Peaux à moustiques : pourquoi vous vous faites tout le temps piquer

Ces insectes reconnaissent l’odeur des humains grâce à leur très bon odorat, mais on n’avait pas encore identifié ce qui, exactement, leur plaisait dans les molécules qui composent notre fragrance. On a désormais un début de réponse.

Il n’y a pas que les humains qui sont friands de gras, les moustiques aussi ! Mais leur faible n’est pourtant ni le bacon, ni les frites, mais des acides gras qui recouvrent notre peau. Selon une étude publiée le 18 octobre 2022 dans le journal Cell, ce sont ces molécules qui conditionnent en partie qui d’entre nous seront laissés tranquilles par ces insectes pendant que d’autres se feront dévorer à leurs côtés.

Certains individus sont cent fois plus attractifs pour les moustiques que d’autres
“Il y a une association très, très forte entre avoir de grandes quantités de ces acides gras sur la peau et être un aimant à moustiques”, résume Leslie Vosshall, spécialiste en neurogénétique et comportement à l’Université Rockefeller (États-Unis) et autrice de l’étude, dans un communiqué. Elle et son équipe sont arrivées à cette conclusion après avoir testé l’attirance des moustiques pour l’odeur corporelle d’une soixantaine de participants. Dans cette perspective, ces personnes ont porté des bas en nylon sur leurs avant-bras afin de capturer les molécules sur la peau susceptibles d’influencer l’odeur corporelle, six heures par jour en plusieurs occasions durant trois ans. Ensuite, des moustiques Aedes Aegypti (vecteurs de maladies comme la fièvre jaune et la dengue) devaient choisir entre les bas de deux participants en fonction de leur odeur.

Les moustiques répondaient très différemment à l’odeur de chaque participant, le plus attrayant d’entre eux étant choisi 4 fois plus fréquemment que le deuxième de cette liste et 100 fois plus que le participant le moins désirable pour les insectes. Les chercheurs ont ensuite analysé la composition moléculaire que chaque individu avait laissée sur son bout de nylon, mettant en évidence que les plus attractifs pour les moustiques étaient ceux avec la plus grande quantité de certains acides gras. En revanche, la surface de la peau des individus les moins attrayants n’avait aucune molécule hautement produite pouvant expliquer un quelconque rejet des moustiques. Ces personnes seraient donc moins attractives pour les insectes, non pas parce qu’elles les repoussent, mais simplement parce que leur odeur est moins captivante.

Une panoplie de composés sont en jeu dans cette attirance
Cependant, l’attirance des moustiques ne dépend pas uniquement de la présence de ces acides gras. Les chercheurs ont testé cela en générant des moustiques mutants qui ne produisent pas les récepteurs olfactifs nécessaires pour détecter ces molécules. L’attrait des personnes avec une grande quantité de ces acides gras était en effet moindre chez ces mutants, mais ils étaient pourtant encore plus attirés par eux que par les autres individus.

Car ces acides gras ne sont pas les seuls responsables de l’appétence que les moustiques ont pour les humains (certains plus que d’autres). D’autres études avaient déjà identifié plusieurs molécules composant l’odeur humaine qui attiraient les moustiques, telles que le CO2 que nous expirons ou la sulcatone. Plus récemment, d’autres molécules alléchantes ont été ajoutées à la liste, comme l’acide lactique ou l’acide cétoglutarique, selon une étude publiée le 21 septembre 2022 dans Scientific Reports.

En effet, les moustiques ont un système olfactif très complexe qui parvient à détecter un grand nombre de molécules produites par les humains. Cela leur donne toute une panoplie de plan de secours pour s’assurer de trouver sa proie et pouvoir ainsi survivre et se reproduire. Donc les aimants à moustiques continueront à avoir du mal à se cacher de ces vampires de l’été. Mais une arme potentielle pourrait changer la donne, le microbiote.

Le microbiote pourrait nous servir de cachette
Ces acides gras, comme une grande partie des composants de notre odeur corporelle, sont produits en partie par les microbes qui vivent sur notre peau. Ces bactéries se nourrissent du sébum produit par nos glandes sébacées, une pellicule grasse qui protège notre peau. La façon comme ce sébum est décomposé dépend des bactéries sur notre épiderme, et donc la composition résultante varie d’un individu à un autre en fonction de leur microbiote. Les chercheurs proposent que l’on pourrait utiliser ceci pour cacher les aimants à moustiques, par exemple en transférant sur leur peau le microbiote de quelqu’un de peu attractif pour ces insectes. Mais pour le moment, il s’agit uniquement d’une hypothèse qui doit encore être vérifiée.

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