Sodas, crèmes desserts, soupes déshydratées, plats préparés, cordons bleus, nuggets, pains et brioches industriels… Tous ces produits ultra-transformés sont de plus en plus pointés du doigt par les scientifiques. Une nouvelle étude enfonce le clou : au Brésil, en 2019, la consommation quotidienne d’aliments ultra-transformés aurait été responsable d’environ 57.000 morts prématurées. Soit 10,5% des décès.
Consommation aliments ultra-transformés au Brésil
Au Brésil, les personnes consomment en moyenne entre 13% et 21% de produits ultra-transformés. En France, ce pourcentage atteint 30 à 33%. Aux États-Unis, ils représentent 58% des apports journaliers en calories.
C’est la première fois qu’une estimation de la surmortalité liée à la consommation des aliments ultra-transformés est menée sur une population aussi large, selon les chercheurs brésiliens. Les scientifiques ont pris pour base les données statistiques de mortalité observées en 2019 au Brésil sur une cohorte de 541.160 adultes décédés entre 30 et 69 ans. Ces « data », analysées, ont été mises en regard d’enquêtes sur les habitudes alimentaires des Brésiliens. Elles ont permis aux épidémiologistes de créer un modèle qui évalue le nombre de décès dû à une alimentation faisant, au quotidien, la part belle aux produits ultra-transformés.
Les biais possibles d’une étude statistiques
D’autres études avaient déjà été réalisées avec les mêmes objectifs, mais les chercheurs avaient travaillé différemment : elles prenaient en compte des cohortes moins importantes et ne portaient pas sur un corpus de personnes décédées. Une étude espagnole avait évalué les associations possibles entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de décès, mais uniquement sur 19.899 personnes âgées en moyenne de 38 ans. Une étude française avait, quant à elle, travaillé sur 44.551 adultes français âgés d’au moins 45 ans ; elle aussi avait relevé une association entre la proportion d’aliments ultra-transformés et le risque de mortalité. Chacune de ces études avait été menée avec rigueur, mais les résultats restaient à confirmer : le nombre de décès observé était faible puisque le nombre d’individus suivis l’était également.
Comme pour toutes les études statistiques de ce type, de nombreux biais sont possibles, mais selon Grégoire Rey, directeur de l’Infrastructure nationale France Cohortes à l’INSERM et que Sciences et Avenir a sollicité, l’étude brésilienne semble sérieuse.
Difficile d’extrapoler ce résultats à la France
Pour les chercheurs brésiliens, l’objectif de cette modélisation est d’une part d’évaluer au cours du temps la mortalité due aux aliments ultra-transformés (et observer ainsi l’évolution du régime alimentaire de leurs concitoyens) et d’autre part de juger de l’efficacité des politiques de santé publique visant à réduire la consommation de ce type d’aliments. Par exemple, avec ce modèle, ils prédisent que si leurs compatriotes diminuaient de moitié leur consommation d’aliments ultra-transformés, 29.300 vies seraient épargnées par an.
Evidemment, il est difficile d’extrapoler ces chiffres à la situation française, pour deux raisons principales : les Français consomment davantage de ces produits que les Brésiliens (30% en France, 24% au Brésil) ; la population brésilienne est plus jeune que la population française. Cependant, il n’en demeure pas moins que les études convergent : la consommation quotidienne de ces aliments n’est pas neutre. Reste à définir à partir de quelle quantité consommée quotidiennement ce type d’alimentation devient nocif. Il faut aussi comprendre quels mécanismes physiologiques ces aliments bousculent.
sciencesetavenir