Algérie : le budget de l’armée explose, à 23 milliards de dollars

Voté par l’Assemblée, le budget du ministère de la Défense pour 2023 atteint le niveau record de 23 milliards de dollars. Au cours des dix dernières années, pas moins de 103 milliards de dollars ont été alloués à l’armée algérienne.

C’est une première dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Approuvé mardi 22 novembre par les députés de l’Assemblée nationale, dans le cadre du vote de la loi de finances, le budget du ministère de la Défense a été porté à plus de 23,02 milliards de dollars pour l’année 2023, contre 9,3 milliards de dollars en 2022. Le texte devra encore être soumis au vote du Conseil de la Nation (Sénat) avant d’être signé par le président de la République au plus tard le 31 décembre.

Droit de réserve
Compte tenu du caractère sensible du budget de l’institution militaire, aucune précision n’a été fournie aux parlementaires sur la façon dont les dépenses militaires seraient réparties pour l’année à venir. En septembre dernier, le chef de l’État a indiqué que les questions liées à la Défense nationale et aux secrets d’État concernant la politique étrangère sont des domaines soumis au droit de réserve et qu’elles ne peuvent pas faire l’objet d’audition des membres du gouvernement par les parlementaires.

Une certitude toutefois : entre 2013 et 2023, le budget alloué au ministère de la Défense atteint un total de 103 milliards de dollars, selon les répartitions budgétaires annuelles publiées au Journal officiel.

La hausse vertigineuse de l’enveloppe attribuée au ministère de la Défense intervient dans un contexte de fortes tensions avec le Maroc, avec lequel l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques en août 2021 en raison de profonds désaccords sur les questions du Sahara occidental et de la normalisation diplomatique, assortie d’un rapprochement sur le plan sécuritaire, entre Rabat et Israël.

Interrogations internationales
L’importance du montant voté par les députés risque aussi d’alimenter les interrogations des capitales étrangères, dans un contexte international de guerre en Ukraine qui a déjà amené certains pays à s’inquiéter de l’étroit partenariat militaire existant entre l’Algérie et la Russie. En septembre dernier, ce sont d’abord 27 sénateurs américains qui ont réclamé des sanctions contre les autorités algériennes au motif qu’Alger a signé en 2021 un contrat de 7 milliards de dollars avec Moscou pour l’achat d’équipements militaires.

Plus récemment, le 16 novembre, 17 eurodéputés ont à leur tour adressé une lettre à présidente de la Commission européenne, afin de demander la révision de l’Accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005. Les parlementaires européens y reprenaient le même argument du supposé contrat de 7 milliards de dollars et s’alarmaient du soutien politique, logistique et financier que l’Algérie apporte, à leurs yeux, à la Russie de Vladimir Poutine.

JEUNEAFRIQUE

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