L’année 2022 en dix événements marquants dans le monde

L’année 2022 en dix événements marquants dans le monde

Invasion de l’Ukraine par la Russie, contestation en Iran, remise en cause du droit à l’avortement aux Etats-Unis: voici dix événements marquants de l’année 2022 dans le monde.

Poutine envahit l’Ukraine
Le 24 février, Vladimir Poutine envahit l’Ukraine, plongeant le monde dans une crise inédite depuis la fin de Guerre froide.

Face aux pays de l’OTAN qui affichent leur soutien à l’Ukraine, le président russe agite le spectre de l’arme nucléaire, en se disant prêt à utiliser « tous les moyens » dans son arsenal.

La guerre entraîne le plus important afflux de réfugiés en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et coûte la vie à des milliers de soldats et de civils.

Poutine – qui affirme vouloir « dénazifier » l’Ukraine – se retrouve très isolé diplomatiquement.

Les Occidentaux infligent à la Russie des sanctions économiques, durcies au fil du temps, tout en livrant des armes à l’Ukraine qui obtient aussi le statut de candidat à l’UE.

Les témoignages abondent accusant l’armée russe d’exactions, dont des meurtres de civils, des actes de torture et des viols.

Les troupes russes renoncent au début de l’invasion à encercler la capitale, Kiev, où le président ukrainien Volodymyr Zelensky incarne la résistance de tout un pays, s’adressant quotidiennement aux dirigeants mondiaux pour réclamer leur soutien.

La guerre fait aussi planer la menace d’une crise alimentaire mondiale, en raison du blocus maritime imposé par la Russie en mer Noire. Un accord conclu en juillet permet à l’Ukraine de progressivement recommencer à exporter son abondante production de céréales.

En septembre, Poutine décrète la mobilisation de quelque 300.000 réservistes et signe l’annexion de quatre territoires ukrainiens occupés dans la foulée de « référendums », alors que l’armée russe accumule les revers sur le terrain.

Après l’abandon de la région de Kharkiv (sa première prise), Moscou ordonne début novembre le retrait de ses forces de Kherson (Sud).

La Russie lance des centaines de frappes de rétorsion contre les réseaux énergétiques ukrainiens, plongeant des millions d’Ukrainiens dans le noir et le froid.

Une inflation tirée par la crise énergétique
La flambée des prix, amorcée en 2021 par la désorganisation des chaînes de distribution combinée à la forte demande de produits et services essentiels au redémarrage des économies après le Covid, accélère en 2022 pour atteindre des niveaux inédits depuis les années 1970-80.

L’inflation atteint 10,1% en novembre dans la zone euro. Elle devrait s’établir à 8% au quatrième trimestre dans les pays du G20, grevant la croissance dans le monde en faisant monter les coûts de production des entreprises.

Elle est alimentée par la guerre en Ukraine qui plonge l’Europe dans une profonde crise énergétique.

La Russie, sous le coup de sanctions occidentales, frappe le point faible de l’UE: sa dépendance au gaz russe.

Ses exportations de gaz, notamment vers les très dépendantes Allemagne et Italie, sont en chute libre.

« L’économie mondiale subit sa plus grave crise énergétique depuis les années 1970 », souligne l’OCDE.

La guerre fait également monter les cours des céréales, et par ricochet la nourriture du bétail.

En raison des restrictions sanitaires liées au Covid-19, les pénuries de puces électroniques, fabriquées majoritairement à Taïwan, ralentissent aussi de nombreux secteurs.

Pour maîtriser l’inflation, la Banque centrale américaine relève agressivement ses taux directeurs depuis mars, atteignant désormais son niveau le plus élevé depuis 2007, la Banque centrale européenne lui emboîtant le pas.

Revirement sur l’avortement aux Etats-Unis
En juin, la Cour suprême des Etats-Unis rend à chaque Etat la liberté d’interdire les avortements sur leur sol, en enterrant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973. Après cette volte-face, une vingtaine d’Etats interdisent totalement ou limitent profondément le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), et ce sujet s’impose parmi les thèmes de la campagne des élections de mi-mandat.

En novembre, celles-ci ne débouchent pas sur la « vague » conservatrice qui était attendue par les soutiens de l’ancien président Donald Trump. Les démocrates conservent le contrôle du Sénat, et les républicains ne remportent qu’une courte majorité à la Chambre des représentants.

Donald Trump annonce malgré tout dans la foulée sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. La bataille pour l’investiture républicaine promet d’être âpre, avec plusieurs autres candidats potentiels dont le gouverneur de Floride Ron DeSantis, étoile montante de la droite dure américaine.

