Grève et manifestations des psychiatres hospitaliers contre le « délabrement » du secteur

Le plan annoncé par Emmanuel Macron en septembre 2021 à l’issue d’assises de la psychiatrie, avec à la clé la création de 800 postes, est jugé insuffisant par la profession.

« Manque criant » de lits d’hospitalisation, « fermetures régulières » de centres médico-psychologiques faute d’effectifs suffisants : les psychiatres hospitaliers sont invités à se mobiliser, mardi 29 novembre, contre le « délabrement » d’un secteur public victime d’un « abandon » de l’Etat, selon leurs syndicats.

Quatre organisations appellent à la grève et à des manifestations, notamment à 11 heures à Paris, devant le ministère de la santé. Des rassemblements sont annoncés dans d’autres villes, devant les agences régionales de santé (ARS) ou des hôpitaux.

Ces syndicats dénoncent un « abandon de la psychiatrie publique » qui « se caractérise au quotidien par le manque criant de lits d’hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-psychologiques (CMP) ». Une situation liée à la pénurie d’effectifs de médecins et d’infirmiers, qui « touche aujourd’hui cinq établissements hospitaliers sur six », selon un communiqué intersyndical.

« Nous n’avons plus la capacité de soigner comme on voudrait », déplore le docteur Norbert Skurnik, président de l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp). Selon ce psychiatre, faute d’accueil, « rien qu’en Ile-de-France, 60 000 à 70 000 personnes, dont au moins 60 % sont des malades mentaux, errent en dehors de toute institution et de tout domicile ».

La spécialité n’attire plus les jeunes médecins
Dans un contexte de « durcissement » des conditions de travail, la spécialité n’attire plus les jeunes médecins, déplore le docteur Skurnik, citant le chiffre de cent internes à répartir en région parisienne, « là où il en faudrait 150 ». Pour favoriser les recrutements, ce responsable syndical défend une augmentation de « 20 % à 25 % » des salaires des psychiatres hospitaliers, sous forme de primes de pénibilité.

Quatorze mois après sa présentation, le plan annoncé par Emmanuel Macron à l’issue d’assises de la psychiatrie, avec à la clé la création de 800 postes dans les CMP, est jugé insuffisant par la profession. « Ce n’est qu’un petit pas », souligne le docteur Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens d’exercice hospitalier (INPH).

Cette psychiatre milite elle aussi en faveur d’« un plan pour l’attractivité des carrières ». Organisatrice d’un colloque « villes et santé mentale » – de jeudi à samedi à Nantes –, elle espère y accueillir le ministre de la santé, François Braun. « Il y a nécessité que les pouvoirs publics reprennent le dialogue social avec les psychiatres », fait-elle valoir.

Devant le Sénat, à la mi-novembre, le ministre avait reconnu que « les personnels de psychiatrie exercent dans des conditions difficiles », et promis qu’un bilan serait tiré « très prochainement » des assises organisées en septembre 2021.

 AFP

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