Pour les influenceurs, Magali Berdah propose la création d’un ordre professionnel

French owner of influencer Shauna Events agency, Magali Berdah attends a press conference in Paris, on September 14, 2022. - Magali Berdah described the rapper Booba on September 14 "a stalker who claims to be a whistleblower" and listed the fifteen or so complaints or complements filed after the harassment she accuses him of having initiated. French justice has opened an investigation for "misleading commercial practices" against Shauna Events influencer agency, one of the largest in France, following a complaint by French rapper Booba, the Grasse public prosecutor's office said on September 12, 2022. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP) (Photo by CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP via Getty Images)

À la tête de l’agence Shauna Events, Magali Berdah plaide pour la création d’un ordre chargé d’établir des règles et des sanctions claires en cas de manquements.

Le conflit entre Magali Berdah (ici en photo), patronne de l’agence d’influenceurs Shauna Events, et le rappeur Booba, qui l’accuse de pratiques commerciales douteuses, a mis en lumière certaines dérives et les risques du métier de l’influence, notamment pour les plus jeunes.

Et si le monde de l’influence sur les réseaux sociaux se dotait d’un organisme de régulation déontologique à la manière de l’ordre des médecins ou des avocats ? C’est en tout cas ce que défend Magali Berdah, la dirigeante de l’agence d’influenceurs Shauna Events, en plein cœur d’une polémique sur les pratiques commerciales douteuses de son secteur d’activité depuis quelques mois.

Alors qu’une table ronde est organisée ce vendredi 9 décembre à Bercy pour faire le point sur les mesures à prendre pour réguler ce secteur en plein boom, la célèbre manageuse a développé dans le JDD ses propositions pour un meilleur encadrement de l’influence sur Internet. « C’est primordial de créer une association interprofessionnelle au sein de laquelle il faut mettre en place des formations continues pour les influenceurs », défend-elle notamment.

« Dropshipping », promotion du « trading » ou encore des « NFT »… les influenceurs s’adonnent régulièrement à des pratiques commerciales à la limite de la légalité, parfois sans le savoir véritablement. « Il y a toujours quelque chose de nouveau car sur Internet, tout va très vite », souligne Magali Berdah, qui indique avoir cessé de collaborer avec deux de ses collaborateurs « l’année dernière ». C’est pourquoi il faudrait, selon elle, donner un cadre officiel au métier d’influenceur, qu’elle considère encore mal défini par les autorités.

« C’est trop facile de nous taper dessus »
En France, le code administratif permettant de caractériser l’activité d’une entreprise – le « code APE » (« activité principale exercée ») – n’existe pas pour les influenceurs. Ces derniers ne voient donc pas leur métier reconnu en tant que tel et doivent choisir entre « productions de films institutionnels et publicitaires » ou « autres services personnels », souligne Magali Berdah. « Je pense qu’au vu de l’impact qu’ont les influenceurs et de toutes les polémiques, il faut mettre un mot sur un métier pour les répertorier. »

Et de poursuivre : « C’est trop facile de nous taper dessus alors qu’on n’est même pas identifié. Il faut mettre des règles, à l’image de l’ordre des avocats, des médecins… Il faut créer une charte, dire ce qu’on a le droit de faire ou non. » Selon Magali Berdah, cet « ordre de l’influence » pourrait être géré « par l’État » ou par une « association interprofessionnelle », qui sanctionnerait les manquements à l’aide d’avertissements, qui pourraient conduire in fine à une radiation.

Le conflit ces derniers mois entre Magali Berdah, patronne de la puissante agence d’influenceurs Shauna Events, et le rappeur Booba, a mis en lumière certaines dérives et les risques notamment pour les plus jeunes. La manageuse d’influenceurs a notamment été accusée par l’artiste de recourir à des pratiques commerciales trompeuses, et dénonce de son côté un cyberharcèlement qui doit déboucher sur un procès en 2023.

Échaudé par ces polémiques récentes, le gouvernement a organisé ce vendredi une table ronde à Bercy pour mieux encadrer le secteur. Elle réunira des organisations représentatives du monde de la communication, des agents d’influenceurs, des réseaux sociaux, ainsi que des représentants de l’État.

Une proposition de loi déposée par Aurélien Taché

Le marché du marketing d’influence, qui consiste pour des marques à payer des influenceurs pour promouvoir leurs produits, a explosé ces dernières années. Il représentait en 2020 un marché mondial estimé à 9,7 milliards de dollars, selon des chiffres cités par l’ARPP, et à plus de 13 milliards l’an dernier.

Pour le moment en France, seules des démarches reposant sur des engagements volontaires ont vu le jour, comme le « Certificat de l’Influence responsable » de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) ou la « Charte de la relation Influenceurs » du Syndicat du Conseil en Relations Publics (SCRP). Selon cette organisation, la loi devrait interdire d’exercer à la fois l’activité de conseil en influence auprès des marques et le métier d’agent ou de régie d’influenceurs : un modèle économique susceptible d’entraîner des conflits d’intérêts et pourtant courant dans le secteur.

Le député EELV Aurélien Taché a de son côté déposé fin novembre à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à « encadrer les pratiques commerciales et publicitaires liées au marché de l’influence sur internet ». Elle rend notamment obligatoire les contrats écrits entre l’influenceur et ses commanditaires et agents, et prévoit une amende (jusqu’à 300 000 euros) si le caractère publicitaire d’un contenu n’est pas mentionné, et jusqu’à 2 ans de prison pour l’influenceur qui promeut des pratiques commerciales « interdites, déloyales ou trompeuses ».

AFP

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