Mondial-2022 : les Lions de l’Atlas veulent rugir face à l’Espagne

Le Maroc dispute un huitième de finale dans un Mondial pour la première fois depuis 1986, mardi, face à l’Espagne (16h, heure de Paris). Les Lions de l’Atlas, séduisants en phase de poule dans un groupe relevé, ont à cœur de créer l’exploit contre la Roja et disposent de solides arguments pour faire face au célèbre « tiki-taka » espagnol. Explications.

Une défense solide et une attaque virevoltante
La tâche semblait ardue pour le Maroc au moment d’aborder les matches du groupe F, l’un des plus difficiles du Mondial-2022. Parmi leurs trois adversaires, les Lions de l’Atlas devaient notamment faire face à la Croatie (0-0) – l’un des finalistes du Mondial-2018 – et à la Belgique (victoire 0-2) – troisième lors de la Coupe du monde en Russie.

Le Maroc a répondu présent tant offensivement que défensivement : quatre buts inscrits et un seul encaissé – face au Canada (victoire 2-1) –, ce qui fait de lui la meilleure défense du tournoi pour le moment, à égalité avec la Croatie et le Brésil. C’est donc assez logiquement que la sélection marocaine a terminé en tête de son groupe, poussant la Belgique vers la sortie.

« Réussir quelque chose de grand avec votre pays, c’est mieux qu’avec votre club. Jeune, j’ai vu la dernière génération qui avait disputé la Coupe du monde, et j’ai rêvé de devenir comme eux. On mérite d’écrire cette page d’Histoire », a glissé Achraf Hakimi en conférence de presse jeudi, après le match face au Canada.

Achraf Hakimi, tout comme le défenseur central Romain Saïss, est un des grands artisans de la solidité défensive du Maroc. Des interventions justes, aucun carton, aucun but encaissé sur coup de pied arrêté… S’ajoute à cela l’apport offensif déterminant du latéral droit du PSG : Achraf Hakimi a notamment délivré une passe décisive pour Youssef En-Nesyri face au Canada.

Sur le front de l’attaque, le Maroc est aussi bien pourvu : Youssef En-Nesyri a montré qu’il pouvait être déterminant en pointe face au Canada, et l’ailier Hakim Ziyech, qui évolue en Premier League avec Chelsea, est un danger permanent pour les défenses adverses – deux buts et une passe décisive pour le moment dans ce Mondial. À cela s’ajoutent les coups d’éclat dont est capable Sofiane Boufal par intermittence, et voilà une ligne offensive capable de porter le danger de toutes parts sur le but espagnol.

Sofyan Amrabat, la pièce maîtresse de l’entrejeu marocain
Le milieu de terrain de la Fiorentina est l’homme à tout faire du milieu de terrain marocain depuis le début du Mondial-2022.

Au Club Bruges, son ancien entraîneur Ivan Leko l’appelait « mon ‘gangster’ sur le terrain, dans le bon sens du terme ». « Je comprends pourquoi il a dit cela », avait réagi Sofyan Amrabat. « Parfois, il faut être dur sur le terrain et j’essaie d’être ce joueur, je suis quelqu’un qui n’a peur de personne. »

« Sofyan Amrabat a des qualités hors normes, c’est un moteur physique », résumait un autre de ses anciens entraîneurs, Cesare Prandelli, à la « Viola ». « Sofyan est en train de passer un cap », assure le sélectionneur du Maroc, Walid Regragui. « C’est notre premier relanceur et premier défenseur devant » les quatre de derrière.

Sofyan Amrabat n’avait joué qu’un bout de match en 2018, remplaçant son grand frère Nordin Amrabat contre l’Iran – les Lions de l’Atlas perdent alors d’un but contre leur camp à la dernière seconde (1-0). Depuis, le joueur s’est rendu indispensable. « Notre force, c’est d’être une vraie équipe, tout le monde court, tout le monde se bat », explique le milieu de terrain.

Tactiquement, « on joue un peu plus bas, plus compact qu’avant », note Sofyan Amrabat, qui accomplit à merveille ses tâches de récupérateur au service du groupe, conscient que « nous avons des joueurs qui peuvent marquer », ajoute-t-il.

À 26 ans, Sofyan Amrabat est un rouage essentiel des Lions de l’Atlas : impérial devant la défense, il sert aussi de rampe de lancement aux attaquants du Maroc. Nul doute qu’il sera surveillé de près par la sélection espagnole vu son rôle de tour de contrôle dans l’entrejeu.

Le tiki-taka espagnol et la stratégie de Walid Regragui pour le contrecarrer

Mais malgré plusieurs arguments sportifs à faire valoir, le Maroc va devoir avant tout, mardi, contrecarrer les plans espagnols. Comme à son habitude, la Roja va recourir au tiki-taka – un style de jeu consistant à faire circuler rapidement le ballon avec des passes précises, en une touche de balle idéalement.

Walid Regragui, interrogé lundi en conférence de presse avant le match, s’attend à une « rencontre très difficile » pour le Maroc. « On connaît l’école de foot espagnole (…). Ça fait 15-20 ans que cette équipe joue de la même manière, avec une possession haute, avec toujours des joueurs de talent au milieu de terrain », a-t-il expliqué. « Ils veulent le ballon, ils ne le laissent pas à l’adversaire, et leur comportement ne change jamais sur un terrain. »

Mais le sélectionneur marocain ne se fait pas de souci quant à la possession que pourrait avoir la Roja : « Ils ont 70 % de possession de balle en moyenne (…). La possession, ils vont l’avoir, il faut qu’on l’accepte. » Rappelant que les Lions de l’Atlas ont laissé le ballon à la Croatie et à la Belgique – avec succès puisqu’ils ont respectivement fait match nul et ont gagné –, il estime que le Maroc a aussi « des qualités pour poser des problèmes » à l’Espagne.

« J’espère que l’Espagne ne saura pas quoi faire du ballon », a glissé Walid Regragui, qui espère rendre stérile le jeu de possession de son adversaire mardi. « On a des choses à faire valoir, on s’est bien préparés, on a un jour de récupération en plus… On espère créer la surprise car, en étant honnête, si on élimine l’Espagne, ce sera une belle surprise », a aussi expliqué le sélectionneur. Trente-six ans plus tard, le Maroc a l’occasion de marquer l’Histoire, en se hissant pour la première fois en quarts de finale d’un Mondial.

AFP

You may like