Le PDG du réseau social a mis son poste entre les mains de ses utilisateurs, auxquels il demande de voter pour ou contre son départ. Twitter menace aussi de suspendre dorénavant tout compte qui promeut des réseaux sociaux concurrents.
Quelques heures plus tôt, la plate-forme était partie en guerre contre les réseaux sociaux concurrents. Dans un communiqué, la société a écrit que « Twitter n’autorise plus la promotion gratuite de certains réseaux sociaux sur Twitter », précisant que sont concernés Facebook, Instagram, Mastodon, Truth Social, Tribel, Post et Nostr, ainsi que « des liens vers des agrégateurs de réseaux sociaux comme linktr.ee, lnk.bio ». Il devient ainsi interdit de tweeter : « Merci de me suivre @Identifiant sur Instagram ».
Les utilisateurs qui iront à l’encontre de ce règlement risquent une suspension de leur compte : « Si des violations à la règle restent un acte isolé ou une première infraction, nous pourrons prendre un certain nombre de mesures allant de la suppression d’un ou de plusieurs tweets jusqu’au verrouillage temporaire de compte(s) », détaille Twitter. Mais « toute récidive entraînera une suspension permanente », avertit la plate-forme.
Les tweets ne sont pas les seuls à être concernés par cette nouvelle politique, puisque la biographie et le nom de l’utilisateur ne peuvent pas non plus contenir de lien, sous peine également de suspension temporaire, voire permanente.
Ces nouvelles règles sont annoncées alors que de nombreux utilisateurs de Twitter ont récemment dit qu’ils envisageaient de migrer vers d’autres plates-formes, ce qui préoccupe très probablement le nouveau patron de l’entreprise établie à San Francisco. Le changement a aussi suscité l’incompréhension de Jack Dorsey, le cofondateur de Twitter, société qu’il a quittée en 2021. « Pourquoi ? », a-t-il sobrement tweeté.
M. Musk est revenu plus tard sur ses intentions. Il a tweeté que, au lieu de cibler des tweets individuels, la politique se limiterait à « suspendre des comptes uniquement lorsque l’objectif principal d’un compte est la promotion de concurrents ». Il a ensuite affirmé : « A l’avenir, il y aura un vote pour des changements politiques majeurs. Mes excuses. Cela ne se reproduira plus. »
Suspension puis rétablissement de comptes de journalistes
Elon Musk, qui a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars, et se dit un fervent défenseur de la liberté d’expression, a envoyé des messages contradictoires : il a rétabli des comptes qui étaient auparavant bannis, dont celui de Donald Trump, mais a aussi suspendu celui de Kanye West après la publication de plusieurs messages jugés antisémites, et refusé le retour sur la plate-forme du complotiste d’extrême droite Alex Jones.
Il avait suspendu plus tôt dans la semaine les comptes Twitter de plusieurs journalistes, qu’il accusait de mettre sa famille en danger. La polémique avait débuté mercredi, lorsque le patron de Tesla et SpaceX avait annoncé qu’il suspendait @elonjet, un compte qui rapportait automatiquement les trajets de son jet privé. Certains comptes avaient ensuite tweeté à propos de cette décision. Ces derniers ont été rétablis samedi, mais certains ont fait savoir qu’ils avaient été sommés d’effacer certaines publications s’ils voulaient pleinement utiliser la plate-forme.
Samedi soir, le compte Twitter de Taylor Lorenz, une journaliste du Washington Post qui couvre le secteur des technologies pour le quotidien, a été suspendu sur décision d’Elon Musk, avant d’être rétabli dimanche. Taylor Lorenz a expliqué avoir posé sur Twitter une question à Elon Musk, pour un article qu’elle est en train d’écrire, car elle n’arrivait pas à le joindre par les canaux traditionnels.
Sally Buzbee, rédactrice en chef du Washington Post, a écrit dans un communiqué que la « suspension arbitraire d’un autre journaliste du Post sape davantage l’affirmation d’Elon Musk selon laquelle il a l’intention de faire de Twitter une plate-forme consacrée à la liberté d’expression ».
Le patron de Twitter s’est attiré les foudres de l’Union européenne et de l’ONU, la vice-présidente de la Commission européenne le menaçant même de sanctions. Sur Twitter, justement, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué français chargé de la transition numérique et des télécommunications, a évoqué « une pratique contraire à la liberté d’expression qui sera illégale en Europe dès 2023 grâce au DSA [Digital Services Act] ».