dès le 1er novembre, les hommes qui souhaitent participer au Movember (les MO Bros) se rasent complètement à blanc. Ils sont ensuite invités à se laisser pousser la moustache pendant les 30 jours que dure le mois de novembre, le but étant d’avoir une moustache originale, qui fasse réagir son entourage afin qu’elle provoque des interrogations et un échange sur la raison d’une telle démarche pour sensibiliser aux problèmes de santé masculine et aux dépistages des différents cancers qui frappent les hommes.
D’autres moyens sont mis en œuvre pour récolter des fonds, à l’instar du mouvement Octobre Rose. Les fonds récoltés permettent de financer le « Plan d’Action Global », un ensemble de programmes internationaux de recherche médicale sur les cancers de la prostate et des testicules, fondés sur un mode collaboratif entre des chercheurs du monde entier. En 2021, la fondation Movember a ainsi récolté plus de 135 millions d’euros. 1 250 projets sur la santé masculine ont pu être initiés grâce à ce mouvement.
Depuis 2016, les dons versés sur le site fr.movember.com sont déductibles des impôts. Les particuliers bénéficient d’une réduction fiscale à hauteur de 66 % du montant du don et les entreprises à hauteur de 60 %.
Les objectifs du mouvement Movember d’ici 2030 sont les suivants :
- _Réduire la mortalité prématurée des hommes de 25 %
- _Réduire le taux de suicide chez les hommes de 25 %
- _Réduire de moitié le nombre de décès dus aux cancers de la prostate et des testicules
- _Réduire de moitié le nombre d’hommes atteints de ces cancers qui subissent des effets secondaires physiques et psychologiques
LE CANCER DE LA PROSTATE
Un homme sur six développe un cancer de la prostate dans sa vie.
La prostate est une glande située juste en dessous de la vessie. Elle a pour rôle de produire un fluide qui protège et enrichit le sperme. Lorsque certaines cellules prostatiques se reproduisent plus rapidement que la normale, le risque de cancer survient et peut donner lieu à une tumeur. Sans traitement, les cellules cancéreuses peuvent se propager à d’autres parties du corps sous forme de métastases.
Seul un dépistage précoce permet de détecter un début de cancer de la prostate, car il se développe sans que le malade ne ressente, au départ, aucun symptôme. Il existe plusieurs facteurs de risque : l’âge, les antécédents familiaux ou encore l’appartenance ethnique.
Si la plupart des cancers de la prostate sont détectés à l’occasion d’un examen médical, certains changements dans la fonction urinaire ou sexuelle peuvent indiquer la présence de la maladie : un besoin fréquent d’uriner, des difficultés à commencer à uriner ou à se retenir, un flux d’urine faible ou interrompu, une urination douloureuse ou qui brûle, des difficultés à avoir une érection, une éjaculation douloureuse, une présence de sang dans l’urine ou le sperme, une douleur ou une raideur fréquente dans le bas du dos, les hanches, ou le haut des cuisses.
En cas de doute, il est important et urgent de consulter un spécialiste qui effectuera un dépistage par toucher rectal ou par détection d’une protéine dans le sang (dépistage de l’APS). En fonction du résultat de ces tests, une biopsie peut être effectuée, seul moyen de déterminer la présence éventuelle d’un cancer. Se faire dépister rapidement permet de faire partie des 90 % de survie chez les patients atteints.
LE CANCER DES TESTICULES
Un homme sur 39 développe un cancer des testicules dans sa vie.
Elles font partie de l’appareil sexuel de l’homme et sont responsables de la production d’hormones mâles (essentiellement la testostérone) et de sperme.
Le cancer des testicules débute sous forme de grosseur ou de tumeur anormale qui se développe dans l’un des testicules, ou les deux. Plus de 90 % de ces cancers se développent dans les gamètes, qui sont responsables de la production de sperme. Les tumeurs secondaires sont causées par des cellules cancéreuses qui se sont propagées aux testicules depuis d’autres parties du corps (métastases).
Il existe des facteurs de risques, notamment chez les hommes jeunes, de développer ce type de cancer : des antécédents familiaux ou bien des testicules non descendus à la naissance. Cependant, aucune étude n’a démontré qu’il existerait un lien entre le cancer des testicules et des blessures aux testicules, des efforts sportifs, des bains chauds ou le fait de porter des vêtements serrés.
