Décevante, parfois inquiétante, la prestation des Bleus face à la Tunisie (défaite 1-0) a surtout permis aux cadres de souffler et aux remplaçants de « gratter » du temps de jeu, une stratégie assumée par Didier Deschamps qui peut néanmoins observer des carences dans son effectif.
Avant d’affronter la Pologne, dimanche (16h00) en huitième de finale, l’équipe de France a cassé la dynamique de victoires qui la portait jusqu’alors au Mondial. Une fois n’est pas coutume, le sélectionneur a mis de côté son obsession de résultat pour privilégier d’autres objectifs.
Besoin de souffler et baptême de l’air
Les titulaires ont laissé « beaucoup d’énergie » contre l’Australie (4-1) et le Danemark (2-1), il fallait en « ménager » certains en raison de « petits bobos » ou d’une menace de suspension (Jules Koundé), s’est justifié Deschamps.
Ses multiples changements ont débouché sur une composition d’équipe assez baroque, avec presque la moitié des remplaçants habituels utilisés à contre-emploi.
« J’ai bien conscience que le manque de repères nuit à l’expression collective, néanmoins, à tous, ça leur permet de toucher du doigt les exigences du très haut niveau », a tenté de positiver le sélectionneur.
Plusieurs de ses « coiffeurs » ont connu leur baptême de l’air, en Coupe du monde voire en sélection (Disasi). « Le coach a fait gratter quelques minutes à tout le monde » et « c’est vraiment important » pour la suite, a reconnu le quasi-néophyte Randal Kolo Muani. « On ne peut pas lancer quelqu’un en demi-finale, comme ça, +allez joue 15 ou 20 minutes+, il ne sera pas prêt, clairement », selon l’attaquant de Francfort.
Mauvais points de côté
Le premier s’en est certes plutôt bien sorti, malgré un manque de repères parfois évident. Le second a semblé toutefois plus en difficulté, surtout en première période, et il semble compliqué d’en faire une solution crédible face à un adversaire de plus gros calibre.
Avec le forfait de Lucas Hernandez, il n’y a plus vraiment de doublure à son frère Theo, latéral gauche au style très offensif.
A droite, le problème est tout autre: Koundé est l’option N.1 de Deschamps, même s’il est défenseur central, et le plan B avec Benjamin Pavard a du plomb dans l’aile. Le défenseur du Bayern, remplaçant contre les Danois après un match raté contre l’Australie, « n’est pas dans de bonnes dispositions », a fait savoir « DD ».
Cadres préservés, Pologne émoussée
Sans repères, les habituels remplaçants ont été placés dans l’inconfort par le sélectionneur. Au bon poste et soutenus par des cadres, leur niveau de jeu peut s’élever, comme l’a montré l’entrée en jeu dans la dernière demi-heure d’Adrien Rabiot, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann.
Mais pour « Grizou », il convient d’oublier le dernier match de groupe, ou du moins de ne pas en tirer des conclusions trop hâtives ni définitives. « En 2018 (0-0 face au Danemark), on a vu que ça ne changeait absolument rien en huitièmes si on reste concentré, si on travaille tous ensemble », a relevé la star de l’Atlético Madrid.
Le pari de Deschamps était de reposer ses titulaires et, quoi qu’il arrive, il était sûr de ne pas le perdre.
Dimanche contre la Pologne, « certains auront fait le plein d’énergie. Notre adversaire, lui, sera obligé de jouer un quatrième match en douze jours. On a besoin de fraîcheur, on ne peut pas tout avoir », a résumé le sélectionneur.
De fait, son homologue Czeslaw Michniewicz a aligné mercredi contre l’Argentine (défaite 2-0) la même équipe que celle qui avait débuté contre l’Arabie saoudite (2-0), quatre jours plus tôt, à une exception près: Karol Swiderski titulaire à la place d’Arkadiusz Milik, l’attaquant de la Juventus. De quoi peser dans les jambes dimanche contre la France ?
AFP