Les producteurs ukrainiens récompensés par le Prix Eurimages

À Reykjavik, lors de la cérémonie des Prix du cinéma européen, tous les producteurs ukrainiens ont été récompensés par Eurimages, le Fonds culturel du Conseil de l’Europe. Un signal fort envoyé à une jeune industrie cinématographique en plein essor, mais durement touchée par la guerre.

Julia Sinkevych, productrice ukrainienne et ex-directrice du festival du film d’Odessa, a été la porte-parole de ses compatriotes et confrères. Certains d’entre eux sont actuellement sur le front en Ukraine et y risquent leur vie. « C’est un grand honneur de représenter tous les producteurs ukrainiens ici et de recevoir ce prix pendant ces moments agités et tragiques que l’Ukraine traverse, » a indiqué Julia Sinkevych lors de la cérémonie.

Hommage à Mantas Kvedaravičius

La plupart des producteurs ukrainiens sont restés dans leur pays. Plusieurs films ukrainiens, fictions ou documentaires, ont été nommés pour les Prix du cinéma européen et c’est « Mariupolis 2 » du Lituanien Mantas Kvedaravičius, assassiné par les Russes lors du siège de la ville ukrainienne en avril, qui a reçu à titre posthume, le prix du meilleur documentaire. 

Il a été remis à sa fille Tėja Kvedaravičius qui s’est exprimée sur scène. « Le réalisateur de ce film, mon père, n’a pas pu être présent aujourd’hui, alors je tenais à dire à quel point je suis fière de lui, » a-t-elle indiqué. « Il a perdu la vie en faisant preuve d’une abnégation que la plupart d’entre nous ne peuvent espérer atteindre, en fournissant des médicaments aux gens : j’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu quelqu’un d’aussi brillant dans ma vie, » a-t-elle souligné.

Une immersion brutale dans le chaos de la ville ukrainienne, aux côtés d’une poignée de survivants. Le film a été achevé après la mort du cinéaste par sa compagne et a été présenté à Cannes in extremis.

« Faire de la production en Ukraine est extrêmement compliqué »

Euronews a rencontré à Reykjavik deux productrices qui représentaient l’ensemble de leur profession. « Les cinéastes et les créateurs réagissent de différentes manières, » a fait remarquer Julia Sinkevych. « Certains ont ce pouvoir créatif qui leur permet d’aller de l’avant ou de créer de nouvelles histoires et de nouveaux films et d’autres sont simplement démotivés, n’avancent plus et doivent déjà se battre pour leur survie physique, » a-t-elle ajouté.

« Faire de la production en Ukraine à l’heure actuelle est extrêmement difficile et compliqué, je ne souhaite à aucun de mes collègues européens de se retrouver à cette place et dans cette situation, » a renchéri sa consœur Darya Bassel.

Darya Bassel a produit « Butterfly Vision » de Maksym Nakonechnyi, présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes.

Darya Bassel a produit « Butterfly Vision » de Maksym Nakonechnyi, présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes.

L’histoire d’une femme soldat ukrainienne, violée par les Russes dans le Donbass, rappelant que la guerre a bel et bien débuté en 2014. La fiction en Ukraine n’est malheureusement jamais bien loin de la réalité….

euronews

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