Afrique : retour sur les événements marquants de l’année 2022

De la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun à la COP27 en Égypte, en passant par les coups d’État au Burkina Faso, France 24 revient sur les temps forts qui ont marqué, cette année, l’actualité du continent.

Coupe d’Afrique des nations au Cameroun

Les joueurs du Sénégal célèbrent leur sacre à la Coupe d'Afrique des nations 2021, au stade d'Olembe, à Yaoundé (Cameroun), le 6 février 2022.
Les joueurs du Sénégal célèbrent leur sacre à la Coupe d’Afrique des nations 2021, au stade d’Olembe, à Yaoundé (Cameroun), le 6 février 2022. 

 

L’année 2022 a débuté en fanfare sur le continent avec la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, organisée au Cameroun du 9 janvier au 6 février. « C’est notre Coupe du monde [à nous, les Africains] », affirmait fièrement Roger Milla, légende du football camerounais, à l’antenne de France 24.

La compétition, opposant vingt-quatre équipes du continent, s’est terminée par le sacre du Sénégal à l’issue d’un match haletant face à l’Égypte remporté aux tirs au but. Trois ans après leur échec en finale au Caire, les Lions de la Téranga accèdent au titre de champion d’Afrique pour la première fois de leur histoire.

  • Blaise Compaoré condamné à la prison à vie dans le procès Sankara

L'ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré quitte le palais présidentiel de Ouagadougou à l'issue d'un sommet d'anciens chefs d'État, le 8 juillet 2022.
L’ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré quitte le palais présidentiel de Ouagadougou à l’issue d’un sommet d’anciens chefs d’État, le 8 juillet 2022. 

 

Un procès historique. Trente-quatre ans après le coup d’État qui avait coûté la vie à Thomas Sankara – le « père de la révolution burkinabè » –, le tribunal militaire de Ouagadougou a rendu son verdict, le 6 avril. Le successeur de Thomas Sankara à la présidence, Blaise Compaoré, ainsi qu’un de ses généraux et son chef de la sécurité, ont été reconnus coupables de « complicité d’assassinat » et d’ »attentat à la sûreté de l’État ». Tous trois ont été condamnés à la perpétuité. Huit autres accusés ont écopé de peines allant de trois à vingt ans de prison.

En exil à Abidjan depuis sa chute en 2014, Blaise Compaoré n’a pas assisté aux audiences. Après le verdict, il s’est exprimé par le biais d’une lettre, lue par le porte-parole du gouvernement burkinabé, demandant pardon à son peuple pour tous les actes commis durant ses vingt-sept années au pouvoir, « et plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Sankara ».

Coups d’État militaires au Burkina Faso

Le chef de la junte du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, à Ouagadougou, le 15 octobre 2022.
Le chef de la junte du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, à Ouagadougou, le 15 octobre 2022. 

 

Le 24 janvier, le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est renversé par l’armée lors d’un coup d’État. Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba prend le pouvoir dans ce pays menacé par la progression des groupes jihadistes : il érige la reconquête du territoire en priorité et promet de restaurer l’ordre constitutionnel. Mais sur le terrain, la situation sécuritaire continue de se dégrader, provoquant des tensions au sein de l’arméeAlors que plusieurs villes du Nord sont assiégées par des groupes armés islamistes, un convoi humanitaire à destination de Djibo est attaqué par des jihadistes affiliés à Al-Qaïda, le 27 septembre, entraînant la mort de 27 soldats burkinabè.

Quelques jours plus tard, Paul-Henri Sandaogo Damiba est renversé lors d’un nouveau putsch orchestré par le capitaine Ibrahim Traoré. Devenu « président de la transition », ce dernier nomme en octobre un gouvernement de 23 ministres, dont trois militaires, pour diriger le pays jusqu’au retour à un ordre constitutionnel prévu pour juillet 2024.

  • William Ruto élu président du Kenya

Le président élu du Kenya, William Ruto, à sa maison de Karen, dans la banlieue de Nairobi, après la confirmation de sa victoire par la Cour suprême, le 5 septembre 2022.
Le président élu du Kenya, William Ruto, à sa maison de Karen, dans la banlieue de Nairobi, après la confirmation de sa victoire par la Cour suprême, le 5 septembre 2022. 

 

Une victoire sur le fil. Le 15 août, six jours après la fin du scrutin, la commission électorale du Kenya a finalement dévoilé le nom du nouveau président. Avec 50,49 % des voix, William Ruto l’a emporté face à son adversaire Raila Odinga (48,85 %). Une victoire contestée par ce dernier, qui a dénoncé une « parodie », ainsi que par plusieurs membres de la commission électorale, mais finalement confirmée par la Cour suprême du pays.

Lors de sa prestation de serment, William Ruto, ancien vice-président d’Uhuru Kenyatta, désormais chef de l’État, qualifie le processus électoral de « performance démocratique exemplaire » et promet d’œuvrer pour le « bien-être économique » de chaque Kényan.

