Le manque d’amoxicilline, l’un des antibiotiques les plus utilisés chez les enfants, risque de déboucher d’ici quelques jours sur une crise majeure de santé publique, encore pire que la bronchiolite, ont estimé mardi les principales organisations de pédiatres et infectiologues.
« Toutes les conditions sont réunies pour une crise majeure de santé publique en pédiatrie (d’ici à) quelques jours », ont prévenu dans un communiqué commun ces organisations, qui comprennent notamment la Société française de pédiatrie (SFP) et la Société de pathologie infectieuse de langue française.
Selon eux, cette crise pourrait être encore pire que l’épidémie de bronchiolite, qui s’avère cette année particulièrement violente et met déjà le système de santé à rude épreuve.
Le risque pourrait être supérieur « en termes de morbi-mortalité ». Autrement dit, le manque d’antibiotiques pourrait avoir des conséquences meurtrières chez certains enfants.
Les autorités sanitaires ont pris acte la semaine dernière de « fortes tensions d’approvisionnement » sur l’amoxicilline, de très loin l’antibiotique le plus prescrit aux enfants. Il est destiné à lutter contre une série d’infections bactériennes comme certaines otites et pneumonie.
Pour l’heure, c’est sous sa forme de sirop, principalement utilisée chez les enfants, que l’amoxicilline manque. Mais les médecins redoutent que la pénurie déborde sur l’ensemble de ces antibiotiques.
Un bébé hospitalisé à l’hôpital Robert Debré à Paris le 28 octobre 2022
« Les stocks des alternatives aux formes pédiatriques d’amoxicilline ne permettront pas de tenir au-delà de quelques semaines », notent-ils.
Par ricochet, les formes « adultes » de cet antibiotiques pourraient donc à leur tour se mettre à manquer. A plus long terme, les médecins redoutent même une pénurie des médicaments « de recours », proposés comme second choix quand l’amoxicilline manque.
Ils jugent insuffisantes les mesures prises par les autorités, qui ont notamment limité la quantité d’amoxicilline que les pharmaciens peuvent distribuer à chaque patient.
Il faut, selon eux, envisager une « restriction drastique » de la prescription de cet antibiotique, si besoin en imposant directement des contraintes aux médecins. Ils appellent aussi à ce que le diagnostic précis soit donné sur les ordonnances.
Les antibiotiques, qui n’ont par exemple aucun intérêt contre la bronchiolite, tendent à être prescrits bien trop largement, et les autorités ont d’ores et déjà demandé aux médecins de faire montre de discernement.
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