Cela faisait plus d’une année que Paris avait imposé des restrictions strictes en termes d’octroi des visas, une décision qui a été considérée comme « injustifiée » et qui a constitué l’un des points de divergence entre le Maroc et la France. Toutefois, à l’issue de la récente visite de la ministre française des affaires étrangères dans le Royaume, il a été convenu de restaurer cette relation consulaire afin d’apaiser les tensions créées.
La réduction des visas octroyés a été décidée par les autorités françaises fin 2021 et a depuis pris pleinement effet tout au long de l’année avant que les cours ne reviennent à la normale suite à la dernière visite de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, au Maroc. Lors de cette visite de deux jours, la diplomate française s’est entretenue avec son homologue marocain, Nasser Bourita, une rencontre qui a abouti, finalement, à la fin de la crise des visas.
« La décision de la France de restreindre les visas était une décision unilatérale, mais considérée souveraine, prise par le quai d’Orsay pour les trois pays du Maghreb (Maroc, la Tunisie et l’Algérie). Le statu quo sur la règle des 50% des visas attribués aux citoyens maghrébins a été résolu en premier avec l’Algérie, suivie de la Tunisie et enfin après plus d’une année de froid entre Rabat et Paris, ce problème a été résolu« , rappelle Karima Rhanem, présidente du Centre International de Diplomatie, à Hespress FR.
Selon l’experte, le problème a commencé avec « l’approche française pour résoudre le problème des ressortissants en situation irrégulière ayant été expulsés par la France. La réduction du nombre de visas allant jusqu’au refus de près de 70% des demandes en provenance du Maroc, qui ont été rejetées par les services consulaires français sans justification, a suscité la colère des demandeurs et l’indignation de la société civile et des parlementaires« .
« Néanmoins, le Maroc qui respecte la souveraineté des décisions de ses partenaires, n’a pas voulu commenter officiellement cette décision relative à la restriction des visas« , a-t-elle souligné, notant que « la France, par cet acte, a voulu mettre la pression sur le gouvernement marocain, jugé selon elle +peu coopératif+ sur la réadmission des Marocains expulsés de France« .
La présidente du CID précise que cette crise de visas a posé un problème de droit, « les données personnelles des Marocains sont utilisées par une société tierce, partie qui n’a pas le droit de retenir les informations à caractère personnelle en l’absence d’une garantie de protection de donnés« .
Toutefois, les restrictions dans la délivrance des visas français n’était pas le seul problème. « Les motifs de contentieux entre Paris et Rabat se sont accumulés depuis l’affaire de Pegasus, la visite d’Emmanuel Macron à Alger, le vote pour la résolution 2654 concernant le différent régional sur le Sahara marocain sans présenter les explications habituelles du vote…« , poursuit-elle.
Si un retour à la normale en matière de visas a été opéré, des points de divergence demeurent, concernant notamment la position de la France vis-à-vis de l’intégrité territoriale du Royaume. Toutefois, pour plusieurs observateurs et connaisseurs de la relation Rabat-Paris assurent que le partenariat entre les pays est tellement fort et ancré que des solutions seront forcément trouvées.
Karima Rhanem partage cet avis. « Malgré ce froid et malgré les pressions liées aux élections précédentes où les questions de migration dominaient le discours politique de l’extrême droite en France, le Maroc et la France ont des liens de force importante, notamment économiques, vu que la France est le premier partenaire commercial traditionnel du Maroc« , dit-elle.
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