En 2022, 30 pays ont signalé des cas de choléra alors que lors des cinq dernières années 20 avaient été recensés. Les épidémies de choléra prennent de l’ampleur, s’étendent sur un plus grand nombre de pays et durent plus longtemps. La mortalité plus élevée est liée aux retards dans la prise en charge des cas, alors que pour cette maladie, elle est relativement simple et peu coûteuse et peut être facilement déployée. Actuellement, Médecins Sans Frontières (MSF) intervient dans plus de 10 pays où la situation est préoccupante, nécessitant une réponse considérable de MSF. Afin de d’en savoir un peu plus sur le choléra, nos équipes répondent à quatre questions.
Pourquoi les épidémies de choléra sont-elles si nombreuses aujourd’hui ?
En 2022, au moins 30 pays ont connu des épidémies de choléra ou de maladies apparentées au choléra. Mais il ne s’agit pas d’une seule grande épidémie. Pour la plupart des pays, la flambée actuelle de choléra est due à des conditions spécifiques et locales. Les facteurs de risque sont bien connus et toujours liés à l’accès à l’eau potable et aux systèmes l’évacuation des eaux usées.
- Crises politiques et/ou militaires prolongées : ce type de crises peut entraîner un manque d’entretien des infrastructures d’eau potable et/ou d’assainissement. C’est le cas aujourd’hui dans des pays comme Haïti, la Somalie ou la Syrie.
Les catastrophes naturelles : La chaleur et la sécheresse peuvent réduire la quantité d’eau potable disponible obligeant les populations à utiliser des sources non propres. Les inondations, quant à elles, peuvent faciliter la propagation de la bactérie vers des sources d’eau normalment sûres. En 2022, des pays comme la Somalie, le Kenya et l’Ethiopie ont souffert de graves sécheresses. D’autres, comme le Soudan du Sud et le Nigeria, ont connu des inondations.
Des personnes en mouvement : Les réfugiés doivent souvent rester dans des endroits où l’accès à l’eau potable est insuffisant, et les autorités n’investissent pas nécessairement dans des infrastructures adéquates pour l’eau et les déchets dans les camps de réfugiés. Cette année, des épidémies de choléra se sont déclarées dans des camps de réfugiés au Liban, en Somalie et au Nigeria.
Quels sont les défis à relever aujourd’hui ?
Avec une réhydratation orale pour la plupart des patients, et une réhydratation intraveineuse pour les cas plus graves, le choléra est facile à traiter. S’ils sont traités à temps, plus de 99 % des patients survivront à la maladie. En fournissant de l’eau potable et en traitant correctement les eaux usées, on évite que les gens ne soient infectés en premier lieu. Il existe également un bon vaccin contre le choléra.
Néanmoins le traitement et la prévention du choléra s’accompagnent de défis logistiques considérables. La mise en place de centres de traitement du choléra nécessite beaucoup de matériels, tout comme les structures d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Dans les endroits peu sûrs ou difficiles d’accès, cela représente une contrainte énorme. Et le nombre d’épidémies cette année rend la situation très difficile car il y a déjà une pénurie de vaccins contre le choléra et l’approvisionnement d’autres matériaux essentiels, comme la solution pour la réhydratation intraveineuse, est également sous pression.
En outre, il arrive que les gouvernements ne veuillent pas déclarer officiellement les épidémies de choléra, souvent pour des raisons politiques. Il est donc très difficile d’informer correctement la population sur la façon dont elle peut se protéger, et il est impossible d’organiser une vaccination contre le choléra.
Que fait MSF aujourd’hui ?
MSF gère aujourd’hui des programmes contre le choléra dans 10 pays (Kenya, Ethiopie, Somalie, Cameroun, Nigeria, Haïti, Liban, Syrie, Malawi et RDC). Nos équipes sont impliquées dans la prévention via la promotion de la santé, des travaux de réhabilitation du réseau d’eau et d’assainissement, et des campagnes de vaccination. Nous travaillons également dans des unités de traitement du choléra au sein de structures médicales existantes pour soigner les patients, et nous avons mis en place des centres de choléra plus grands où des centaines de patients atteints du choléra peuvent être admis simultanément.
msf