La Chine a répertorié 31 444 cas de Covid-19 mercredi, un nouveau record alors que les autorités qui s’efforcent d’endiguer la propagation du virus en procédant à des tests de masse, des restrictions de voyage et des confinements, comme à Zhengzhou. Une stratégie qui provoque la lassitude et le ressentiment de la population.
Le nombre quotidien de cas de Covid-19 a atteint un nouveau record en Chine, ont annoncé jeudi 24 novembre les autorités qui multiplient les confinements stricts, les tests de masse et les restrictions de voyage, au risque d’épuiser la population, dont la colère gronde.
La Chine a répertorié 31 444 nouveaux cas locaux mercredi, dont 27 517 sont asymptomatiques, a indiqué le ministère de la Santé. Ces nouveaux chiffres sont supérieurs aux 29 317 infections locales enregistrées à la mi-avril, lorsque Shanghai – la troisième ville la plus peuplée du monde – était sous confinement et que ses habitants avaient du mal à acheter de la nourriture et à accéder aux soins médicaux.
Ces chiffres apparaissent relativement faibles au regard de la vaste population chinoise, qui compte plus de 1,4 milliard d’habitants, et des records observés dans les pays occidentaux au plus fort de la pandémie.
Zhengzhou confinée
Mais dans le cadre de la stricte politique de « zéro Covid » que Pékin applique inlassablement, la moindre hausse des cas conduit à fermer des villes entières et à placer les contacts des patients infectés en stricte quarantaine.
Zhengzhou, ville du centre de la Chine qui héberge une immense usine d’iPhone, a justement ordonné le confinement de plusieurs quartiers. Les habitants du centre-ville ne sont plus autorisés à quitter la zone sans un test Covid négatif et l’autorisation des autorités locales, et il leur est conseillé de ne pas quitter leur domicile « sauf si nécessaire », ont annoncé les autorités municipales.
Ces restrictions, qui dureront cinq jours à partir de vendredi minuit, concernent plus de 6 millions de personnes, soit environ la moitié de la population de la ville. L’avis des autorités, publié mercredi en fin de journée, exige également que tous les habitants de huit districts se soumettent à un test PCR quotidien pendant cette période de cinq jours.
Cette stratégie implacable provoque la lassitude et le ressentiment de pans entiers de la population, alors que la pandémie, détectée fin 2019 en Chine, approche de sa troisième année. La Chine est la seule grande économie au monde à continuer à imposer de telles restrictions, suscitant des protestations sporadiques.
L’ordre annoncé par la ville de Zhengzhou survient après de violentes protestations dans le vaste complexe d’usines d’iPhone de la ville en début de semaine. Le groupe taïwanais Foxconn a d’ailleurs présenté jeudi ses excuses concernant les salaires dans son usine. « Notre équipe a examiné la question et a découvert qu’une erreur technique s’était produite », indique un communiqué. « Nous nous excusons pour une erreur de saisie dans le système informatique et garantissons que la rémunération réelle est la même que celle convenue », a ajouté le groupe.
Plusieurs grandes villes, dont Pékin, Shanghai, Canton et Chongqing, ont également renforcé les restrictions sur les cas positifs. Le centre manufacturier de Canton, dans le sud du pays, où près d’un tiers des cas de Covid ont été découverts, a construit des milliers de chambres d’hôpital temporaires pour accueillir les patients.
« Lent, coûteux et cahoteux »
Pékin, qui connaît ces derniers jours une flambée épidémique, des dizaines d’immeubles résidentiels ont été confinés et les entreprises généralisent le télétravail.
La capitale exige un résultat négatif au test PCR de 48 heures pour pouvoir entrer dans les lieux publics tels que les centres commerciaux, les hôtels et les bâtiments gouvernementaux, a indiqué le gouvernement de la ville.
Écoles, restaurants et commerces à nouveau fermés, peur d’être placé en quarantaine : une grande partie des habitants de Pékin sont désormais épuisés mentalement par ces restrictions, souvent vagues et changeantes, dont la durée n’est jamais annoncée à l’avance.
La capitale a annoncé mercredi près de 1 500 nouveaux cas positifs (l’immense majorité asymptomatiques) pour 22 millions d’habitants, un niveau qui reste très faible selon les critères internationaux.
La réaction des autorités chinoises paraît disproportionnée comparée à celle de nombreux autres pays du monde, qui ont appris à vivre avec le virus. Mais la Chine n’a pas encore approuvé l’utilisation publique de vaccins à ARNm plus efficaces, et seuls 85 % des adultes de plus de 60 ans avaient reçu deux doses de vaccins nationaux à la mi-août, selon les autorités sanitaires chinoises.
Et Shijiazhuang, une commune voisine de Pékin qui était considérée comme une ville pilote pour tester les stratégies de réouverture, est revenue sur la plupart de ses mesures d’assouplissement cette semaine.
« Le chemin vers la réouverture pourrait être lent, coûteux et cahoteux », a déclaré Ting Lu, économiste en chef pour la Chine chez Nomura, dans une note. « Les fermetures complètes de type Shanghai pourraient être évitées, mais elles pourraient être remplacées par des fermetures partielles plus fréquentes dans un nombre croissant de villes en raison de la montée en flèche du nombre de cas de Covid. »
AFP