Cet été, la chaleur a coûté la vie à plus de 10 000 personnes

Les épisodes de fortes chaleurs de cet été exceptionnel ont eu un impact lourd en termes de santé : Santé Publique France recense 10 420 décès en excès, dont 2 816 pour les périodes de canicule. L’Agence appelle à prendre des mesures d’adaptation pour faire face au changement climatique.

La chaleur tue. L’été 2022 l’a à nouveau rappelé. Les températures élevées ont entraîné une surmortalité de 10 420 décès, sur la période allant du 30 mai au 18 septembre, selon Santé Publique France. Soit 6% de plus que ce qui est attendu en période normale (estimation calculée sur les cinq années écoulées).

Début septembre, l’Insee estimait de son côté à 11 000 le nombre de personnes supplémentaires mortes entre le 1er juin et le 22 août, par rapport à 2019. Des chiffres dans la moyenne européenne.

2 816 morts pendant la canicule

Si on se concentre uniquement sur les trois épisodes de canicule stricto sensu (seuils d’alerte dépassés sur au moins trois jours et trois nuits), 2 816 personnes supplémentaires ont perdu la vie, soit une surmortalité de +16,7% par rapport à l’attendu (calculé sur les cinq années précédentes).

Les plus de 75 ans paient le plus lourd tribut : 2 272 décès sur les 2 816 enregistrés.

En 2003, la canicule avait entraîné 15 000 morts supplémentaires. Les chiffres sont difficiles à comparer, nuance cependant Santé Publique France, en raison des dispositifs de prévention mis en place depuis cet épisode, et de la durée exceptionnelle de la canicule à l’époque (trois semaines d’affilée).

Quatre régions plus touchées

Quatre régions cumulent près des deux tiers de l’excès national lié à la canicule : Auvergne-Rhône-Alpes (+ 473 décès), Nouvelle Aquitaine (+ 436 décès), Occitanie (+ 509 décès) et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (+ 316 décès). Ces régions ont été les plus touchées par les canicules, de manière plus intense dans le Sud-Ouest et de manière répétée et durable dans le Sud-Est.

Deuxième été le plus chaud depuis 1900

L’été 2022 restera dans les annales comme le deuxième le plus chaud depuis 1900, avec trois épisodes intenses de canicule, qui ont touché 78% de la population. Et des températures élevées en continu tout au long de la période estivale.

Avec un impact sanitaire important, sous le double effet des fortes chaleurs et d’un niveau encore élevé de l’épidémie de Covid-19. Ces deux phénomènes concomitants ont fragilisé la population, et conduit à une explosion des recours aux soins.

Hausse des passages aux urgences

Plus de 20 000 recours aux soins (passages aux urgences, consultations SOS Médecins) ont été recensés durant tout l’été. Parmi eux, 17 000 passages aux urgences, dont 10 000 hospitalisations.

Si les plus âgés représentent quasiment l’ensemble des décès, et sont majoritaires dans la prise en charge à l’hôpital, l’ensemble de la population a été touchée, toutes tranches d’âges confondues, par les conséquences des fortes chaleurs.

« Plus de la moitié (51 %) des passages aux urgences et 29% des consultations SOS Médecins ont concerné les personnes de 75 ans et plus. Ces recours aux soins ont été multipliés par 2 aux urgences et par 3 pour les consultations SOS Médecins durant les périodes de canicules, par rapport aux périodes hors canicules », précise Santé Publique France.

Sept accidents du travail liés à la chaleur ?

Par ailleurs, pendant la période de surveillance, sept fiches d’accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur ont été notifiées par la Direction générale du travail à Santé publique France. Il s’agit d’hommes âgés de 39 à 54 ans, l’âge médian étant 44 ans.

Ces accidents du travail mortels sont survenus principalement dans le cadre d’une activité professionnelle conduite à l’extérieur, dont 3 dans le secteur de la construction.  

Depuis 2015, des canicules très étendues et atypiques, en termes d’intensité, de période et de zone de survenue, se traduisent toutes par une mortalité en excès conséquente, alerte Santé Publique France.

« La chaleur est dangereuse pour la santé. Il est nécessaire d’amplifier et d’accélérer la mise en œuvre des mesures d’adaptation au changement climatique », plaide Sébastien Denys, directeur Santé environnement travail à Santé Publique France.

estrepublicain

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