Une enseignante de philosophie devait emmener sa classe préparatoire Hypokhâgne du lycée Watteau de Valenciennes aux abords d’un camp de migrants de Calais. Un projet pédagogique qui a déclenché une levée de boucliers et des menaces de militants d’extrême droite du parti Reconquête ! d’Éric Zemmour. Le rectorat de Lille a porté plainte.
L’enseignante voulait tout simplement faire son métier et faire réfléchir ses élèves sur la question des migrants. L’extrême droite, dont le parti Reconquête d’Éric Zemmour, ne l’a pas compris de cette manière. La professeure de philosophie, elle, a été mise en pâture sur les réseaux sociaux. Tour à tour « militante pro-immigration », qui « impose son idéologie », « endoctrine ses élèves », etc. Pire : « Il est temps de ressortir la guillotine ».
Des menaces personnelles
Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, principal syndicat des enseignants, ces méthodes sont indignes : « Cela dit beaucoup de choses de la façon dont l’extrême droite, et en particulier le parti d’Éric Zemmour, conçoit l’éducation. On voit bien que tout ce qui permet aux élèves de réfléchir par eux-mêmes, de s’émanciper, de découvrir l’autre, de se construire une culture citoyenne, tout cela c’est quelque chose qu’ils n’acceptent pas, au point de faire pression sur des professeurs et sur l’Éducation nationale. C’est donc très inquiétant aussi pour l’avenir de l’école ».
Le nom de l’enseignante a été mentionné sur les réseaux sociaux et elle a également reçu des menaces personnelles : « Forcément, le très triste souvenir de Samuel Paty nous vient en tête en se disant qu’on est en train de revivre exactement les mêmes mécanismes. Et cela n’est pas acceptable. C’est pour cela qu’il était urgent que l’Éducation nationale réagisse aussi ». La professeur bénéficie d’une protection juridique de la part de l’Éducation nationale.
La gauche s’insurge
Tandis qu’un collectif de plus de mille membres issus principalement de la recherche et de l’enseignement français a pris position en défense de la philosophe, les partis politique de gauche se sont insurgés contre les pratiques de Reconquête !.
« Cette histoire est édifiante. Le parti de (Éric) Zemmour utilise les mêmes méthodes et intimidations que les islamistes radicaux pour faire pression sur les enseignants », a dénoncé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure sur Twitter, y voyant une « légitimation de la violence ». Le député écologiste Benjamin Lucas a demandé dans un communiqué « la dissolution du mouvement » de M. Zemmour, dénonçant les « mêmes procédés terrorisants que les islamistes, en faisant déferler en raid menaces et injures ». Il a appelé le gouvernement à « protéger les personnels éducatifs, les élèves et la communauté scolaire ».
RFI