Certains hommes peuvent ressentir des symptômes là où d’autres ne peuvent en ressentir aucun : une protubérance ou une grosseur dans l’un ou l’autre des testicules (généralement indolore), une sensation de lourdeur dans le scrotum, un changement dans la taille et la forme des testicules, des crampes ou des douleurs dans le bas-ventre ou l’aine, une accumulation soudaine de fluide dans le scrotum, une douleur ou une gêne dans un testicule ou dans le scrotum, une augmentation ou une sensibilité du tissu mammaire.
En cas de doute, il est important et urgent de consulter un spécialiste. Pris à temps, le cancer des testicules peut être efficacement traité et potentiellement guéri.
LA SANTÉ MENTALE
Dépression grave ou suicide sont parfois le résultat d’un manque de prise en charge d’un problème de trouble mental qui s’est aggravé avec le temps. Chez les hommes notamment, demander de l’aide pour une affection mentale peut être perçu comme un signe de faiblesse.
De ce fait, selon le mythe des « vrais hommes », et pour échapper à une éventuelle stigmatisation, il est courant qu’ils n’abordent pas de sujets tabous comme l’anxiété et la dépression. Pourtant, sans soutien et empathie de la part de l’entourage, ils continuent de souffrir en silence et les troubles mentaux s’aggravent.
Le grand défi du mouvement Movember, outre la sensibilisation aux problèmes de cancers masculins, est aussi de réussir à encourager les hommes fragilisés à parler ouvertement et en toute confiance de leurs problèmes, voire à consulter un spécialiste.
Les changements de comportement de courte durée sont courants et ne donnent pas lieu de s’alarmer. Mais, si ces changements persistent, il peut s’agir d’un signe de trouble de santé mentale : changement de personnalité, sautes d’humeur, colères excessives, comportement violent, manque d’intérêt pour régler des problèmes mineurs, des passe-temps ou des activités sociales habituelles. Le recours à l’alcool, à des médicaments ou à des drogues peut être un signe, notamment lorsque cela commence à affecter le travail et la vie personnelle.
AGIR
Le mouvement Movember préconise quelques principes pour donner aux hommes l’envie de prendre soin de leur corps et de leur esprit.
L’activité physique reste un des meilleurs moyens pour mettre son organisme et son mental dans les meilleures conditions de lutte contre toute forme de maladie. Il n’y a pas d’activité physique trop intense ou au contraire inutile. Chacun peut, à son rythme et à son niveau, pratiquer une discipline sportive individuelle ou collective : un peu de marche à pied, quelques pompes de temps en temps, un footing à l’heure du déjeuner, une balade à vélo…
Il est des moments dans la vie qui peuvent avoir un impact négatif sur le moral, comme une rupture, la perte d’un emploi ou des problèmes financiers. Le fait d’en parler à quelqu’un de confiance, un proche ou un ami, est déjà une première étape dans la prise en compte et dans la formulation de son mal-être.
Aborder le sujet des antécédents familiaux avec des membres de sa famille est un bon moyen pour obtenir les données les plus fiables sur les maladies qui ont affecté vos proches et mieux mesurer les risques encourus. Cela permet d’être plus attentif à certains symptômes et d’identifier les maladies pour lesquelles il est nécessaire de se faire diagnostiquer régulièrement.
Toutefois, au moindre doute, on peut être tenté de n’en parler à personne, ou d’avoir une certaine appréhension à aller consulter un médecin, car, tout naturellement, on ne souhaite pas entendre des vérités auxquelles on n’a pas envie d’être confronté. Mais inversement, en parler, ou consulter, c’est mettre toutes les chances de son côté pour guérir d’une maladie qui pourrait être fatale ou handicapante.
CONCLUSION
Un cancer, quelle que soit sa forme ou sa localisation, n’est pas un sujet à prendre à la légère et ne doit surtout pas être un sujet tabou. Le système de santé en France est fait de telle manière qu’il facilite l’accès à toute forme de diagnostic. C’est pourquoi, il est important de profiter de mouvements de sensibilisation comme Octobre Rose, Movember ou d’autres, pour aborder le sujet avec vos proches ou vos amis dans le but de susciter, chez eux, l’acte de se faire dépister, ponctuellement en cas de doute, ou plus régulièrement selon l’âge ou les antécédents.
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