Prix Nobel de littérature : Annie Ernaux est ravie que ce soit elle plutôt que Michel Houellebecq

Nobel Prize in Literature 2022 laureate French writer Annie Ernaux attends a press conference in Stockholm, Sweden, on December 6, 2022, ahead of the Nobel Prize award ceremony on December 10. (Photo by Anders WIKLUND / various sources / AFP) / Sweden OUT

Auprès du « Parisien », Annie Ernaux est revenue sur son prix Nobel et, pour elle, Michel Houellebecq ne mérite pas la récompense « étant donné ses idées délétères ».

« Mieux vaut que ce soit moi ! » Annie Ernaux, prix Nobel de la littérature 2022, s’est réjouie que son confrère français Michel Houellebecq n’ait pas été distingué par la récompense à sa place, étant donné ses idées « totalement réactionnaires et antiféministes ».

Interrogée par Le Parisien dans un entretien paru ce jeudi 8 décembre, Annie Ernaux n’a pas mâché ses mots à l’encontre de l’auteur de Soumission. « Il a des idées totalement réactionnaires, antiféministes, c’est rien de le dire ! », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : « Quitte à avoir une audience avec ce prix, étant donné ses idées délétères, franchement, mieux vaut que ce soit moi ! »

Alors qu’elle avait aimé le premier livre de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte paru en 1994, Annie Ernaux explique qu’elle s’est détournée de l’écrivain par la suite. « C’était vraiment neuf, cette idée que la lutte allait se jouer sur l’apparence physique. Mais ensuite… J’ai arrêté de le lire à cause de son image des femmes, des mères, des femmes mûres, sa manière de décrire les peaux, les seins qui tombent », a-t-elle déclaré à nos confrères.

L’autrice confie avoir également lu le Goncourt de Michel Houellebecq, La Carte et le territoire (2010). Mais pour elle, « l’écriture… il n’y en a pas [dans ce roman]. Alors il est très traduit, parce que c’est extrêmement facile à traduire », a-t-elle ajouté.

Un Prix Nobel qui n’a pas fait l’unanimité
Couronnée par le comité Nobel pour « le courage et l’acuité clinique » d’une œuvre en grande partie autobiographique, Annie Ernaux est la première femme française à recevoir le Nobel de littérature. Cette récompense n’a pas fait l’unanimité en France, surtout auprès de critiques et écrivains hommes. « Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature : et si c’était nul », a titré le critique Nicolas Ungemuth dans Le Figaro.

Après l’annonce du prix, Le Figaro a également republié une chronique de 2016 de Frédéric Beigbeder qui ironisait sur les thèmes de ses œuvres : « En un demi-siècle, Annie Ernaux a successivement écrit sur son père, sa mère, son amant, son avortement, la maladie de sa mère, son deuil, son hypermarché (…), sur son dépucelage raté durant l’été 1958, en colonie de vacances (…) L’événement est raconté à cinquante ans de distance avec un sérieux inouï. »

AFP

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