« Jurassic World : Le Monde d’après » : est-il possible de recréer des dinosaures et est-ce une bonne idée ?

Alors que le dernier volet de Jurassic World s’apprête à se dévoiler au monde, Futura revient sur la base de tous les films de la saga Jurassic Park : ressusciter les dinosaures. Serait-ce une bonne idée ou une mauvaise ?

À partir du sang d’un moustique dans lequel se trouvait de l’ conservé de dinosaure, des chercheurs recréent un dinosaure. Puis un autre. Et un autre. Jusqu’à ressusciter des dizaines d’ de  différentes : 37 à l’ouverture du parc Jurassic World. Outre l’aspect plausible, ou non, de cette prouesse scientifique, devrait-on faire de même si l’on en avait la possibilité ?

Non, les dinosaures ne voudraient pas éradiquer l’humanité

Si les films de la saga laissent à penser que les dinosaures n’auraient qu’une seule chose en tête, dévorer les humains, il n’en est rien ! Diverses études scientifiques ont montré qu’ils étaient, à l’inverse, assez pacifistes. Notamment les dinosaures  : une étude a montré qu’une partie des mégadinosaures du Canada avaient même des végétaux attitrés ! Pour les autres, bien sûr, la compétition était bien présente, mais exprimait surtout une défense pour trouver de la nourriture et protéger les petits. Ces ancêtres de nos oiseaux actuels étaient en fait des animaux sociaux, comme l’expliquait à Futura dans un précédent article le paléontologue Jack Horner qui a inspiré le personnage d’Alan Grant dans Jurassic Park.

Selon lui, si on devait les ramener parmi nous, « ils seraient comme des animaux domestiques. Je ne pense pas qu’on devrait les relâcher dans la nature, mais plutôt qu’on devrait en prendre soin, comme pour les chiens et les chats ». En effet, si l’on venait à recréer des dinosaures, ceux-ci se retrouveraient dans un environnement bien différent de leur habitat d’origine. Pourraient-ils survivre dans de telles conditions ? Pas sûr, car il leur faudrait s’adapter aux conditions climatiques actuelles, et à une biodiversité bien plus fournie qu’à leur époque. Mais toujours selon Jack Horner : « Les dinosaures se porteraient très bien dans notre environnement. Ils vivaient partout sur la planète, depuis l’ jusqu’aux pôles. Des dinosaures herbivores ont pu être spécifiques à certaines plantes, mais la plupart des dinosaures avaient des dents capables de supporter un régime très varié, comme les iguanes, qui peuvent manger tout et n’importe quoi. » Et si finalement nous devions cohabiter, à l’instar de la cohabitation avec d’autres prédateurs, nous finirions probablement par prendre le dessus.

L'un des dinosaures herbivores les plus connus : le diplodocus. © Catmando, Adobe Stock

L’UN DES DINOSAURES HERBIVORES LES PLUS CONNUS : LE DIPLODOCUS. 

Une prouesse imaginable dans un futur pas si proche que ça

En 2020, Jack Horner estimait qu’il faudrait attendre 2025 pour voir les premiers dinosaures recréés. Mais est-il possible d’imaginer un dinosaure d’ici moins de trois ans ? Probablement pas. Tout d’abord, ressusciter un dinosaure nécessite de l’ADN. Or, celui-ci ne peut perdurer que 6,8 millions d’années avant d’être entièrement détruit. De plus, l’information  devient illisible après 1,5 million d’années. Impossible donc d’espérer reconstituer des dinosaures par leur ADN, sachant qu’ils se sont éteints il y a plus de 65 millions d’années ! 

Reste la possibilité de les créer à partir d’espèces existantes : par des modifications génétiques. Pour cela, ce sont les oiseaux qui sont les mieux désignés, étant les successeurs de certains dinosaures. C’est ainsi qu’est né le projet de Chickenosaurus ou son équivalent français pouletosaure. L’idée serait de modifier génétiquement, notamment grâce à CRISPR-Cas9, un poulet : lui ajouter des dents et une queue articulée, et lui donner trois pattes à trois doigts à la place des ailes.

Recréer des espèces récemment disparues ?

Compte tenu de la  de vie de l’ADN, quitte à tenter de recréer une espèce, autant en viser une plus récente. Par exemple, des tigres de Tasmanie, des dodos, ou même des mammouths ! Éteints il y a plusieurs milliers d’années selon les  de mammouth, des biologistes prévoient d’utiliser les ciseaux moléculaires de CRISPR-Cas9, en introduisant dans de l’ADN d’éléphant d’Asie des éléments d’ADN de mammouth laineux. Selon la  américaine qui a lancé ce projet, ces « éléphants améliorés » pourraient ensuite migrer vers des régions plus froides grâce aux caractéristiques conférées par l’ADN de mammouth, et y prospérer ensuite, loin de l’Homme. Ainsi, ce ne serait pas une réelle résurrection de l’espèce, mais plutôt une amélioration d’une espèce existante. Plutôt que la génétique, de nombreux chercheurs prévoient d’utiliser le , qui consiste à transférer des  adultes dans des  ou des œufs d’une espèce proche. Le clonage a notamment été utilisé pour recréer des animaux de compagnie décédés, comme des chats !

Quel que soit le processus utilisé, effectuer une « dé-extinction » pose des problèmes d’éthique, et soulève de nombreuses questions. D’abord, car le choix de l’espèce à ressusciter nécessite des arguments scientifiques, qui bien souvent manquent à l’appel. Ensuite, car les causes de leur disparition demeurent, du moins pour la plupart des espèces. Les recréer impliquerait alors une probable nouvelle extinction. De plus, la réintroduction d’une espèce implique un changement dans l’, et une potentielle menace pour la biodiversité, alors que de nombreuses espèces sont déjà en danger. Enfin, les spécimens recréés seraient, bien sûr, nés en laboratoire et seraient inaptes à évoluer dans un milieu sauvage. 

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