Situation toujours tendue à Mayotte: «à un moment donné, on a dit ‘stop’» et décidé de partir

A Mayotte, le 101è département français, la situation est une nouvelle fois extrêmement tendue. Les violences ont atteint un degré d’horreur particulier ces dernières semaines avec le meurtre à la machette d’un jeune chanteur originaire de Kawéni, l’un des plus grands bidonvilles de l’île. Il a été suivi de représailles entre bandes rivales des différents villages : barrages sur les routes, caillassages des bus scolaires, intrusions de jeunes encagoulés dans plusieurs lycées. L’arrivée de dix policiers du RAID il y a une semaine n’a qu’en partie apaisé la situation et les conséquences de ces violences, elles, sont durables.

En ce début de saison des pluies, il faut affronter une route pleine de trous au milieu d’un bidonville de Passamainty pour découvrir L’EffetMer, le restaurant de Gaël et sa femme. « On a la vue sur le lagon et puis sur le bidonville de Tsoundzou, une belle image de Mayotte… directement la vue sur ses contrastes ».

Un contraste aussi entre leur passion pour la culture mahoraise, retranscrite dans la cuisine, et la violence d’un environnement de plus en plus dégradé : « Des émeutes en fait tout autour du restaurant. Vu qu’on est sur la colline, c’est un peu leur QG aux jeunes. On les voit qui préparent leurs cailloux, leurs morceaux de bois. En fait, ils montent les guets-apens pour les policiers. Ils tournent tout autour du restaurant avec d’un côté les flash-balls avec les policiers et de l’autre côté les cailloux. Du coup, on reçoit tout cela dans le restaurant. À un moment donné, on a dit ‘stop’ ».

Après deux ans et demi, c’est la fermeture et 130 000 euros de perte. Sept emplois vont disparaître, tous occupés par des habitants du quartier. C’est le cas d’Abdou Ayou, chef de cuisine comorien : « Je suis vraiment traumatisé, mais je vais tenir le coup et chercher un autre restaurant pour travailler ». Les responsables du restaurant s’apprêtent à quitter l’île. Comme eux, de nombreux Mahorais voudraient désormais partir.

Face à cette situation, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu’il se rendrait à Mayotte le 31 décembre pour être aux côtés des Mahorais et des forces de l’ordre.

rfi

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