Twitter suspend les comptes de journalistes couvrant Elon Musk, l’Union européenne menace de «sanctions»

Certains de ces journalistes avaient tweeté à propos de la décision de Twitter de suspendre le compte qui rapportait les trajets du jet privé d’Elon Musk.

Twitter a suspendu jeudi 15 décembre les comptes de plusieurs journalistes qui couvraient le réseau social et son nouveau propriétaire, Elon Musk. Certains des journalistes avaient réagi à la décision de Twitter, mercredi, de suspendre le compte qui rapportait automatiquement les trajets du jet privé d’Elon Musk. Parmi les journalistes suspendus figurent des employés de médias comme CNN, le New York Times, ou le Washington Post, d’autres étant journalistes indépendants. Le milliardaire américain s’est défendu vendredi matin dans un tweet : «S’ils sont vilains, ils sont bannis».

«La suspension impulsive et injustifiée d’un certain nombre de reporters comme celui (du journaliste) de CNN Donie O’Sullivan est inquiétante mais pas surprenante», a réagi dans un communiqué la chaîne américaine. «L’instabilité et la volatilité croissante de Twitter sont particulièrement préoccupantes pour quiconque utilise la plateforme. Nous avons demandé une explication à Twitter, et nous réévaluerons notre relation en fonction de cette réponse», ajoute CNN.

La décision du réseau social soulève l’indignation. La vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourova, l’a jugé vendredi «inquiétante» et averti le patron du réseau social, Elon Musk, qu’il y aurait «bientôt» des «sanctions» applicables dans le cadre de la législation européenne. En France, le ministre chargé du Numérique Jean-Noël Barrot s’est déclaré «affligé par la dérive dans laquelle Elon Musk précipite Twitter», lui reprochant d’«attenter» à la «liberté de la presse». Roland Lescure, ministre chargé de l’Industrie, a décidé de cesser toute activité sur son compte Twitter «jusqu’à nouvel ordre».

Le ministère allemand des Affaires étrangères a, de son côté, manifesté son inquiétude pour «la liberté de la presse». Elle «ne doit pas être activée et désactivée à convenance», écrit le ministère sur son compte Twitter, au-dessus d’une capture d’écran des comptes suspendus. «Pour cette raison, nous avons un problème avec Twitter», ajoute la diplomatie allemande.

Au-delà des comptes Twitter de journalistes, celui de Mastodon, concurrent du réseau social, a également été suspendu, selon NBC News. Il n’est de surcroît plus permis de partager un lien vers son compte Mastodon depuis Twitter.

Elon Musk a tweeté mercredi qu’une voiture à Los Angeles avec son enfant à bord avait été suivie par «un harceleur cinglé», et semblait pointer du doigt le suivi de son jet privé comme en étant la raison. Il annonçait dans ce tweet qu’il allait poursuivre en justice la personne derrière le compte @ElonJet, désormais suspendu. Créé par un étudiant et suivi par environ 500.000 personnes, @ElonJet utilisait les données publiques pour indiquer, de façon automatique, quand et où l’appareil du patron de SpaceX et Tesla décollait et atterrissait.

Twitter avait communiqué par la suite pour annoncer que son règlement interdisait désormais la plupart des tweets qui indiquaient la position de quelqu’un en temps réel. «Poster la position géographique de quelqu’un en temps réel viole le règlement sur le “doxing”, mais le mettre en ligne en différé est autorisé», avait tweeté, mercredi, Elon Musk. Le terme «doxing» signifie divulguer, sur Internet le plus souvent, des informations personnelles relatives à un individu, sans son accord.

À son arrivée à la tête de Twitter, Elon Musk avait promis de ne pas toucher au compte @ElonJet. Depuis son rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars, le milliardaire a envoyé des messages contradictoires sur ce qui y est autorisé ou non. Se disant fervent défenseur d’une grande liberté d’expression – tant que les propos respectent la loi – il a rétabli des comptes auparavant bannis par le réseau social, dont celui de Donald Trump. Mais il a aussi suspendu celui de Kanye West après la publication de plusieurs messages jugés antisémites et refusé le retour sur la plateforme du complotiste d’extrême-droite, Alex Jones.

Vendredi, il a également posté un sondage sur Twitter, demandant aux internautes s’il devait «annuler la suspension des comptes» qui ont révélé sa position en temps réel maintenant, ou dans une semaine. Plus de 1,5 million de personnes avaient répondu, à 10h30.

afp

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