L’ONU a dénoncé mardi le «durcissement» de la réponse iranienne aux manifestations et réclamé aux autorités d’imposer un moratoire immédiat sur la peine de mort.
«Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, déclare que le nombre croissant de décès dus aux manifestations en Iran, dont ceux de deux enfants ce week-end, et le durcissement de la réponse des forces de sécurité soulignent la situation critique dans le pays», a dit son porte-parole Jeremy Laurence, lors d’un point de presse régulier à Genève.
«Nous demandons instamment aux autorités de répondre aux demandes de la population en matière d’égalité, de dignité et de droits, au lieu d’utiliser une force inutile ou disproportionnée pour réprimer les manifestations», a-t-il ajouté.
Il a souligné que «l’absence d’obligation de rendre des comptes concernant les violations flagrantes des droits de l’homme en Iran persiste et contribue aux griefs croissants».
Ces manifestations ont été déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans, après son arrestation pour avoir enfreint les règles vestimentaires très strictes, inspirées par la charia, qui s’appliquent aux femmes dans le pays.
Depuis le début des manifestations, plus de 300 personnes ont été tuées, dont plus de 40 enfants, selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, a fait état d’un bilan plus élevé, avec au moins 378 personnes, dont 47 enfants, tuées au cours de la répression des manifestations.
Refus de remettre les corps
Selon le Haut-Commissariat, deux garçons de 16 ans figurent parmi les six personnes tuées au cours du week-end.
Au total, «des manifestants ont été tués dans 25 des 31 provinces iraniennes, dont plus de 100 au Sistan-Baloutchistan», a indiqué le porte-parole onusien, tout en soulignant que les autorités iraniennes ont également indiqué qu’un certain nombre de membres des forces de sécurité ont été tués depuis le début des manifestations.
Des milliers de personnes ont été arrêtées dans tout le pays pour avoir participé à des manifestations pacifiques, selon l’ONU.
Le Haut-Commissariat appelle à libérer «toutes les personnes détenues en relation avec l’exercice de leurs droits, y compris le droit de réunion pacifique, et à abandonner les charges retenues contre elles» et appelle également l’Iran à «imposer immédiatement» un moratoire sur la peine de mort».
Le Haut-Commissariat est particulièrement inquiet face au durcissement de la répression dans les villes kurdes, a indiqué M. Laurence.
«Des sources ont indiqué que plus de 40 personnes ont été tuées dans des villes principalement kurdes au cours de la semaine dernière. Un nombre important de forces de sécurité a également été déployé ces derniers jours», a-t-il indiqué.
Et «cette nuit, nous avons reçu des informations selon lesquelles les forces de sécurité ont répondu avec force aux manifestations dans plusieurs villes principalement kurdes, notamment Javanrud et Saqqez».
L’ONU juge par ailleurs «particulièrement préoccupant» le refus des autorités iraniennes de remettre les corps des personnes tuées à leurs familles, «de même que le fait qu’elles subordonnent la remise des corps à la condition que les familles ne parlent pas aux médias ou acceptent de donner une fausse version de la cause du décès».
LESOLEIL