L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara a affirmé mardi au tribunal n’avoir donné d’ordre « à qui que ce soit » le 28 septembre 2009, jour de l’effroyable massacre commis par les forces de sécurité guinéennes au stade de Conakry.
« Je n’ai pas donné d’ordre (…) à qui que ce soit M. l’Empereur des poursuites », a lancé au procureur M. Camara, au deuxième jour de son interrogatoire à la barre.
Le capitaine Camara, 57 ans, répond avec une dizaine d’anciens responsables militaires et gouvernementaux d’une litanie de meurtres, actes de torture, viols et autres enlèvements commis le 28 septembre 2009 par les forces de sécurité au stade du 28-Septembre dans la banlieue de Conakry, où s’étaient réunis des dizaines de milliers de sympathisants de l’opposition, et aux alentours.
Les exactions avaient continué les jours suivants.
Au moins 156 personnes ont été tuées et des centaines blessées, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête mandatée par l’ONU.
Son ancien aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, alias « Toumba » avait accusé plus tôt dans le procès l’ex-chef de la junte d’avoir préparé le massacre et d’avoir affirmé ce jour-là: « Le pouvoir est dans la rue. Il faut les mater, leur faire regretter ».
« C’est archi-faux. Ce n’est pas la vérité », a répondu M. Camara. « Un homme qui a pris le courage de vous tirer à bout portant (…) par rapport à des allégations, est-ce qu’il va se gêner ? », a-t-il réagi.
Le procureur l’a ensuite longuement interrogé sur son attitude attentiste pendant les événements.
Intervenir ? « Cela aurait été encore plus un carnage (…) Je ne pouvais le faire et en le faisant, j’allais dangereusement compromettre la situation », s’est justifié M. Camara.
« J’ai tout de suite pris les dispositions pour arrêter l’élément principal qui était sous mon commandement », M. Sidiki Diakité, « sauf qu’il a aussitôt compris. Il s’est préparé conséquemment (…) Je ne pouvais pas l’arrêter parce qu’il était puissamment armé », a expliqué M. Camara.
« Je pense que M. le procureur, vous devriez m’en féliciter ». Si l’un d’entre nous avait perdu la vie, « il n’y aurait jamais eu ce procès-là », a-t-il poursuivi.
L’ancien dictateur a confirmé qu’il y avait notamment des éléments des bérets rouges, l’unité d’élite de l’armée guinéenne, qui ont perpétré les massacres dans le stade.
Lundi, Moussa Dadis Camara a nié ses responsabilités et crié au complot lors de sa première déposition devant le tribunal.
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