Chine : déploiement sécuritaire à Pékin et à Shanghai pour éviter de nouvelles manifestations

In this photo taken on Sunday, Nov. 27, 2022, a protester is forced into a police car by the police, during a protest on a street in Shanghai, China. Authorities eased anti-virus rules in scattered areas but affirmed China's severe "zero- COVID" strategy Monday after crowds demanded President Xi Jinping resign during protests against controls that confine millions of people to their homes. (AP Photo)

Sur cette photo prise le dimanche 27 novembre 2022, un manifestant est poussé de force dans une voiture de police par la police, lors d’une manifestation dans une rue de Shanghai, en Chine.© Photo

A peine vu le jour, la mobilisation s’essouffle-t-elle déjà ? Les villes de Pékin et Shanghai restaient mardi sous forte présence policière pour empêcher de nouveaux rassemblements, après les manifestations historiques du week-end contre les restrictions liées au Covid. En toile de fond, le ras-le-bol populaire après près de trois ans de stricte politique zéro Covid – avec confinements à répétition et tests PCR désormais quasi-quotidiens des habitants – mais aussi de profondes frustrations vis-à-vis du système politique chinois.

L’élément déclencheur de cette mobilisation : un incendie mortel la semaine dernière à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest). Les restrictions sanitaires sont accusées d’avoir empêché le travail des secours, des arguments balayés lundi par le gouvernement. Le contrôle strict des autorités chinoises sur l’information et les restrictions sanitaires sur les voyages à l’intérieur du pays compliquent la vérification du nombre total de manifestants durant le week-end.

Après ces deux jours agités dans de nombreuses villes du pays, plusieurs mobilisations étaient prévues lundi soir mais n’ont pas eu lieu, des journalistes de l’AFP à Pékin et à Shanghai ont observé une forte présence policière. Des manifestants ont dit avoir reçu des appels de la police qui les a interrogés sur leur présence aux rassemblements des jours précédents.

A Shanghai, près de l’endroit où la foule avait exigé dimanche la démission du président Xi Jinping, les employés de bars du quartier ont confié à l’AFP avoir reçu l’ordre de fermer à 22 heures en raison d’un «contrôle de l’épidémie». Des groupes d’agents se tenaient aux abords de chaque sortie de métro.

Lundi, pendant la journée, les journalistes de l’AFP ont vu l’arrestation de quatre personnes, dont une a été relâchée ensuite. Un reporter a compté douze voitures de police stationnées dans un rayon de 100 mètres autour de la rue Urumqi, épicentre des manifestations de Shanghai dimanche. «Il y a de la nervosité dans l’air ce soir, il y a tellement de policiers tout autour», a déclaré à l’AFP un trentenaire présent sur place lundi soir.

Quelques foyers de résistance

A Pékin, le déploiement de policiers en voiture et à pied, avec l’aide d’un réseau de caméras de surveillance mais aussi du froid ambiant, a également découragé tout nouveau rassemblement. Certains manifestants ont toutefois réussi à se réunir, notamment à Hongkong – secoué en 2019 par des manifestations pro démocratie – où des dizaines de personnes ont rendu hommage, à l’Université chinoise, aux victimes de l’incendie d’Urumqi, a constaté l’AFP. «Ne détournez pas le regard, n’oubliez pas !» ont-elles scandé.

Et à Hangzhou, ville située à environ 170 kilomètres au sud-ouest de Shanghai, les forces de sécurité étaient également visibles, tandis que de petites manifestations ont éclaté, selon des images circulant sur les réseaux sociaux et dont certaines ont été géolocalisées par l’AFP.

Mais un soulèvement aussi étendu est rarissime en Chine, compte tenu de la répression contre toute forme d’opposition au gouvernement, ce qui a suscité l’attention de la communauté internationale. Les autorités communistes chinoises sont confrontées au mouvement de contestation le plus étendu depuis les mobilisations pro démocratie de 1989.

liberation

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