Déja condamné en 2020, Harvey Weinstein a à nouveau été reconnu coupable d’un viol et de deux agressions sexuelles, ce lundi 19 décembre, à Los Angeles.
Harvey Weinstein, ex-producteur déchu d’Hollywood reconnu coupable en 2020 de multiples violences sexuelles, a à nouveau été condamné par la justice de Los Angeles, ce lundi 19 décembre. Le verdict est toutefois partiel puisqu’il a été déclaré coupable d’un viol et de deux agressions sexuelles, soit la moitié des chefs d’accusation pour lesquels il était poursuivi.
A l’origine, ce nouveau procès opposait l’intéressé à cinq accusatrices mais l’une d’entre elles a finalement renoncé à témoigner. Les quatre plaignantes restantes ont accusé Harvey Weinstein avec force détails de les avoir contraintes à des relations sexuelles dans des hôtels de Beverly Hills et Los Angeles, entre 2004 et 2013.
Après deux semaines de délibération, les jurés ont estimé l’ancien producteur coupable de toutes les accusations portées par la première plaignante, restée anonyme. Ils l’ont déclaré non coupable concernant celles d’une deuxième femme et n’ont pas formulé de verdict pour les deux autres témoignages.
Bien que partagé, ce verdict pourrait signifier 24 ans de prison supplémentaires pour Harvey Weinstein. Ce dernier purge déjà une peine de 23 ans de prison après sa condamnation à New York en 2020 pour des faits similaires. Les premières accusations à son encontre avaient été révélées par la presse en 2017 et avaient lancé #MeToo, mouvement mondial de libération de la parole des femmes concernant les violences sexistes et sexuelles.
Au cours de ce nouveau procès, l’accusation a décrit l’accusé comme un «prédateur» qui a profité de sa mainmise sur Hollywood. Son succès en tant que producteur, les films qu’il a produit ont reçu plus de 330 nominations aux Oscars et 81 statuettes, a longtemps empêché ses victimes de parler, notamment par peur de répercussions sur leur carrière.
UNE PLAIGNANTE INCRIMINÉE PAR LA DÉFENSE
Durant ces semaines d’audience éprouvantes, la défense a toutefois systématiquement mis en doute la parole des quatre plaignantes, insistant notamment sur le manque de preuves matérielles et d’éléments médico-légaux. L’une des accusatrices, qui a révélé son identité au cours du procès, a particulièrement été incriminée par les avocats d’Harvey Weinstein.
Il s’agit de Jennifer Siebel-Newsom, l’épouse du gouverneur de Californie Gavin Newsom. La défense a instillé le doute chez les jurés en avançant qu’elle avait eu une relation consentie avec Harvey Weinstein, en échange de faveurs à Hollywood. Selon les avocats, elle aurait ensuite regretté et profité de l’avalanche d’accusations contre l’ex-producteur pour se présenter comme une victime.
Jennifer Siebel-Newsom est l’une des deux femmes pour lesquelles le jury n’a pas prononcé de verdict. Dans un communiqué publié lundi, elle s’est malgré tout félicité de la reconnaissance de culpabilité partielle obtenue. «Harvey Weinstein ne violera plus jamais d’autre femme», a-t-elle souligné. «Il va passer le reste de sa vie là où il le mérite, derrière les barreaux.»
Jennifer Siebel Newsom a toutefois estimé que «ce procès a été un puissant rappel du travail qu’il nous reste à faire en tant que société». Elle a dénoncé «le sexisme, la misogynie et les tactiques de harcèlement» employés par les avocats de l’ex-producteur pour «nous ridiculiser, nous les survivantes».
«HARVEY WEINSTEIN A DÉTRUIT UNE PARTIE DE MOI»
De son côté, le procureur de Los Angeles, George Gascon, s’est dit «déçu» de voir «le jury partagé sur certains des chefs d’accusation». Il espère toutefois «que son verdict partiel apporte au moins un peu de justice aux victimes».
La première des plaignantes, à qui les jurés ont donné entièrement raison, a elle aussi réagi dans un communiqué ce lundi. «Harvey Weinstein a détruit une partie de moi pour toujours», a-t-elle écrit, avant d’espérer qu’il «ne voit jamais de sa vie l’extérieur d’une cellule de prison».
Le verdict de ce nouveau procès était particulièrement important pour Harvey Weinstein, car la Cour suprême de New York l’a autorisé en août à faire appel de sa condamnation de 2020. La juridiction avait d’abord refusé, ce qui avait constitué une victoire du mouvement #MeToo, mais elle est revenue sur sa décision. Ce lundi, l’ex-producteur a plongé la tête dans ses mains lorsque les déclarations de culpabilité ont été prononcées.
Au total, près de 90 femmes, dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow et Rosanna Arquette, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Le délai de prescription a toutefois été dépassé dans nombre de ces affaires, certaines remontant à 1977. L’ex-producteur est également inculpé au Royaume-Uni, pour des agressions sexuelles qui remonteraient à 1996.
afp