À l’heure où le réchauffement climatique s’emballe dans le monde, des chercheurs ont découvert que le phytoplancton était responsable de la formation d’une grande partie des nuages au-dessus des océans. Plus encore, ces nuages remplis d’humidité permettent de limiter la hausse des températures.
Le phytoplancton marin regroupe un ensemble de minuscules organismes qui ont besoin de la lumière pour grandir et se propager dans les océans. En plus d’être à la base de la chaîne alimentaire dans les océans, ces créatures ont la capacité d’influencer la formation des nuages, selon une étude publiée dans Science Advances.
Plus les nuages sont remplis de gouttelettes d’eau, plus ils sont blancs et plus ils reflètent la lumière du soleil. Et plus les nuages sont blancs, moins les rayons du soleil arrivent à atteindre la Terre. Ces gros nuages blancs ont en effet la capacité de détourner la chaleur issue des rayons du soleil, avant même qu’ils atteignent l’atmosphère. Il s’agit de l’albédo, le pouvoir réfléchissant d’une surface. Un nuage très blanc est donc un nuage gorgé d’eau. Mais cette présence d’eau dans le nuage est en partie déterminée par la vie marine. Comment ces organismes microscopiques peuvent-ils influencer la météo et plus largement le climat ? En émettant des aérosols qui flottent dans l’atmosphère, des particules microscopiques autour desquelles les gouttelettes d’eau s’agglutinent pour ensuite former les nuages.
Comprendre le lien méconnu entre la vie marine et la formation des nuages est donc primordial, à la fois pour les prévisions météo, mais aussi pour les prévisions climatiques à plus long terme. La difficulté est par contre de déterminer la source exacte de tous ces aérosols, qui peuvent résulter des activités humaines (de la pollution) mais aussi de la nature (la vie marine, mais aussi les éruptions volcaniques et le sable du désert poussé par les vents). Certains aérosols ont la capacité d’absorber la lumière, ou bien de la refléter, selon leur composition : en général les aérosols sombres absorbent la lumière, et les plus clairs la reflètent. Un processus déjà bien connu lors de grandes éruptions volcaniques : celles-ci ont la capacité de provoquer un refroidissement du climat.
Le phytoplancton permet de limiter la hausse globale des températures
Il se trouve que le phytoplancton obtient sa couleur verte grâce à l’absorption de la chlorophylle, qui est directement liée à la présence de lumière. Le phytoplancton rejette ensuite du sulfure de diméthyle, qui se transforme en aérosol une fois dans l’atmosphère. L’océan austral est un lieu idéal pour étudier ce mécanisme car il est quasiment complètement dépourvu de toute influence humaine. Il n’y a donc pas de doute sur l’origine naturelle et marine des aérosols qui flottent au-dessus de cette zone. Les chercheurs ont principalement utilisé les satellites pour mesurer la concentration d’eau dans les nuages. En analysant la quantité de phytoplancton dans l’océan, ils ont ensuite réussi à prédire la quantité de nuages, et leur épaisseur : leurs résultats montrent que le phytoplancton est à l’origine d’une augmentation de +60 % de l’humidité dans les nuages en moyenne chaque année, et jusqu’à +120 % au cours de l’été. Le phytoplancton prolifère en effet l’été car la lumière de la saison estivale leur permet de se développer. Les chercheurs ont ensuite pu calculer la quantité de lumière qui se reflète dans les nuages, sans atteindre notre Terre. La déviation de cette lumière, liée à la blancheur des nuages, a eu pour conséquence de limiter la hausse des températures, particulièrement l’été.
LES NUAGES TRÈS BLANCS DÉVIENT LES RAYONS DU SOLEIL ET PERMETTENT DE LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT DU CLIMAT.
Dans le contexte actuel du réchauffement climatique et de la destruction de la biodiversité, notamment marine, la découverte des chercheurs est capitale : l’importance de la vie marine dans le mécanisme de régulation du climat incite à protéger davantage les océans et permet également de mieux cerner l’évolution future du changement climatique.
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