  • Clap de fin pour l’opération militaire française au Mali

Des soldats de la mission Barkhane se préparent à quitter le Mali, le 11 août 2022.
Des soldats de la mission Barkhane se préparent à quitter le Mali, le 11 août 2022. 

 

Les derniers soldats français de Barkhane encore présents au Mali ont quitté le pays le 15 août, mettant fin à neuf ans d’opération militaire visant à éradiquer le terrorisme dans la région. Intervenue en 2013 à la demande du gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keïta pour bloquer l’avancée jihadiste vers Bamako, l’opération Serval avait été remplacée en 2014 par l’opération Barkhane, dont le but était de combattre les groupes jihadistes dans tout le Sahel.

Mais les relations entre les deux pays se sont sérieusement dégradées avec la prise du pouvoir du colonel Assimi Goïta, lors du coup d’État d’août 2020, et l’arrivée de mercenaires russes du groupe Wagner pour seconder l’armée. Le gouvernement putschiste, qui accuse Paris de soutenir des groupes terroristes, a récemment interdit toute activité humanitaire financée par la France sur son sol. De leur côté, l’ONU et la Fédération internationale des droits humains (FIDH) alertent sur la forte hausse des exactions contre les civils dans le pays.

  • Répression sanglante au Tchad

Des manifestants à Moundou, au Tchad, le 20 octobre 2022.
Des manifestants à Moundou, au Tchad, le 20 octobre 2022. 

 

Le 20 octobre 2022, plusieurs centaines de personnes ont manifesté à travers le pays, répondant à l’appel de groupes d’opposition pour dénoncer le maintien de Mahamat Idriss Déby au pouvoir et la décision de prolonger de deux ans la transition démocratique. Des manifestations interdites réprimées dans le sang par les autorités, qui dénoncent une tentative d’insurrection. Le Premier ministre a fait état d’une cinquantaine de morts, dont dix policiers, et 300 blessés. Mais plusieurs organisations évoquent un bilan bien plus lourd, comme l’ONU, qui estime que jusqu’à 150 personnes pourraient avoir été tuées lors de ces rassemblements.

Les deux principaux leaders de l’opposition, Succès Masra et Max Loalngar, ont annoncé avoir demandé à la Cour pénale internationale (CPI) l’ouverture d’une enquête pour crimes contre l’humanité. Début novembre, le gouvernement a accepté le principe d’une mission internationale d’enquête visant à faire la lumière sur les tragiques événements du 20 octobre.

  • Accord de paix entre les rebelles tigréens et le gouvernement éthiopien

Redwan Hussein (deuxième à gauche), représentant du gouvernement éthiopien, et Getachew Reda (deuxième à droite), représentant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), signent l'accord de paix le 2 novembre 2022, à Pretoria, en Afrique du Sud.
Redwan Hussein (deuxième à gauche), représentant du gouvernement éthiopien, et Getachew Reda (deuxième à droite), représentant du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), signent l’accord de paix le 2 novembre 2022, à Pretoria, en Afrique du Sud. 

 

Après deux ans de guerre entre le pouvoir éthiopien et les rebelles du Tigré, les deux parties se sont accordées sur une « cessation des hostilités ». Conclu le 2 novembre à Pretoria, en Afrique du Sud, sous l’égide de l’Union africaine, l’accord prévoit « un rétablissement de l’ordre public, des services (au Tigré), un accès sans entrave des fournitures humanitaires » ainsi qu’un désarmement « méthodique » et « coordonné ».

Depuis, les Tigréens ont annoncé avoir retiré 65 % de leurs combattants des lignes de front. Les autorités ont annoncé avoir reconnecté la capitale de la région, Mekele, au réseau électrique après plus d’un an de coupure causée par la guerre. Si le bilan exact de cette guerre qui s’est largement déroulée à huis clos est inconnu, l’ONU estime qu’elle pourrait avoir coûté la vie à un demi-million de personnes et fait plus de deux millions de déplacés.

  • La COP27 en Égypte

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de la conférence sur le climat COP27, le 7 novembre 2022, au Centre international de conventions de Charm el-Cheikh, en Égypte.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de la conférence sur le climat COP27, le 7 novembre 2022, au Centre international de conventions de Charm el-Cheikh, en Égypte.

 

L’Égypte a accueilli du 6 au 20 novembre la 27e Conférence des Nations unies sur le climat (COP27). C’est la première fois que cet événement international dédié à la lutte contre le réchauffement climatique est organisé sur le continent, pourtant déjà lourdement affecté par les conséquences de la hausse des températures.

