Une personne a été tuée et deux personnes ont été blessées à Kaboul dans un attentat suicide près du siège du parti Hezb-e-Islami, alors qu’un garde a été blessé dans un autre attentat contre l’ambassade du Pakistan. L’État Islamique a reconnu son implication.
Le groupe terroriste État islamique a revendiqué samedi 3 décembre 2022 l’attaque en Afghanistan de vendredi contre l’ambassade du Pakistan à Kaboul, confirmant avoir visé le chef de mission.
L’État Islamique assure, dans un communiqué publié sur SITE, « avoir attaqué l’ambassadeur du Pakistan », qualifié de « traître ».
Le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a dénoncé cet attentat sur Twitter, évoquant une « tentative d’assassinat » à l’encontre du chef de la mission diplomatique, qui en est sorti indemne. « Je demande une enquête immédiate et des mesures contre les auteurs de cet acte odieux », a ajouté M. Sharif.
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Un porte-parole de la police afghane a indiqué qu’un suspect avait été arrêté et que deux armes de poing avaient été saisies après que les forces de sécurité ont investi un bâtiment adjacent et « empêché la poursuite des tirs ».
« L’ambassadeur et tous les autres membres du personnel sont indemnes, mais nous ne sortons pas des bâtiments de l’ambassade, par précaution », a déclaré une source, sous couvert d’anonymat, au sein des services diplomatiques pakistanais.
Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a confirmé dans un communiqué que le chef de mission était sain et sauf, mais précisé qu’un garde de sécurité avait été « grièvement blessé ».
Le « boucher de Kaboul » visé
Un autre attentat suicide s’est produit le même jour près des locaux du Hezb-e-Islami.
Une personne a été tuée dans une attaque menée par deux kamikazes déguisés en femmes vêtues de burqas contre le quartier général du parti du vieux dirigeant islamiste Gulbuddin Hekmatyar vendredi à Kaboul, a annoncé ce dernier.
« Nous avons une personne morte et deux blessées dans cet incident », a déclaré M. Hekmatyar sur la chaîne locale Barya TV, propriété de son parti, le Hezb-e-islami.
« Les deux mercenaires kamikazes ont été tués avant d’avoir atteint leur cible », a-t-il précisé.
M. Hekmatyar, considéré comme l’un des chefs de guerre les plus cruels qu’ait connus le pays et qui avait été Premier ministre dans les années 1990, était présent sur place mais est sorti indemne de l’attaque, avait auparavant indiqué le Hezb-e-islami dans un communiqué.
Gulbuddin Hekmatyar fut d’abord l’un des chefs de guerre les plus craints de la résistance antisoviétique dans les années 1980.
Pendant la guerre civile de 1992-1996, il a hérité du surnom de « boucher de Kaboul » pour avoir ordonné le bombardement brutal de la capitale dans lequel des dizaines de milliers de civils ont été tuées, alors qu’il était Premier ministre.
Ces deux attaques, qui surviennent quelques jours seulement après la venue à Kaboul du ministre pakistanais des Affaires étrangères en vue d’apaiser les tensions le long de la frontière entre les deux pays.
Les talibans assurent se concentrer sur la sécurité du pays après leur retour au pouvoir il y a plus d’un an mais de nombreuses attaques ont eu lieu récemment, dont certaines ont été revendiquées par le groupe État islamique.
Mercredi, une explosion dans une école coranique de la ville d’Aybak, située dans la province de Samangan, dans le nord de l’Afghanistan, a fait au moins 15 morts.
Relations compliquées
L’État Islamique assure, dans un communiqué publié sur SITE, « avoir attaqué l’ambassadeur du Pakistan », qualifié de « traître », confirmant la version du Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, qui avait dénoncé une « tentative d’assassinat » contre le chef de mission.
Un porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères a dit condamner fermement cette « attaque ratée ».
« L’Émirat islamique ne permettra jamais à des cercles défendant des intérêts personnels de menacer la sécurité des missions diplomatiques à Kaboul », a-t-il indiqué dans un communiqué.
« Les agences sécuritaires enquêteront sérieusement sur cet incident. Une fois les auteurs identifiés, ils seront punis conformément à la loi », a-t-il ajouté. Même si le Pakistan n’a pas officiellement reconnu le gouvernement taliban, il a gardé ouverte son ambassade après le retour au pouvoir des islamistes en août 2021.
Le Pakistan entretient des relations compliquées avec les talibans, qu’il est soupçonné d’avoir aidés en sous-main depuis leur émergence au début des années 1990 puis après l’invasion américaine de l’Afghanistan en 2001, tout en apportant officiellement son soutien à Washington.
Les talibans sont revenus au pouvoir en Afghanistan en août 2021, parallèlement au retrait des troupes américaines et étrangères du pays.
Le Pakistan compte plus d’un million de réfugiés afghans sur son sol. La frontière poreuse entre les deux pays abrite depuis longtemps de nombreux groupes armés, mais est une source de tensions croissantes depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul.
En novembre, un garde pakistanais a été tué par balle à l’important poste-frontière de Chaman/Spin Boldak, resté ensuite fermé pendant une semaine.
Le Pakistan reproche à l’Afghanistan de laisser les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) planifier leurs attaques à partir de son sol, ce que Kaboul n’a cessé de nier.
Le TTP, un groupe distinct des talibans afghans mais mû par une même idéologie, a mis fin lundi à un cessez-le-feu fragile avec Islamabad et promis de mener des attaques dans tout le Pakistan.
ouest-france