Au Kosovo, un regain de tensions avec la minorité serbe

Des échanges de tirs entre des Serbes et la police kosovare ont eu lieu samedi, dans un contexte de regain de tensions dans le nord du Kosovo. En réaction, la Serbie va demander à l’Otan l’autorisation de déployer des forces de sécurité dans le pays.

Des échanges de tirs ont opposé, samedi 10 décembre, des Serbes du Kosovo à la police nationale après que des centaines d’entre eux ont érigé des barricades sur une route dans le nord du pays, bloquant le trafic à deux importants points de passage à la frontière avec la Serbie.

Des camions, des ambulances et des engins agricoles avaient été mis en place pour bloquer la circulation dans un contexte de tensions marquées au cours des derniers jours par des explosions, des fusillades et une attaque ayant pris pour cible une patrouille de police. Un policier kosovar albanais a été blessé dans cette attaque.

Selon les médias locaux, les protestataires de la minorité serbe du Kosovo sont outrés par l’arrestation d’un ancien policier d’origine ethnique serbe, soupçonné d’être impliqué dans des attaques contre des policiers kosovars. Des manifestants ont expliqué à l’AFP qu’ils voulaient empêcher « le transfert à Pristina » de l’ancien policier arrêté.

Le ministre kosovar de l’Intérieur Xhelal Svecla a indiqué que l’ancien policier arrêté était l’un des deux suspects appréhendés après les attaques contre des patrouilles de police au cours des deux derniers jours.

Ces tensions ont éclaté après la décision des autorités kosovares d’organiser le 18 décembre dans les municipalités à majorité serbe des élections locales que les principaux partis politiques serbes ont annoncé vouloir boycotter.

Peu après la mise en place des barricades, la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, a annoncé qu’elle avait décidé de reporter les élections locales au 23 avril.

Plaques d’immatriculation

L’attaque dans laquelle le policier avait été blessé jeudi avait eu lieu après le déploiement dans le nord du Kosovo de policiers kosovars albanais. Selon le gouvernement, ce déploiement a été décidé après la démission collective des Serbes travaillant dans les institutions publiques, y compris la police. Les membres serbes des forces de l’ordre et les fonctionnaires avaient démissionné pour protester contre la décision des autorités kosovares de remplacer les plaques d’immatriculation émises par Belgrade par celles émises par Pristina.

Des manifestants serbes avaient bloqué en septembre le trafic aux deux principaux postes frontières entre le Kosovo et la Serbie, pour exprimer leur colère au sujet des plaques d’immatriculation.

La minorité serbe du Kosovo, qui compte au total environ 120 000 membres, refuse sa loyauté à Pristina avec les encouragements de Belgrade qui ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo proclamée en 2008.

Recours à l’Otan

Face à ce regain de tensions, le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé que son pays allait demander à l’Otan l’autorisation de déployer des forces de sécurité au Kosovo.

Le dirigeant a précisé lors d’une conférence de presse qu’il adresserait une lettre en ce sens au commandant de la Force pour le Kosovo (KFOR), dirigée par l’Otan sur mandat de l’ONU, en vertu de la résolution du Conseil de sécurité qui a mis fin à la guerre du Kosovo (1998-1999).

« Nous allons demander au commandant de la KFOR le déploiement d’effectifs militaires et policiers de la République de Serbie sur le territoire du Kosovo et de la Métochie (Metohija) », a-t-il dit, tout en ajoutant ne se faire « aucune illusion » sur la réponse.

Cette missive sera formalisée par le gouvernement serbe lundi ou mardi, a-t-il précisé.

Reuters

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