Une scène incroyable, reportée, ce matin, d’Afghanistan : des gardes armés ont empêché des centaines de jeunes femmes d’accéder aux campus universitaires.
Cette mesure d’interdiction a suscité de nombreuses réactions en Afghanistan comme à l’étranger.
L’ignorance des talibans
Qu’elles soient publiques ou privées, les universités afghanes sont désormais interdites aux femmes. Le ministère n’a pas justifié cette décision des talibans mais ce matin, l’accès des facultés leur était barré.
Des étudiants se sont réunis à Kaboul pour dénoncer « l’analphabétisme et l’ignorance dans l’islam » des dirigeants.
Il y a peu, les talibans avaient déjà interdit aux filles de poursuivre leurs études dans le secondaire.
Alors quand Rabia Najmi continue son travail de bibliothécaire dans la capitale, cela constitue déjà un acte de résistance. « Les femmes et les jeunes filles viennent ici pour emprunter des livres, explique-t-elle. Elles étudient à la maison vu qu’elles n’ont déjà plus le droit d’aller dans l’enseignement secondaire. Et à celles qui n’ont pas les moyens, on prête les livres gratuitement. »
Mariam Moqadas, étudiante, pointe les contradictions des talibans :
« Si les filles n’ont plus le droit d’étudier, comment est-ce qu’elles pourront devenir médecins pour soigner les femmes enceintes ? On va devoir prendre un homme pour nous accompagner durant la grossesse et l’accouchement ? C’est impossible! Les talibans devraient autoriser les filles à être éduquées.”
Mettre les femmes à l’écart
Depuis leur arrivée au pouvoir il y a seize mois, les talibans ont multiplié les mesures liberticides envers les femmes pour les éloigner de l’espace public.
Zhulia Parsi, co-fondatrice de la bibliothèque de Rabia Najmi, en témoigne : « Les Afghanes n’ont pas peur d’être fouettées par les talibans, affirme-t-elle. Elles n’ont pas peur des restrictions qu’ils leur imposent. La véritable peur, c’est d’être éliminées, de n’avoir plus aucune présence sociale et aucune chance ni de travailler ni de recevoir une éducation.”
En novembre, les talibans ont décrété qu’il était interdit aux femmes de pénétrer dans les parcs et jardins, les bains publics et les salles de sport. Elles n’ont plus le droit de voyager sans être accompagnées d’un homme de leur famille.
Une idéologie qui n’a rien à voir avec l’islam
Naseer Ahmad Faig, chargé d’affaires à la représentation permanente de la République islamique d’Afghanistan près l’Onu, s’en est ému devant le Conseil de sécurité :
« Permettez-moi de redire que l’oppression des personnes, y compris les femmes, n’a rien à voir avec la culture afghane, ni avec les principes de l’islam. Cela fait partie de l’idéologie extrémiste des talibans. Et il ne faut pas que cela continue.”
La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a condamné dans un tweet une décision « qui détruit l’avenir des jeunes filles et des femmes et qui détruit l’avenir du pays ».
Ned Price, le porte-parole du département d’Etat américain, a dénoncé une décision « barbare » qui aura des « conséquences significatives pour les talibans ».
Le porte-parole du secrétaire général de l’Onu met en garde, lui, contre son « impact dévastateur sur l’avenir [de l’Afghanistan] ».
dw