La COP15 adopte un accord historique pour enrayer la destruction de la biodiversité

Les pays du monde entier ont conclu, lundi, un accord historique à Montréal, au Canada, pour enrayer la destruction de la biodiversité et des ressources indispensables à l’humanité. Cet accord vise à protéger 30 % de la planète d’ici 2030.

C’est un pas en avant pour sauvegarder la nature. Les pays du monde entier ont conclu, lundi 19 décembre, un accord historique à Montréal, au Canada, pour enrayer la destruction de la biodiversité et des ressources indispensables à l’humanité, lors de la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15).

« L’accord a été adopté », a déclaré Huang Runqiu, le président chinois de la COP15, lors d’une séance plénière organisée en pleine nuit, avant de laisser retomber son marteau sous les applaudissements des délégués aux traits tirés par la fatigue.

Protéger 30 % de la planète d’ici 2030
Après quatre années de négociations difficiles, dix jours et une nuit de marathon diplomatique, plus de 190 États sont parvenus à un accord sous l’égide de la Chine, présidente de la COP15, malgré une opposition de la République démocratique du Congo.

Ce « pacte de paix avec la nature » appelé « accord de Kunming-Montréal » vise à protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.

Les pays se sont mis d’accord sur une feuille de route visant notamment à protéger 30 % de la planète d’ici 2030 et à débloquer 30 milliards de dollars d’aide annuelle à la conservation pour les pays en développement.

« Nous avons ensemble franchi un pas historique », s’est félicité Steven Guilbeault, le ministre de l’Environnement du Canada, pays hôte du sommet.

La création d’aires protégées sur 30 % de la planète, la plus connue de la vingtaine de mesures, a été présentée comme l’équivalent pour la biodiversité de l’objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. À ce jour, 17 % des terres et 8 % des mers sont protégées.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué le « résultat historique » de cet accord qui « complète » celui de Paris pour le climat.

Le monde a « désormais deux champs d’action pour aller vers une économie durable d’ici 2050 », a-t-elle ajouté.

Le texte donne également des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80 % de la biodiversité subsistante sur Terre : il propose de restaurer 30 % des terres dégradées et de réduire de moitié le risque lié aux pesticides.

Et pour tenter de résoudre la question financière toujours brûlante entre le Nord et le Sud, la Chine propose par ailleurs d’atteindre « au moins 20 milliards de dollars » d’aide internationale annuelle pour la biodiversité d’ici 2025 et « au moins 30 milliards d’ici 2030 ».

La nouvelle « étoile polaire »
« La plupart des gens disent que c’est mieux que ce que nous attendions des deux côtés, pour les pays riches comme pour ceux en développement. C’est la marque d’un bon texte », a confié à l’AFP Lee White, ministre gabonais de l’Environnement.

Pour Masha Kalinina de l’ONG Pew Charitable Trusts : « protéger au moins 30 % des terres et des mers d’ici 2030 est la nouvelle étoile polaire que nous utiliserons pour naviguer vers le rétablissement de la nature ».

« Les élans, les tortues de mer, les perroquets, les rhinocéros, les fougères rares font partie du million d’espèces dont les perspectives d’avenir seront considérablement améliorées » par cet accord a complété Brian O’Donnell, de l’ONG Campaign for nature.

Ce texte est « un pas en avant significatif dans la lutte pour la protection de la vie sur Terre, mais cela ne suffira pas », a noté auprès de l’AFP Bert Wander de l’ONG Avaaz.

« Les gouvernements devraient écouter ce que dit la science et accroître rapidement leurs ambitions pour protéger la moitié de la Terre d’ici 2030 », a-t-il ajouté.

75 % des écosystèmes mondiaux altérés par l’activité humaine
D’autres défenseurs de l’environnement craignaient également des échéances trop lointaines au vu de l’urgence actuelle.

Car les scientifiques sont formels, le temps presse. 75 % des écosystèmes mondiaux sont altérés par l’activité humaine, plus d’un million d’espèces sont menacées de disparition et la prospérité du monde est en jeu : plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses services.

D’autant plus que le plan décennal précédent signé au Japon en 2010 n’a atteint quasiment aucun de ses objectifs, notamment en raison de l’absence de mécanismes d’application véritables.

Estimant que l’humanité était devenue une « arme d’extinction massive », le chef de l’ONU Antonio Guterres avait appelé les parties à conclure un « pacte de paix avec la nature ».

Mais les discussions ont bien failli achopper sur la question financière, qui est resté jusqu’au bout au cœur des débats même pendant la session plénière d’adoption avec des objections de plusieurs pays africains. Comme lors des discussions sur le climat en Égypte en novembre, cela a créé des tensions entre pays riches et pays du Sud.

En échange de leurs efforts, les pays les moins développés réclamaient aux pays riches 100 milliards de dollars par an. Soit au moins dix fois l’aide internationale actuelle pour la biodiversité.

Outre les subventions, les pays du Sud poussaient aussi fortement à la création d’un fonds mondial dédié à la biodiversité, une question de principe, à l’image de celui obtenu en novembre pour les aider à affronter les dégâts climatiques.

Sur ce point, la Chine propose comme compromis d’établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l’actuel Fonds mondial pour l’environnement (FEM), dont le fonctionnement actuel est jugé très déficient par les pays les moins développés.

AFP

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