En 2022, des inondations particulièrement dévastatrices ont causé la mort de plusieurs centaines de personnes au Nigeria mais également au Tchad, au Niger ainsi qu’en Afrique du Sud. Après plusieurs années de discussions difficiles, un accord a finalement été conclu à la COP27 pour dédommager les pays les plus vulnérables face aux dégâts qu’ils subissent. La mise en place de ce mécanisme devrait intervenir lors de la COP28, qui aura lieu à Dubaï en novembre 2023. Qualifié d’historique, l’accord n’affiche cependant aucune nouvelle ambition concernant les gaz à effet de serre, empêchant ainsi d’agir sur les causes du changement climatique.

  • Retour de Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire

Après onze années d’exil, Charles Blé Goudé est rentré le 26 novembre en Côte d’ivoire, acclamé par des milliers de sympathisants. L’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, considéré à l’époque comme un pilier du régime, avait été jugé, aux côtés de son ancien mentor, pour les violences post-électorales de 2010-2011, qui avaient fait quelque 3 000 morts dans le pays. Au terme de six ans de procès devant la Cour pénale internationale, tous deux ont été acquittés puis autorisés par le président Ouattara à revenir dans leur pays pour participer au processus de réconciliation nationale.

 

Charles Blé Goudé a annoncé qu’il ambitionne de se présenter comme candidat lors de la prochaine élection présidentielle de 2025. De son côté, quelques mois après son retour en juin 2021, Laurent Gbagbo avait lancé un nouveau mouvement, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire, concrétisant aussi son retour sur la scène politique.

  • Massacres du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo

La crise sécuritaire s’aggrave dans l’est de la République démocratique du Congo. Après plus de dix ans d’exil, des rebelles se réclamant du M23, groupe armé majoritairement tutsi, ont relancé en 2021 leur offensive dans l’est du pays. Celle-ci s’est accélérée depuis octobre, les combattants s’emparant de larges pans d’un territoire au nord de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Les 29 et 30 novembre, les villages de Kishishe et de Bambo ont été le théâtre d’un massacre. Au moins 131 civils y ont été tués lors d’actions de représailles, selon une enquête préliminaire de l’ONU pointant du doigt la responsabilité des rebelles.

 

Sous la pression internationale, les rebelles ont pris part le 23 décembre à une cérémonie en vue de remettre la ville de Kibumba à une force militaire régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Ce que les rebelles ont affirmé accepter à l’issue de la réunion. Mais L’armée de la RD Congo a qualifié de « leurre » le retrait du M23 de cette ville stratégique située près de Goma (est).

Dans cette crise, les autorités congolaises dénoncent le rôle du Rwanda, qu’elles accusent de soutenir le M23. Une position partagée par des experts de l’ONU, les États-Unis et désormais la France, mais rejetée par Kigali.

  • Le président sud-africain Cyril Ramaphosa échappe à la destitution

Le 13 décembre, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a échappé à l’ouverture d’une procédure de destitution grâce au soutien d’une large majorité du Parlement. Embourbé dans un scandale depuis des mois, il est accusé d’avoir tenté de dissimuler à la police et au fisc le vol en 2020 d’importantes sommes en liquide cachées dans l’une de ses propriétés.

 

L’ancien homme d’affaires, qui a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille, a été reconduit, fin décembre, à la tête de son parti, le Congrès national africain (ANC), lui ouvrant la voie pour un second mandat de chef de l’État lors des élections de 2024. L’enquête de police visant à identifier l’origine de l’argent dérobé à son domicile se poursuit.

  • Crise politique en Tunisie

Près d’un an et demi après le coup de force du président Kaïs Saïed contre les institutions, les Tunisiens étaient appelés aux urnes, le 17 décembre, pour élire leurs députés. Le premier tour de ce scrutin anticipé, censé conforter l’hyperprésidence du chef de l’État, qui a dissous le Parlement et fait adopter une nouvelle Constitution diminuant les prérogatives des députés, a été marqué par une participation historiquement basse de 11,22 %, selon l’autorité électorale.

 

Un camouflet pour Kaïs Saïed, qui intervient alors même qu’il tente de négocier un prêt crucial avec le FMI, pour sortir son pays d’une profonde crise économique. De leur côté, plusieurs partis d’opposition qui ont boycotté les élections appellent au départ immédiat du président, estimant qu’il a perdu toute crédibilité.

  • Le Maroc décroche la quatrième place du Mondial-2022

C’est un exploit sans précédent pour une équipe africaine ou arabe. Les Lions de l’Atlas ont marqué l’histoire du Mondial de football en accédant à la demi-finale du prestigieux tournoi au Qatar. Victorieuse en quarts contre le Portugal (1-0) puis éliminée par la France (0-2), l’équipe du Maroc s’est offert la quatrième place. Une performance historique qui a valu aux joueurs un accueil triomphal lors de leur retour à Rabat, ovationnés par des dizaines de milliers de supporters.

 

france24

 

 

 

 

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