[Art] Un livre retrace le Montparnasse de la grande époque

Il y a 100 ans, ce quartier de Paris devenait le point d’attraction universel des artistes. Une concentration de talents qui se retrouvent dans un beau livre.

La fin 1922, c’est l’apogée peut-être de ce qu’on appellera «l’École de Paris» et la consécration d’un des grands peintres qui ont fait la légende de ce quartier, le Japonais Léonard Foujita. Son tableau, Nu couché à la toile de Jouy, qui représente le modèle Kiki de Montparnasse, dans une pose rappelant l’Olympia d’Édouard Manet, triomphe au Salon d’automne, soit ce qui reste de l’ancien monde de l’art académique.

C’est l’une des nombreuses œuvres rassemblées dans Montparnasse : quand Paris éclairait le monde, paru début novembre et signé Mathyeu Le Bal, fondateur de la galerie d’art Les Montparnos. Celle-ci constitue l’un des rares vestiges du bouillonnement des années 1910 à 1930. «Quand j’ai ouvert dans le quartier, il ne restait plus rien, un désert culturel», se souvient ce grand amateur d’arts moderne et contemporain.

Picasso, Modigliani, Giacometti et les autres

Autour de la gare et de la tour du même nom, Montparnasse est devenu, depuis la fin du XXe siècle, un centre d’affaires et de commerce, garni de cinémas et de restaurants. Plus grand-chose n’y rappelle aujourd’hui la bohème qui attira les grands noms de l’art, passés aujourd’hui à la postérité : Picasso, Modigliani, Chagall, Giacometti… «Des touristes cherchent encore les traces de ce passé. Il est caché dans des ateliers, des académies d’art où tout le monde n’entre pas.»

D’autres livres avaient déjà retracé cette épopée, comme celui d’un Américain passionné de cette histoire, Billy Klüver (Kiki’s Paris, 1989), ou ceux des écrivains français Jean-Paul Caracalla (Montparnasse, l’âge d’or, 1997) ou Dan Franck (Bohèmes, 1998). Ils dataient. Mathyeu Le Bal prévoyait d’abord de ressusciter simplement des «oubliés» du quartier. «Mais quand on parle d’eux, on tombe forcément sur les plus célèbres», dit-il.

Le quartier, qui tire son nom d’une butte artificielle où des étudiants déclamaient de la poésie, commence par être celui des peintres académiques du XIXe, puis d’impressionnistes des années 1860. Il attire toute l’attention le jour de 1912 où, quittant la butte Montmartre, Picasso vient s’y installer. La crise économique des années 30 et l’invasion allemande en 1940 disperseront ces communautés d’étrangers. La fête est finie et elle reprendra, après-guerre, à New York.

lequotidien.lu

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