La candidature de l’ex-président pourrait par ailleurs être entachée par d’éventuelles poursuites judiciaires, un procureur spécial ayant été nommé en novembre pour s’occuper de deux des nombreuses enquêtes le visant.

Le rapport final de la commission d’enquête parlementaire américaine sur l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, publié fin décembre, conclut que Donald Trump ne devrait jamais pouvoir occuper de nouvelles fonctions publiques, après avoir incité ses partisans à l' »insurrection ».

A la fin de l’année, le président démocrate Joe Biden signe une loi protégeant le mariage homosexuel dans l’ensemble des Etats-Unis, pour éviter un retour en arrière de la Cour suprême en la matière.

Instabilité politique au Royaume-Uni
Après une succession de scandales et une avalanche de démissions au sein de son gouvernement, le Premier ministre conservateur Boris Johnson démissionne en juillet.

Liz Truss est officiellement nommée pour lui succéder à Downing Street par la reine Elizabeth II deux jours avant le décès, le 8 septembre, de la souveraine, après 70 ans de règne. Le 10, Charles III est proclamé roi.

Premier ministre le plus éphémère dans l’histoire moderne du pays, Liz Truss tient seulement 44 jours avant de démissionner à son tour, ayant provoqué une crise politique et financière avec son programme économique radical.

Rishi Sunak arrive au pouvoir fin octobre, dans une période d’instabilité sans précédent au Royaume-Uni. Il est le cinquième Premier ministre britannique depuis le référendum sur le Brexit en 2016.

Des défis immenses attendent l’ex-banquier et ministre des Finances de 42 ans: inflation de plus de 10%, système de santé déclinant …. La fin d’année est marquée par une succession de grèves de nombreuses catégories professionnelles.

Evénements climatiques extrêmes
L’année 2022 voit se multiplier les catastrophes liées au réchauffement climatique.

L’été est le plus chaud jamais enregistré en Europe, records de températures et canicules provoquant sécheresse et dramatiques incendies (plus de 660.000 hectares de forêts brûlés de janvier à la mi-août dans l’UE, un record). Les glaciers des Alpes enregistrent une perte record de masse de glace.

Au moins 15.000 décès sont directement liés à cette chaleur sur le vieux continent, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La Chine bat également des records de chaleur en août, et la sécheresse menace de famine la Corne de l’Afrique.

Incendies et déforestation atteignent de nouveaux records en Amazonie brésilienne.

Au Pakistan, des inondations historiques liées à une mousson hors norme tuent plus de 1.700 personnes et déplacent huit millions de personnes alors qu’un tiers du pays est sous l’eau.

Si les projections pour cette année se confirment, les huit années de 2015 à 2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, s’alarme l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

Après des négociations difficiles, la conférence de l’ONU sur le climat (COP27) se termine le 20 novembre à Charm el-Cheikh (Egypte) avec un compromis sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique, mais aussi sur un échec à fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des gaz à effet de serre.

Mi-décembre, plus de 190 Etats adoptent un accord historique à Montréal pour tenter d’enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources. L’accord prévoit une feuille de route visant notamment à protéger 30% de la planète d’ici 2030.

Révolte anti-voile durement réprimée en Iran
Le 16 septembre, Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décède à l’hôpital, trois jours après son arrestation par la police des mœurs qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant aux femmes le port du voile en public.

Sa mort déclenche une vague de manifestations à travers l’Iran, sans précédent depuis la Révolution islamique de 1979.

Les jeunes femmes sont à l’avant-garde de la contestation, certaines retirant et brûlant leur foulard en défiant les autorités sur des vidéos.

Les manifestations pour la liberté des femmes se transforment progressivement en un mouvement plus large dirigé contre le régime islamique, gagnant les rues, les universités et même les écoles, malgré la répression.

Les autorités font état de plus de 300 morts, une ONG basée en Norvège en recense au moins 469.

Début décembre, le pouvoir fait un geste envers les manifestants, en annonçant la dissolution de la police des moeurs. Mais dans la foulée, l’Iran exécute par pendaison deux jeunes hommes condamnés en lien avec les manifestations.

Chine: sacre de Xi et contestation du « zéro Covid »
Le président chinois Xi Jinping est reconduit en octobre à la tête du Parti communiste, à l’occasion du 20e congrès du PCC, s’entourant de fidèles alliés pour devenir le dirigeant le plus puissant de la Chine moderne.

Pendant une décennie à la tête du pays, Xi Jinping a affiché un désir de contrôle, s’immisçant dans la quasi-totalité des rouages du pays, et essuyé des critiques internationales sur les droits humains.

Il entretient aussi une rivalité exacerbée avec les Etats-Unis.

Les tensions dans le détroit de Taïwan atteignent leur plus haut niveau depuis des années, à la suite de la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi début août dans l’île autonome.

