Pour son quatrième lancement de l’année, le troisième avec une Ariane 5, Arianespace emportera trois satellites en orbite de transfert géostationnaire, dont le premier satellite Météosat de troisième génération (MTG) d’Eumetsat. Les deux autres satellites sont les satellites de télécommunications d’Intelsat Galaxy 35 et 36. Le décollage d’Ariane 5 est prévu aujourd’hui, le plus tôt possible entre 21 h 30 et 23 h 16 heure de Paris. Après ce vol, il restera à lancer seulement deux autres Ariane 5.
Une fois déployée, cette nouvelle constellation fonctionnera avec trois satellites — deux imageurs et un sondeur — en orbite géostationnaire à 36 000 km au-dessus de la Terre. Comme deux exemplaires de chaque satellite sont prévus, la continuité du service est garantie jusqu’en 2044 pour les satellites Imageurs et 2043 pour les satellites Sondeurs.
Une révolution dans les prévisions météorologiques des phénomènes les plus violents
Comme l’explique Phil Evans, directeur général d’Eumetsat, « cette constellation MTG est le système de satellites météorologiques en orbite géostationnaire le plus complexe et innovant jamais construit ». Cette constellation, réalisée sous la maitrise d’œuvre de Thales Alenia Space en partenariat avec OHB, renforcera la position dominante de l’Europe dans le domaine de la donnée météorologique depuis l’espace.
📷 #Awesome shots just coming in from our remote cameras at @EuropeSpacePort: @ariane5 #VA259 carrying @eumetsat #MTGI1 into space on 13 December 2022! (pics: ESA-M.Pédoussaut)
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— European Space Agency (@esa) December 13, 2022
Les satellites sondeurs infrarouges reconstitueront les profils de températures et d’humidité dans l’atmosphère et y détecteront ses instabilités avant même la formation des nuages tandis que l’instrument de détection des éclairs (Lightning Imager, LI), à bord des satellites imageurs, observera en permanence l’activité électrique sur l’ensemble du disque, entre les nuages et des nuages au sol. Cet instrument inédit en Europe, réalisé par Leonardo, est composé de quatre caméras. Il cartographiera en continu les éclairs entre les nuages, ainsi qu’entre les nuages et le sol. Sa conception n’a pas été une mince affaire quand on sait que la durée de vie d’un éclair est extrêmement courte, moins de 0,6 seconde. L’Intelligence artificielle sera utilisée pour repérer ces éclairs.
On gagne un jour de prévision tous les 10 ans
Si l’amélioration des prévisions sera importante, il est néanmoins difficile de la quantifier. En effet, il faut savoir que ce ne sont pas les satellites qui font les prévisions. Ils se « contentent » d’observer la machine climatique et météorologique et ne sont que des satellites d’observation. Ce n’est pas directement à partir des données qu’ils récupèrent que les prévisions se font mais à partir des modèles numériques d’évolution du temps que ces données vont alimenter. Ces modèles vont simuler en temps réel l’évolution de l’atmosphère, dont l’analyse par des prévisionnistes du temps, et vont permettre de prévoir le temps qu’il fera les minutes, heures et jours suivants.
What's up with #MTGI1?
The satellite is a mere 10 days from launch🚀
MTG-I1 is currently in Kourou in the hands of @esa and @eumetsat teams and of course @Arianespace.
On Monday join us live for a last briefing before the satellite's last week on Earth: https://t.co/DtRSHGX0kf pic.twitter.com/zBJSEXFKO0— ESA Earth Observation (@ESA_EO) December 4, 2022
Sans surprise, avec des images plus fréquentes et plus précises, on aura de meilleures prévisions sur le temps qu’il fait à un instant T, de sorte que les prévisions du temps à venir les minutes et les heures suivantes seront plus précises.
L’altitude à laquelle évolueront ces satellites MTG contribue également à l’amélioration des prévisions à 10 jours. Alors que les satellites des deux précédentes générations se situaient bien plus bas, ceux de la troisième génération se situent à 36 000 kilomètres d’altitude.
La prévision météorologique, c’est aussi sauver des vies et limiter les dégâts sur les biens et les infrastructures économiques. Les populations européennes et leurs économies vont donc être les bénéficiaires directes de ces prévisions météorologiques améliorées.
L’Agence européenne pour l’Environnement estime que les événements liés à la météorologie et au climat ont entraîné des pertes économiques pouvant se chiffrer à 520 milliards d’euros dans l’Espace économique européen entre 1980 et 2020. Ce sont quelque 145 000 vies qui ont été perdues au cours de cette même période.
Dans un climat en mutation, les phénomènes météorologiques violents qui touchent l’Europe et le reste du monde « sont et seront de plus en plus fréquents », précise Phil Evans. Et de rappeler que le « but de cet investissement de plusieurs milliards d’euros (1,4 md fournis par l’ESA et 2,4 par Eumetsat) » n’est pas seulement scientifique, mais de « mettre à disposition des services météorologiques de nos États membres un volume bien plus important d’informations plus précises qui les aideront à préserver des vies, des biens et des infrastructures. Ce système va en effet littéralement sauver des vies ».
FUTURA