Sida : des années de recherche et toujours pas de vaccin

FILE - In this Dec.1, 2016 file photo, an HIV-positive Filipino lights candles around an AIDS symbol as he participates in an event in observance of World AIDS Day in Quezon city, Philippines. For the first time in the global AIDS epidemic that has spanned four decades and killed 35 million people, more than half of all those infected with HIV are on drugs to treat the virus, the United Nations said in a report released Thursday, July 20, 2017. (AP Photo/Aaron Favila, FILE)

Malgré de formidables progrès pour le traiter, le sida tue encore : quelque 680 000 personnes dans le monde en 2020. La recherche d’un vaccin contre le VIH n’a pas connu le même destin que pour le Covid-19, en raison de la complexité de ce virus et du manque d’investissement des groupes pharmaceutiques. L’utilisation de la technologie de l’ARN messager suscite l’espoir des chercheurs.

Plusieurs vaccins contre le Covid-19 trouvés en quelques mois, mais toujours aucun contre le sida après des années de recherche. Comment expliquer un tel écart ? Par la nature du VIH, difficile à neutraliser, même si des essais continuent pour en venir enfin à bout.

Alors qu’est organisée, mercredi 1er décembre, la journée mondiale de lutte contre le sida, force est de constater que la lutte contre le VIH n’a pas connu le même destin que pour le Covid-19. Et malgré de formidables progrès pour le traiter, le sida tue encore : 680 000 personnes dans le monde en 2020.

Depuis sa découverte en 1983, la recherche d’un vaccin contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), qui a pour caractéristique d’affaiblir le système immunitaire, n’a pourtant pas flanché. Mais ce virus s’avère, par sa nature, particulièrement complexe à décimer, soulignent les chercheurs.

Mutations incessantes
Le VIH « infecte les cellules du système immunitaire » dans l’ADN desquelles il intègre son matériel génétique, explique à l’AFP le Pr Olivier Schwartz, directeur unité virus et immunité à l’Institut Pasteur. Cela le rend beaucoup plus difficile à cibler car ces cellules immunitaires, quand elles ne sont pas sollicitées, traversent des phases dormantes pendant lesquelles le virus passe sous les radars.

Ainsi, alors qu’une première infection contre le SARS-CoV2 – dont on guérit dans la plupart des cas naturellement – permet d’acquérir une immunité, ce n’est pas le cas avec le VIH. En second lieu, sa variabilité est sans commune mesure avec celle du coronavirus : il « mute beaucoup plus facilement », il est donc « plus difficile de générer des anticorps à large spectre qui pourraient bloquer l’infection », souligne le Pr Schwartz.

Or « on sait vacciner contre un variant assez rapidement, mais pas quand un virus mute trop », souligne Nicolas Manel, directeur de recherche à l’Inserm, chef d’équipe à l’Institut Curie. Récemment, l’essai d’un vaccin en Afrique sub-saharienne, qui devait protéger contre plusieurs variants du VIH, a pris fin en raison d’une efficacité jugée insuffisante.

Un manque d’investissement des groupes pharmaceutiques
Pour trouver un vaccin, il faudra que ce soit « un choix majeur, mais le marché est aujourd’hui très faible pour les groupes pharmaceutiques. On déplore un manque d’investissement criant sur cette question », relève aussi Nicolas Manel. « De nombreux chercheurs sont très motivés mais ils font avec les moyens du bord. »

Mettre au point un vaccin reste pourtant a priori la seule manière d’éradiquer totalement le virus, avec lequel vivent encore près de 38 millions de personnes dans le monde.Si l’épidémie de coronavirus a eu un impact très négatif sur la lutte contre le sida, en perturbant gravement l’accès aux systèmes de santé, aux dépistages et aux traitements dans de nombreux pays, les chercheurs espèrent toutefois qu’elle permettra aussi des avancées, y compris sur le plan vaccinal.

Plusieurs dizaines de vaccins contre le VIH sont actuellement à l’étude. L’un d’eux, lancé cet été par le laboratoire Moderna, est basé sur la technologie de l’ARN messager qui a fait le succès de son vaccin contre le Covid. « L’utilisation de cette technologie est une nouvelle porte qui s’ouvre, pleine d’espoir pour des virus comme le VIH », veut croire le Pr Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, spécialiste du sida.

Les résultats définitifs ne devraient toutefois pas être connus avant plusieurs années.

AFP

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