Le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition du Venezuela ont signé, samedi, à Mexico, « un second accord partiel en matière de protection sociale » au terme de négociations suivies de près par les États-Unis, la France, l’Espagne, la Norvège, le Mexique et la Colombie.
Les représentants du président Nicolas Maduro et de l’opposition ont signé cet accord aux termes de négociations qui représentent « un espoir pour toute l’Amérique latine » et « le triomphe de la politique », a salué le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.
Se reanudó el diálogo sobre Venezuela y se firmó Segundo Acuerdo entre gobierno y oposiciones de ese país hermano. Es un triunfo de la política y mérito a reconocer de los participantes. México es su casa. Felicitaciones !! Buenas noticias para el pueblo venezolano. pic.twitter.com/lstOJHLhLB
— Marcelo Ebrard C. (@m_ebrard) November 26, 2022
Peu après, les États-Unis ont applaudi l’accord, « une étape importante dans la bonne direction », selon un haut responsable américain. « Nous nous associons à la communauté internationale qui salue la reprise des négociations », a indiqué ce haut responsable ayant requis l’anonymat.
Washington autorise Chevron à reprendre ses activités vénézuéliennes
L’accord devrait permettre de nouveaux allègements des sanctions américaines envers le régime de Caracas. Washington a pris un autre pas dans ce sens peu après l’annonce de l’accord, le département du Trésor autorisant le géant pétrolier Chevron à reprendre partiellement ses activités d’extraction de pétrole dans le pays. Cela avec sa co-entreprise détenue dans ce pays et en partenariat avec l’entreprise publique Petroleos de Venezuela (PdVSA). Chevron doit cependant s’assurer que « PdVSA ne reçoive aucun revenu des ventes de pétrole réalisées par Chevron ».
En mai, Washington avait déjà permis à Chevron de « négocier les termes de potentielles futures activités au Venezuela », ce qui représentait une première entorse à l’embargo sur le pétrole vénézuélien imposé par Washington en 2019 dans l’espoir d’évincer Nicolas Maduro et son régime socialiste.
Suspendues depuis 15 mois, les négociations ont repris après l’intervention de la Colombie et des États-Unis. Le secrétaire d’État adjoint chargé de l’hémisphère ouest, Brian Nichols, avait souhaité que le pouvoir et l’opposition s’entendent pour remédier aux « défis humanitaires » et garantir des « élections libres et justes ».
Le président français, Emmanuel Macron, qui s’est également impliqué dans la reprise des pourparlers, a salué une « excellente nouvelle », offrant son soutien pour obtenir des « résultats concrets ».
La reprise du dialogue a été annoncée par le président de gauche colombien Gustavo Petro, qui a renoué avec Caracas après son arrivée au pouvoir cette année. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a également proposé que Madrid joue un rôle « si les Vénézuéliens le souhaitent ».
D’autres sanctions « restent en place »
Le Venezuela est confronté à des sanctions américano-européennes, dont un embargo pétrolier de Washington, initialement afin de pousser le président Nicolas Maduro au départ du pouvoir, aggravant du même coup la crise économique qui touche le Venezuela sans que les résultats escomptés soient obtenus sur le plan politique.
Sept millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays en raison de la crise politique et économique, notamment depuis la mort de Hugo Chavez en 2013.
Les discussions ont repris depuis mai, avec un assouplissement de certaines sanctions américaines, notamment comme conséquence de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et ses effets sur les prix du pétrole, qui ont conduit les États-Unis à réétudier leur position vis-à-vis de Caracas.
Un haut responsable de l’administration américaine a en revanche précisé que l’ensemble des autres sanctions « restent en place et les États-Unis continuent de les appliquer vigoureusement et de rendre comptable toute personne qui violerait la loi américaine, serait engagée dans la corruption ou le non-respect de l’État de droit au Venezuela ».
Le gouvernement américain a admis publiquement que les hydrocarbures vénézuéliens pouvaient être utiles sur le marché international. Les États-Unis cherchent des nouvelles ressources d’hydrocarbures pour compenser la perte du brut russe à la suite des sanctions en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Venezuela disposerait des réserves pétrolières parmi les plus importantes du monde, d’après des experts.
Pas de consensus sur les élections de 2024
Au Venezuela, le président Maduro exige la levée des sanctions économiques. Pour sa part, l’opposition vénézuélienne réclame des solutions à la « crise humanitaire », « le respect des droits humains » et des garanties pour des « élections libres et observables », a souligné, jeudi, dans un communiqué la Plateforme unitaire.
Il n’y a pas de consensus sur ces élections qui devraient avoir lieu en 2024, d’après une source proche du dossier consultée jeudi par l’AFP. L’opposition accuse Nicolas Maduro d’avoir été réélu en 2018 de manière frauduleuse.
La pauvreté touche huit personnes sur dix au Venezuela, d’après l’enquête nationale Encovi sur les conditions de vie publiée au début du mois.
Le dialogue s’était ouvert en août 2021 à Mexico, après des tentatives qui ont tourné court en 2018 et 2019. Nicolas Maduro a suspendu les pourparlers deux mois plus tard, après l’extradition aux États-Unis d’Alex Saab, un homme d’affaires vénézuélien proche du pouvoir poursuivi pour blanchiment de capitaux.
AFP