La Chine procède en représailles à des manoeuvres militaires terrestres et maritimes sans précédent depuis le milieu des années 1990.

La stratégie « zéro Covid » du pays, entraînant des confinements de quartiers ou villes entières dès l’apparition de foyers, déclenche fin novembre des manifestations d’une ampleur inédite depuis des décennies.

Les autorités y réagissent par la répression, puis finalement en décembre par un allègement général des règles sanitaires pour apaiser la colère populaire et redresser une économie chancelante. Fin décembre, la Chine annonce finalement qu’elle mettra fin le 8 janvier aux quarantaines obligatoires à l’arrivée dans le pays, dernier vestige de sa stricte politique sanitaire du « zéro Covid ».

Depuis ces allègements, les cas de Covid dans le pays explosent, mettant les hôpitaux sous pression, alors qu’une pénurie de médicaments contre la fièvre et l’état grippal frappe les pharmacies.

Destins contrastés de l’extrême droite
Après quatre années au pouvoir, le président d’extrême droite du Brésil, Jair Bolsonaro, est battu de justesse par l’icône de la gauche Luiz Inácio Lula da Silva à l’élection présidentielle du 30 octobre, au terme d’une campagne délétère.

Lula, qui avait connu la prison pour corruption (2018-2019) avant de voir ses condamnations annulées par la justice, effectuera officiellement son retour au sommet de l’Etat brésilien le 1er janvier 2023. Son succès semble consacrer le retour en puissance de la gauche en Amérique Latine.

En Europe en revanche, les ultra-conservateurs engrangent des succès retentissants aux élections législatives dans plusieurs pays, à commencer en avril par la quatrième victoire d’affilée du parti du dirigeant nationaliste hongrois Viktor Orban.

En France, le Rassemblement National (extrême droite) de Marine Le Pen réalise une percée historique en juin, devenant le premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, où le chef de l’Etat Emmanuel Macron perd la majorité absolue.

Le parti nationaliste et anti-immigration, les Démocrates de Suède (SD) est le grand gagnant des élections de septembre, devenant la deuxième force politique du pays.

En Italie, Giorgia Meloni remporte une victoire historique en septembre avec son parti post-fasciste Fratelli d’Italia, et est nommée en octobre chef de gouvernement.

Espoir de paix en Ethiopie
Après deux ans de conflit, le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles de la région du Tigré (nord) signent le 2 novembre à Pretoria un accord de « cessation des hostilités », censé mettre fin à une guerre décrite par des ONG comme l' »une des plus meurtrières au monde ». Après cinq mois de trêve, les combats avaient repris fin août.

Le conflit opposant depuis novembre 2020 l’Ethiopie, appuyée notamment par des forces de l’Erythrée voisine, aux autorités rebelles du Tigré a été marqué par de possibles crimes contre l’humanité commis par « toutes les parties » selon l’ONU. Il a déplacé plus de deux millions d’Ethiopiens.

Outre un désarmement des rebelles, l’accord de paix doit notamment permettre l’acheminement d’aide humanitaire au Tigré, quasiment coupé du monde et dont les six millions d’habitants sont privés de nourriture et de médicaments depuis plus d’un an.

Le premier convoi d’aide depuis fin août arrive le 16 novembre.

Le Qatar hôte critiqué du Mondial 2022
L’organisation du Mondial-2022 au Qatar – du 20 novembre au 18 décembre – entraîne un déluge de critiques sur le petit Etat du Golfe.

Le premier pays arabe à organiser l’événement est mis en cause à propos du traitement des travailleurs étrangers, des LGBT+ et des femmes, ou encore de la climatisation de ses stades à l’heure du réchauffement climatique.

Le sort des travailleurs migrants -rouages essentiels d’un pays où les Qataris ne représentent que 10% d’une population de trois millions d’habitants- est pointé du doigt. Certains médias avancent le chiffre de milliers de morts sur les chantiers, bilan que Doha dément.

Cerise sur le gâteau, une eurodéputée grecque, qui détenait à son domicile bruxellois des sacs de billets de banque, est mise en cause dans un retentissant scandale de corruption impliquant le Qatar.

Suite à la menace de sanctions sportives par la Fifa, instance dirigeante du football mondial, aucune sélection ne fait porter à son capitaine le brassard anti-homophobie « One Love » quand débute le tournoi.

Les critiques s’expriment par quelques gestes symboliques (bâillon mimé par les joueurs allemands, des ministres européens arborant le brassard arc-en-ciel en tribune).

Le 18 décembre, après 36 ans d’attente, 120 minutes et une séance de tirs au but, l’Argentine décroche sa troisième étoile face à la France, tenante du titre.

lavoixdunord

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