La question de l’esclavage dans les camps de Tindouf revient avec force. Comme en 2013, les victimes de ces pratiques, ayant la peau foncée, réclament justice à la direction du Polisario.
Les organisateurs de la contestation, munis de drapeaux du Polisario, ont dénoncé «toutes les mesures qui consacrent quotidiennement la discrimination entre les citoyens sahraouis, sur la base de la couleur de la peau, et qui portent atteinte à l’unité nationale». Aussi, ils ont réclamé «la promulgation dans les plus brefs délais de textes (…) pénalisant toutes les formes d’esclavage et de racisme».
Ils ont rappelé que le Polisario s’est engagé, dans le cadre de l’Union africaine, à respecter et protéger les droits de l’Homme dans les camps de Tindouf et «à s’opposer à toutes les manifestations de ségrégation raciale», indiquent l’ONG dans sa déclaration lue au terme de son sit-in de ce mardi.
Quand Brahim Ghali abandonné, en 2008, dans la précipitation l’Espagne
L’Association «Liberté et Progrès» avait déjà alerté, en novembre dernier, contre la «mise à l’écart» des Sahraouis ayant la peau foncée de prendre part aux réunions préparatoires du prochain congrès du Polisario, prévu du 13 au 17 janvier dans le «camp de Dakhla». L’ONG avait alors déploré que cette «marginalisation» réponde à «une politique d’apartheid», qui n’est pas inscrite dans les textes mais qui est bel et bien ancrée chez le Polisario, visant la population noire.
La question de l’esclavage dans les camps de Tindouf a été dénoncée en 2014 par Human Rights Watch. L’ONG internationale avait constaté, suite aux témoignages de l’association «Liberté et Progrès», «que des formes d’esclavage persistent dans les camps dans quelques cas isolés, malgré l’appel lancé depuis longtemps par le Polisario en faveur de son éradication et d’une loi criminalisant cette pratique. Les victimes sont dans de nombreux cas des Sahraouis ayant la peau foncée et l’esclavage prend surtout la forme de travaux ménagers non volontaires».
Pour rappel, Brahim Ghali a été contraint, en 2008, d’abandonner dans la précipitation l’Espagne où il occupait les fonctions de représentant du Polisario, suite au dépôt d’une plainte à son encontre par une fille sahraouie et ancienne esclave, Soltana Bent Bilal, qui l’accusait «de mauvais traitements».
En 2007, le Polisario avait arrêté deux journalistes australiens, Violeta Ayala et Daniel Fallshaw, qui voulaient enquêter sur l’esclavage dans les camps de Tindouf. Ils ont été libérés après une campagne menée par Reporters sans Frontières (RSF) et l’intervention des Nations unies.
yabi