L’alliance du vaccin mise sur la production de doses en Afrique

L’alliance GAVI, qui œuvre pour la fourniture de vaccins dans les pays à faible revenu, veut financer le développement de capacités de production en Afrique, après les cruelles leçons de la pandémie de Covid-19.

GAVIet l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) – qui copilotent aux côtés de la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) le système Covax de distribution des vaccins anti-Covid – ont longtemps déploré le manque de solidarité concernant l’accès à ces produits dans les pays pauvres.

Un « facteur limitant » dans la distribution équitable des vaccins est le manque de diversité géographique des capacités de productions, et sur ce point l’Afrique « est le continent qui est vraiment laissé de côté », a affirmé le docteur Seth Berkley, directeur exécutif de GAVI, en conférence de presse.

La pandémie a montré la nécessité d’avoir « un regard sur la résilience de la production de vaccins régionale pour que chaque région puisse au moins aspirer à avoir le vaccin si, comme on l’a vu, il y a des restrictions et limitations aux exportations », a renchéri la directrice générale de GAVI pour la mobilisation des ressources, les partenariats avec le secteur privé et le financement innovant, Marie-Ange Saraka-Yao.

Fabrication régionale

Covax, créé avant même l’apparition des vaccins anti-Covid, a été victime entre autres de la stratégie des pays riches qui se sont accaparés le plus de doses possibles, mais aussi d’une longue interdiction d’exportation de l’Inde, où se trouvait sa principale source d’approvisionnement.

C’est pour cette raison que le Conseil d’administration de GAVI vient d’approuver un plan visant à encourager la fabrication régionale de vaccins, notamment en Afrique, et envisage de créer un instrument financier – une garantie de marché – visant à soutenir la production en Afrique.

« L’idée c’est vraiment d’aider la production régionale à atteindre un certain niveau pour l’immunisation en général, pas seulement pour les pandémies, au contraire, parce qu’un système régional ne pourra pas être efficace et rentable s’il ne couvre pas l’immunisation de routine », a expliqué Mme Saraka-Yao à l’AFP.

« Il faut d’abord augmenter [les capacités] pour l’immunisation de routine, puisqu’on a besoin de producteurs pour la fièvre jaune, pour la malaria, pour le cholera… Tout cela ce sont des antigènes pour lesquels on n’a pas assez de producteurs par exemple », a-t-elle indiqué.

Transfert des technologies

L’objectif est de pouvoir rapidement augmenter ces capacités de production en cas de nouvelle pandémie, en facilitant notamment les transferts de technologies.

Bien qu’ayant connu son lot de malheurs, Covax a réussi à fournir près de deux milliards de doses. Huit pays ont toujours un taux de vaccination inférieur à 10%, a indiqué Dr Berkley.

Il s’agit de Haïti, Madagascar, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Sénégal, le Yémen, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine et le Burundi. Ce dernier vient toutefois de rejoindre Covax la semaine dernière, s’est réjoui le patron de GAVI.

Les deux dirigeants de GAVI ont reconnu que Covax n’avait pas été parfait, mais ils ont souligné sa capacité d’adaptation. Mme Saraka-Yao a également fait valoir l’importance d’avoir en cas de future pandémie une garantie de marché (AMC) comme Covax l’a fait.

« Qu’est-ce que l’AMC Covax a fait ? Elle a garanti la demande. C’est important puisque par essence les épidémies sont volatiles, donc un producteur – même s’il a les capacités – ne voudra pas investir » sans garantie de marché, a-t-elle expliqué.

Selon elle, il est donc important, d’un côté, d’encourager l’offre régionale de vaccins et la capacité, de façon à pouvoir couvrir les besoins d’immunisation de routine et les besoins additionnels en cas d’épidémie, mais aussi garantir aux producteurs qu’il y a une garantie du côté de la demande.

africanews

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