Accord sur le projet d’avion de combat européen : l’Élysée salue « un grand pas en avant »

La France, l’Allemagne et l’Espagne sont parvenus à un accord pour le lancement de la prochaine phase de développement du futur avion de combat SCAF (système de combat aérien du futur), le plus grand projet européen de défense au coût estimé à plus de 100 milliards d’euros, a fait savoir Berlin vendredi.

« Un grand pas en avant » pour la France. Les industriels sont enfin parvenus à un accord pour le coûteux et complexe projet d’avion de combat européen, après plus d’un an de tiraillements entre Dassault et Airbus, ont indiqué vendredi 18 novembre des sources concordantes.

« Après des négociations intenses, un accord entre industriels a pu être atteint pour la prochaine phase du programme » de Système de combat aérien du futur (SCAF), a indiqué le ministère allemand de la Défense dans un communiqué diffusé à Berlin.

« L’accord politique sur le SCAF est un grand pas en avant et – surtout dans le contexte international actuel – un signal important de l’excellente coopération entre la France, l’Allemagne et l’Espagne », a réagi la présidence française dans un communiqué, soulignant que « la France assure le rôle de chef de file du projet ».

« Nous pouvons confirmer que les discussions entre l’industrie et les gouvernements sur la prochaine phase du SCAF ont abouti, ce qui représente un grand pas en avant pour ce programme phare de défense européen », a réagi pour sa part l’avionneur européen Airbus.

« Maintenant, un certain nombre d’étapes formelles dans les pays respectifs doivent être franchies afin de permettre une signature rapide du contrat auquel nous devrons nous conformer », a-t-il ajouté.

Lancé en 2017, le Système de combat aérien du futur (SCAF), qui inclut aussi des drones, est censé entrer en service à l’horizon 2040.

Accord Airbus-Dassault

Fin août 2021, les trois pays concernés, la France, l’Allemagne et l’Espagne, avaient signé un accord prévoyant 3,6 milliards d’euros d’études détaillées pour lancer en 2025 la construction d’un démonstrateur en vol.

Mais les contrats n’avaient pas été passés faute d’accord sur le partage des tâches entre le constructeur français Dassault Aviation et son partenaire principal, Airbus.

Airbus et Dassault ne parvenaient pas à s’entendre sur la répartition des tâches sur le pilier 1 – l’avion de combat proprement dit – dernier des neufs piliers du programme sur lequel achoppaient les discussions entre industriels. Mais Airbus avait manifesté lundi son optimisme quant à un accord avant la fin de l’année avec Dassault.

Cet accord indispensable à la poursuite du programme intervient alors que la Première ministre française Élisabeth Borne est attendue le 25 novembre en Allemagne, où elle rencontrera le chancelier Olaf Scholz.

Cette visite sera l’occasion pour Paris de remettre de l’huile dans les rouages du moteur franco-allemand qui s’était grippé sur les questions énergétiques et de défense.

Le programme SCAF est un « système de systèmes » qui s’articule autour de l’avion avec des drones accompagnateurs, le tout connecté, via un « cloud de combat », avec les autres moyens militaires engagés dans une opération.

Le concurrent britannique, Tempest 

Il est censé remplacer en 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols. Le coût total du programme – quelque 100 milliards d’euros évoqués – est tel qu’il n’est pas envisageable de le mener à l’échelle nationale, mais européenne, ont souligné ses promoteurs.

Mais la coopération franco-allemande dans le domaine de la défense a peiné à se concrétiser sur plusieurs projets, outre le SCAF : le programme de nouveau char de combat dit MGCS, censé entrer en service vers 2035, reste embourbé dans les rivalités entre le franco-allemand KNDS – regroupant l’allemand KMW et le français Nexter – et l’allemand Rheinmetall.

En annonçant fin février une enveloppe de 100 milliards d’euros pour la défense, Olaf Scholz avait rappelé que le SCAF et le MGCS constituaient une « priorité absolue » et ce, malgré l’achat récent d’avions américains F-35, qui serviront principalement à Berlin pour transporter les missiles nucléaires américains dans le cadre des opérations de dissuasion de l’Otan.

D’autres projets franco-allemands de défense ont connu des hoquets, voire été de facto abandonnés, dont la modernisation des hélicoptères Tigre, un missile et un système d’artillerie, au moment où l’invasion de l’Ukraine par la Russie pose avec acuité la question d’un renforcement des capacités de défense européennes.

En revanche, après là aussi un gros retard à l’allumage, le programme Eurodrone a été notifié au début de l’année à Airbus, son chef de file industriel.

Concurrent du SCAF, le programme Tempest porté par la Grande-Bretagne – l’Italie et la Suède sont également partenaires – a franchi un jalon en juillet dernier quand il a été annoncé qu’un pré-prototype volerait « dans les cinq prochaines années ».

AFP

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