Près de 10.000 militaires et policiers ont été déployés ce samedi dès l’aube autour de Soyapango, à la périphérie de San Salvador, dans le cadre de la guerre contre les gangs lancée en mars par le président salvadorien Nayib Bukele.
Le président avait annoncé le 23 novembre que des villes seraient encerclées afin que les militaires puissent fouiller les domiciles un par un et procéder à l’arrestation de membres de gangs. Soyapango est la première ville où cette procédure est appliquée.
« Les citoyens n’ont rien à craindre »
Les soldats et les policiers étaient stationnés dès l’aube dans toutes les rues d’accès à la ville, en interdisant à quiconque d’entrer ou de sortir sans être contrôlé. Les forces de l’ordre sont chargées d’arrêter un par un, « tous les membres de gangs qui se trouveraient encore là », a déclaré le président Bukele.
Quelques heures après le début de l’opération, le ministre salvadorien de la Justice et la Sécurité, Gustavo Villatoro, a annoncé que « douze membres des gangs ont déjà pu être arrêtés, tous avec des antécédents judiciaires ».
Des véhicules militaires et de police parcouraient les rues, tandis que des drones survolaient la zone à la recherche de membres des gangs. Quarante « points de contrôle » ont été mis en place dans la commune de Soyapango, a précisé le ministre salvadorien de la Défense, René Merino.
« Ca nous a surpris, ils nous demandent nos papiers d’identité afin de vérifier notre domicile, mais ça va, c’est pour notre sécurité », a déclaré une habitante, Guadalupe Perez, 53 ans. Les policiers arrêtent également les bus afin de contrôler chacun des passagers.
« Les citoyens n’ont rien à craindre et peuvent poursuivre leurs activités en toute tranquillité, a rassuré le président Bukele. Cette opération est lancée contre les criminels et non pas contre les citoyens honnêtes ».
Quelque 58.000 personnes arrêtées
L’encerclement de villes afin d’en « extraire » les membres des gangs fait partie du plan de sécurité lancé par le gouvernement. « Les gens voient que les mesures prises donnent des résultats », a fait valoir le criminologue Ricardo Sosa, ajoutant qu' »il n’est pas étonnant qu’ils soutiennent majoritairement ces opérations car ils ont eux-mêmes souffert des gangs ».
Les Salvadoriens sont 75,9% à soutenir l’état d’urgence et 9 sur 10 estiment que la délinquance a baissé, selon un sondage de l’Université centraméricaine (UCA).
Quelque 58.000 membres présumés de bandes criminelles, les redoutables « maras », ont été arrêtés au Salvador depuis la proclamation fin mars par le président Bukele de la « guerre » contre ces gangs qui font régner la terreur dans le pays.
La question de l’afflux de détenus
Pour faire face à l’afflux de détenus, l’administration pénitentiaire a entrepris de construire une gigantesque prison pour 40.000 criminels présumés à Tecoluca, une région rurale au centre du pays.
Soyapango est considérée depuis des années comme une ville peu sûre en raison de la présence des gangs. Or, les mesures appliquées par le gouvernement Bukele ont eu pour résultat « une énorme amélioration de la sécurité », a affirmé en début de semaine la maire, Nercy Montano.
Instauré fin mars après une vague de 87 assassinats attribués aux « maras », l’état d’urgence permet des arrestations sans mandat, soulevant les critiques d’organisations de défense des droits de l’homme. Il a été prolongé par le Congrès jusqu’à la mi-décembre.
bmftv