À la COP15 à Montréal, la France, avec l’Union européenne et le Costa Rica notamment, portent dans les négociations l’objectif de protéger 30% des terres et des mers d’ici à 2030. Un objectif ambitieux, mais qui pourrait n’être qu’un coup d’épée dans l’eau si les pays ne s’engagent pas sur la qualité des aires marines protégées. Un point qui inquiète certaines ONG.
La France protège déjà plus de 30% de son territoire maritime. Mais quand on y regarde de plus près, les aires marines strictement préservées ne sont pas légion, rapporte notre envoyée spéciale à Montréal, Lucile Gimberg.
Julien Rochette, responsable du programme Océans à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI): « En termes de qualité, c’est-à-dire en termes de protection effective, il y a seulement un peu plus de 1,7% des eaux françaises qui sont sous protection forte. Ça veut dire que dans les aires marines protégées qui ne sont pas sous protection stricte, on a des activités humaines de type pêche et industrie extractive qui peuvent tout à fait être autorisées. » Et les zones fortement protégées sont surtout dans les terres australes, c’est-à-dire loin de la France hexagonale, des routes maritimes ou des littoraux où les activités humaines mettent en danger les écosystèmes.
Trouver un consensus sur la protection de ces aires
Certaines ONG comme Bloom ou Avaaz vont plus loin et elles accusent la France de saboter les discussions de Montréal sur la qualité des aires protégées. De l’agitation contre-productive, réplique le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu: « Qu’on dise : « Attention à ne pas avoir un accord de papier », je suis le premier à porter ça ! Mais dans un premier temps, la question, c’est : est-ce qu’on a un accord ? Le combat dans lequel on est, c’est de savoir comment on se débrouille pour sortir d’ici avec un accord avec des dizaines de pays qui ne veulent même pas entendre parler de protection. Et la France, elle ne dit pas qu’elle fait tout bien. »
Si un accord quantitatif est trouvé à la COP15, il reviendra alors à chaque pays de garantir la qualité des protections mises en place.
Les enjeux autour des pesticides
Durant la COP15 à Montréal, l’un des points les plus sensibles dans les discussions est la question des pesticides, dangereux pour la santé et responsables de la disparition de nombreux insectes, notamment les pollinisateurs indispensables aux cultures. Beaucoup de pays africains craignent qu’une réduction trop rapide de l’usage de ces produits chimiques en agriculture mette en danger leur sécurité alimentaire.
Paul Leadley est écologue à l’université de Paris-Saclay et conseiller scientifique auprès de délégations présentes à Montréal: « S’il y a une diminution de 50% de l’usage de pesticides, qui est décidée à l’échelle globale, comme c’est clairement affiché par la communauté européenne par exemple pour certains pays, notamment en Afrique, ça va être difficile de diminuer la quantité de pesticides qui est utilisée puisqu’ils en utilisent déjà très peu. »
Pour cet écologue, il est extrêmement important de ne pas suivre le même chemin de développement que les pays développés, ou des pays qui étaient la cible de la « green revolution », comme en Asie notamment qui a énormément augmenté sa production agricole, avec l’utilisation massive de pesticides et d’engrais. « Donc il y a une autre voie, qui est d’augmenter la productivité de ces systèmes par des méthodes qu’on dit d’agroécologie, où on va plutôt s’appuyer sur le fonctionnement naturel des systèmes agricoles pou gérer les problèmes de maladies, d’insectes et de mauvaises herbes », estime Paul Leadley.
rfi