Missions Artemis : qui seront les astronautes européens qui voyageront autour et sur la Lune ?

Avec l’ère de la Station spatiale internationale qui s’achève et celle des missions lunaires qui s’ouvre, les astronautes européens des promotions 2009 et 2022 peuvent tous rêver de la Lune. Mais tous ne vont pas y aller. Futura se hasarde à quelques pronostics.

La semaine dernière, l’Agence spatiale européenne (ESA) a présenté sa nouvelle promotion d’astronautes avec deux nouveaux corps. Cette promotion 2022, la quatrième de son histoire, comprend cinq astronautes de carrière, 11 astronautes réservistes et un astronaute porteur de handicap. D’ici deux ans, au terme de leur formation, ces nouveaux astronautes de carrière rejoindront ceux de la promotion 2009 qui, au nombre de sept, sont toujours en activité.

Ils entreront en service alors que s’ouvre une période excitante en matière de vols habités qui se « trouve à cheval entre deux ères, celle de l’ISS qui s’arrêtera à la fin de cette décennie et celle des missions Artemis qui s’ouvre pour plus longtemps », nous expliquait Jean-François Clervoy lors de la présentation des nouveaux astronautes de l’ESA.

 Ces nouveaux astronautes cohabiteront avec les astronautes de la promotion 2009 dont tous ont déjà effectué une mission à bord de la Station spatiale internationale et même deux pour quatre d’entre eux. Comme l’Agence spatiale européenne s’y est engagée, chaque astronaute de la promotion 2022 réalisera au moins un vol, voire deux si cela est possible. Sans surprise, leur première mission les cantonnera à l’orbite basse. Si tous n’iront pas à bord de la Station spatiale internationale, faute de temps ou de créneaux disponibles, du fait que le complexe orbital doit être désorbité en janvier 2031, l’ESA les affectera à des missions à bord des stations spatiales privées post ISS. 
Les Américains visent 2025 et la mission Artemis III pour retourner sur la Lune. © Nasa

En attendant d’en savoir plus sur le planning des missions de la promotion 2020, ceux de la promotion 2009 sont concernés par les futures missions lunaires réalisées dans le cadre du programme Artemis de la Nasa.

Comme nous le rappelle Didier Schmitt, « Artemis est un programme international avec l’ESA, le Canada et le Japon qui doit permettre pour la première fois de l’histoire à des non-Américains de séjourner à bord du Gateway et pour certains de marcher sur la Lune ». Mais, si la Nasa a ouvert son programme lunaire aux astronautes étrangers, « ce n’est pas sans contrepartie ».

La Nasa a expliqué que des astronautes étrangers pourront séjourner à bord du Gateway, selon les contributions des pays partenaires. Et l’ESA est « plutôt bien lotie car l’Europe est le principal contributeur au Gateway de la Nasa avec la fourniture des modules I-Hab et Esprit entre 2027 et 2028 ». I-Hab est le module d’habitation international et Esprit, un module comprenant plusieurs éléments dont un système de communication, un module de ravitaillement, un espace de travail pour les astronautes et également un observatoire à 360°.

 Tourner autour de la Lune, c’est bien. Marcher sur sa surface, c’est beaucoup mieux

Dans ce cadre-là, l’Agence spatiale européenne a donc « négocié et obtenu trois places pour ses astronautes entre 2025 et 2030 ». Elle a également négocié les « missions à bord desquelles voleront deux de ces trois astronautes qui participeront aux missions d’installation des modules I-Hab et Esprit que sont Artemis 4 et 5 ». Ces deux places devraient revenir à un Français et un Italien. En effet, en réalisant ces deux modules, la France et l’Italie peuvent s’attendre à ce que les deux astronautes qui seront affectés à ces missions soient un de leurs ressortissants. Pour la France, ce serait Thomas Pesquet. Quant aux Italiens, le choix sera difficile entre Lucas Parmitano et Samantha Cristoforetti. Mais rien n’est moins sûr.

 Il faut savoir qu’en ce moment, il y a en Europe une « volonté politique très forte pour envoyer un Européen sur la surface de la Lune d’ici la fin de la décennie ». Les Japonais ont également cette volonté de voir un de leurs ressortissants sur la Lune et souhaiteraient être les premiers étrangers à marcher sur la Lune. Si leur participation dans le Gateway se résume à des sous-systèmes dans le module I-HAB, ils sont tout de même très engagés dans le programme Artemis avec la fourniture d’un rover pressurisé qui est « leur monnaie d’échange pour faire débarquer un Japonais sur la Lune », nous explique Didier Schmitt. Leur pression auprès du gouvernement américain est d’autant plus forte que la mise en service et la première utilisation de ce rover sont prévues lors d’Artemis IV.
Quant aux contreparties européennes qui pourraient convaincre la Nasa d’emmener un astronaute européen, l’ESA propose l’atterrisseur lunaire polyvalent, autonome et de forte capacité Argonaut (anciennement EL3). Ce lander, dont la mise en service n’est pas prévue avant le début de la décennie 2030, pourrait servir à la logistique des missions Artemis. Le fret et le matériel ainsi transportés le seraient en échange d’un Européen sur la Lune. Comme autres services qui pourraient intéresser la Nasa, l’ESA pourrait proposer des services lunaires de communication et de navigation fournis par le programme Moonlight.

Sans surprise, l’équipage de deux astronautes qui débarquera sur la Lune lors d’Artemis III sera américain. Il sera composé d’un homme et une femme, dont un des deux sera de couleur. Lors de la mission suivante, Artemis IV, la Nasa débarquera de nouveau un équipage de deux astronautes qui comprendra un Américain et le premier astronaute non-américain qui pourrait être un Japonais. À partir d’Artemis V, les équipages qui débarqueront sur la Lune seront composés de quatre astronautes dont une ou un astronaute européen. Cette mission pourrait être réalisée entre 2032 et 2034.

Samantha Cristoforetti sera-t-elle la première européenne à marcher sur la Lune ?

Maintenant, une question taraude les États membres de l’Agence spatiale européenne : quelle sera la nationalité du premier européen à séjourner sur la Lune. Il ne fait guère de doute que l’ESA attribuera cette place à un des pays qui contribuent le plus au programme, soit à un Allemand, un Italien ou un Français. Après la déclaration du président Macron, d’intenses tractations politiques s’annoncent. Quant aux astronautes, ils devront accepter que des négociations politiques prennent le dessus sur la rotation des équipages. Le choix ne se fera donc pas seulement sur des critères d’aptitude physique et de compétence opérationnelle. Il faut savoir que tous les astronautes de l’ESA sont ou seront aptes à voler autour de la Lune.

Les paris sont donc ouverts pour savoir qui seront les astronautes de la promotion 2009 qui réaliseront les trois premières missions « Gateway » et qui marchera sur la Lune. Si l’on devait se hasarder aux petits jeux des pronostics pour savoir lequel des astronautes en service marchera sur la Lune en premier, on place l’Italienne Samantha Cristoforetti en tête de nos pronostics, suivie des Allemands Alexander Gerst et Matthias Maurer, et enfin Thomas Pesquet.

Cela dit, les retards dans le développement de l’atterrisseur lunaire fourni par SpaceX et la mise au point des futures combinaisons lunaires rend l’agenda de la Nasa difficile à prévoir. Personne ne s’attend à voir débarquer les Américains sur la Lune avant 2028, ce qui laisse à penser que Artemis IV ne pourra pas avoir lieu avant le début de la décennie 2030. Un calendrier qui fait les affaires des astronautes de la promotion 2022 car plus le temps passe, plus leur chance augmente d’être affectés à une mission lunaire !

futura

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